Un tas de pierres comme un défi à la vie

Aurélie William LEVAUX et Christophe LEVAUX, Le tas de pierres, Cambourakis, Coll. « Littérature », 2018, 128 p., 15 €, ISBN : 978-2-36624-332-1

Levaux_Le tas de pierresLui, Christophe, a publié, il y a un an seulement, La disparition de la chasse, aux éditions Quidam, une comédie sociale satirique et acide dans le monde entrepreneurial.  Elle, Aurélie William,  multiplie les activités artistiques autour notamment du dessin sur tissu, de la broderie et de l’écriture. Elle a sorti une quinzaine d’ouvrages chez différents éditeurs comme Prédictions, Sisyphe, les joies du couple ou encore Le verre à moitié vide, chez Atrabile où paraît prochainement La vie intelligente. Citons également Le festin des morts, au Tétras Lyre, avec Caroline Lamarche [1].


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Lui, Christophe, est le premier narrateur du roman Le tas de pierres, et donne d’emblée le ton à travers une écriture moderne. Elle, Aurélie, lui emboîte le pas, avec une belle fluidité, sans qu’il y ait de réelle cassure entre les deux voix du livre qui alterneront jusqu’au point final. Double narration, duo plus que duel de voix qui apportent un rythme particulier au texte, une sorte d’harmonie à travers l’écrit.

Un livre à quatre mains, d’un genre un peu particulier puisqu’il associe un frère et une sœur bien réel.le.s, à tel point que leurs confidences semblent tirées en ligne directe de leur journal intime respectif. Deux regards sur une réalité identique : l’enfance, la famille, les parents ainsi qu’une série de scènes magnifiquement campées : les cabanes du grand-oncle, les jeux à poil, les camps du Patro, les groupes de branlette, les séances de partage ou de catéchisme, le festival de fanfares, etc. Ce va-et-vient dans leurs souvenirs provoque une série de coq-à-l’âne aussi plaisants que surprenants, dans des phrases à la syntaxe reconstruite ou déconstruite, avec beaucoup d’inversions et de répétitions, proche de l’oralité. Cela donne un roman de formation dans lequel deux enfants se forgent, à travers leurs rêves et leurs craintes, une éducation en parallèle de celle inculquée par leurs parents, nourrie quant à elle de principes et de religiosité. C’est néanmoins quand survient la catastrophe que le livre prend sa vraie dimension, nous amenant à découvrir « la profonde ingratitude de la vie », autour d’un innocent petit tas de pierres.

Michel Torrekens


[1] Pour en savoir plus sur le travail d’Aurélie William Levaux, on vous renvoie à son site perso.