Les surprises d’une vie ordinaire

Anne DUVIVIER, My Brussels Beauty, Murmure des soirs, 2016, 228 p., 19 €


Un shampoing deux en un, un balayage à Monsieur Ashton, une discussion sur l’allaitement avec une jeune maman, un brushing pour Madame Durieux, un conseil avisé, une coupe gratuite à ce jeune étudiant sympathique, une inspection de la salle des machines à laver attenante au salon de coiffure… et toujours un sourire, un petit mot gentil, une attention pour ses clients. Tel est le quotidien de Jackie.

Jackie est une battante. Rapidement abandonnée par son mari, elle s’est retrouvée seule à élever ses deux enfants, Nina et Carlo. Entre turbin et éducation, elle s’est saignée aux quatre veines pour eux. Peu ou pas de plaisirs en dehors du travail. Sa vie sentimentale est d’un calme assez plat, si ce n’est son rendez-vous mensuel avec Guy, un homme marié. Mais il y a aussi son comptable Maurice qui en pince pour elle. Puis, ce client, Brian Ashton, qui vient souvent lui rendre visite. Il y a dix ans, grâce à l’argent de Colette, sa meilleure amie, elle a repris à son compte une wasserette sur la place Flagey et a ouvert un salon de coiffure à côté. Depuis, elle passe le plus clair de son temps dans ce quartier et ne sort quasi jamais de Bruxelles. Elle ne manque pourtant pas d’ambition et aimerait ouvrir un petit espace bien-être où les clients se feraient chouchouter en attendant leurs soins capillaires. Son fils a le même engouement qu’elle pour le travail. Il bosse comme un dingue à Paris dans le marketing. Nina par contre a plus de mal à trouver sa voie et vivote en attendant de dénicher une place de psychologue. Elle décide de partir un an en Inde pour voyager, ce qui ne plaît pas vraiment à sa mère.

Jackie… un nom de first lady ! Son train-train quotidien pourrait bien basculer. Un braquage a lieu dans son salon. Deux hommes armés partent avec sa recette et lui cassent deux côtes. Les lendemains sont un peu difficiles, mais ses amis et ses clients sont là pour l’aider. Et puis, il y a Monsieur Ashton qui cache bien son jeu… Jackie n’est pas au bout de ses surprises.

Sans aucune prétention, Anne Duvivier croque avec délice la vie d’un salon de coiffure populaire, un de ces rares lieux qui résistent encore aux envahissantes chaînes. Elle y dépeint le quotidien de sa patronne, ainsi que des personnes qui l’entourent, comme ses fidèles clients. Une vie somme toute banale à travers laquelle de nombreux lecteurs pourront se retrouver. Un roman simple, d’une écriture limpide, qui se lit tranquillement le temps d’un shampoing-coupe-brushing chez votre coiffeuse préférée.

Émilie GÄBELE