La faucheuse rôde

Nicole MARLIÈRE, Asphyxiée, Bruxelles, Traverse, 2015, 185p., 18€

ASPHYXIEE / Roman de Nicole MarlièreFrance Miller est une femme de 49 ans qui participe à la gestion d’une agence d’intérim. Elle n’est jamais tombée malade jusqu’au jour où elle se réveille en pleine nuit en train t’étouffer. Elle se rend aux Urgences d’un hôpital bruxellois et découvre alors les errances que l’on peut rencontrer lors d’une hospitalisation : l’attente avant les examens, la froideur et la lenteur des procédures, les tâtonnements des médecins pour le diagnostic, et puis le couperet tombe : une myocardite, qui nécessite une greffe de cœur.

Sonnée par cette annonce, France a besoin d’un certain temps pour digérer cette information qui donne un tournant radical à sa vie. En plus de devoir gérer ses émotions et sa confrontation à sa propre finitude, elle doit faire face au désaccord de ses fils concernant la greffe, ainsi qu’aux petites attentions ponctuées de remords d’un mari amoureux d’une autre femme. Tout cela serait trop simple si la situation n’était pas teintée par l’attitude tantôt humaine, tantôt froide du personnel soignant.

[U]n infirmier noir, beau, muet et glacé m’enleva mon écharpe et ma chemise.

– J’ai froid, lui dis-je, sans grand espoir.
– C’est un nid à microbes, me répondit-il sans ciller.

Il inspecta ma perfusion, défit le pansement qui la recouvrait et en fit un nouveau, il s’occupait de moi sans un mot, sans un regard, comme si j’étais aveugle et sourde.

France, qui a l’habitude d’avoir des responsabilités, commence à apprécier cette prise en charge. Seule face à sa douleur, elle tisse peu à peu des liens avec le personnel hospitalier et les patients en revalidation.

C’était un peu comme à l’école. On chahutait, on s’amusait à faire des commentaires sur le kiné, que j’avais appris à apprécier sous son masque de méchant. […] J’avais reconstruit une vie sociale en quelques semaines dans ce nouveau milieu et je m’y plaisais. J’aurais pu continuer comme ça sans jamais arrêter, j’avais l’impression d’être en sécurité dans ce contexte, entourée de médecins, d’infirmières, de malades, de convalescents et d’étudiants qu’on croisait sur les pelouses autour des amphithéâtres et des magasins.

Asphyxiée est le premier roman de Nicole Marlière. C’est un récit très fort et très dur composé de nombreuses phrases juxtaposées intensifiant la tension dramatique. Vous l’aurez compris, c’est une histoire sur l’épreuve de la maladie, aboutissant à une fin percutante, mais pas si étonnante quand on connaît un peu le fonctionnement de l’inconscient. On regrettera simplement le nombre élevé de fautes d’orthographe et de ponctuation dans le livre.

Séverine RADOUX