Un inventaire coloré

Coline MAURET, L’Origine du monde. Nouvelles érotiques, Bruxelles, ONLiT, 2016, 66 p., 10 €/ePub : 4.99 €

mauretCertes, on en voit de toutes les couleurs en lisant le recueil de nouvelles de Coline Mauret, L’origine du monde. Un ouvrage qui ne cache pas ses intentions puisqu’il fait, dès son titre, explicitement référence au tableau de Courbet, une commande privée du diplomate turco-égyptien Khalil-Bey, que tous peuvent voir aujourd’hui au Musée d’Orsay à Paris. Le sous-titre éclaire mieux encore ceux qui n’auraient pas compris l’allusion première.

Le choix de traiter une matière érotique est particulier puisqu’il se décline ici selon dix couleurs, censées annoncer ou caractériser différentes approches du fait. L’effort est louable et répond sans doute à un souhait : déployer une série dont le nombre et la variété vont au-delà de l’arc-en-ciel.

Le panachage est réussi et s’accompagne d’un luxe de détails. Du voyeurisme ou de l’exhibitionnisme à la masturbation solitaire, du fétichisme gourmand à l’obsession du secret et de la violence,  de l’homosexualité masculine ou féminine au triolisme, de la nostalgie et du manque à l’acharnement à toute épreuve, même face à la mort…  De telle position à telle autre, sans oublier les effets de lingerie, la beauté des attitudes et la prostitution où les complices font « gayment » la paire.

Les couleurs y brillent de tous leurs feux, même le blanc et le noir. Si le rose sied bien à la vieillesse, le gris qui débouche sur la mort est la couleur qui convient au seul texte qui soit vraiment empreint de drôlerie et puisse s’apparenter à l’humour noir. Bravo pour la remarque à propos du tableau déjà cité de Courbet où apparaît cette femme qui avait bravé tous les préjugés de l’époque en livrant au peintre l’intérieur de ses cuisses pendant des heures entières. Rares sont les hommages au modèle du peintre.

Il manque à cet inventaire tout en explosions orgasmiques un peu d’émotion et d’esprit.

Jeannine PAQUE