Vous donnez votre langue au bison ?

Un coup de cœur du Carnet

Gaya WISNIEWSKI, Mon Bison, MeMo, 2018, 36 p., 15 €, ISBN : 9782352894001

Qu’est-ce qui a deux cornes, qui est couvert de longs poils et qui rumine ? Un indice : c’est un mammifère imposant, on le retrouve dans les plaines du Nord de l’Amérique et les forêts européennes, un manteau recouvre son pelage. Oui, le bison, pardi ! C’est aussi un animal qui aime se cacher dans les hautes herbes et que l’on apprivoise avec douceur. Un jour, une enfant de quatre ans a quitté les bras de sa maman et a entrepris d’en approcher un, doucement, patiemment. Peu à peu, elle s’est ainsi transformée en un être humain spécial à ses yeux, comme cela a eu lieu dans une autre histoire entre un blondinet et un canidé roux. Malheureusement, la nature a ses cycles que l’amour d’une petite fille ne connaît pas : une fois le printemps revenu, le bovidé a dû rejoindre ses congénères. Avant de disparaître, il lui a juré de revenir chaque année, « quand le sol se couvrira de neige ».

Qu’est-ce qui est attendu avec trépignement, qui tient ses engagements et qui est accueilli avec autant de joie que de soulagement ? Un indice : vous vous trompez si vous pensez que c’est l’hiver. C’est encore le bison, bien vu ! Son bison. « Enfin, le retour de mon ami. Quand il arrivait, je le savais, je l’entendais. La terre tremblait un peu… » Année après année, la fille a grandi d’une façon aussi solide que le lien qui l’unissait à son complice à fourrure : « Les années passaient, on ne se voyait pas vieillir. Nous n’avions jamais froid dans la neige. » Cette chaleur se nourrissait de leurs moments de complicité, de tendresse et de silence, qu’ils partageaient en totale harmonie, nimbés d’un amour pur et inconditionnel : « Simplement je l’aimais tout entier. »

Qu’est-ce qui dégage une douceur placide, qui se délecte de thé et dont l’âme peut emplir le cœur d’une vieille femme aux longues tresses ? Un indice : son incarnation est un délicat entrelacs de fusain et d’aquarelle. Mon Bison, exact. Celui de Gaya Wisniewski, une œuvre dont elle nous fait cadeau dans ce premier album. Par le biais d’une soyeuse amitié, l’auteure (et illustratrice) met en scène certaines réalités hirsutes de la vie, comme l’évanouissement du temps, des souvenirs, des êtres chers. Heureusement, leur survivance se niche au creux d’autres dimensions, « […] dans chaque fleur que tu découvriras au printemps, dans chaque bruit de la forêt, dans la chaleur du feu, dans la caresse du vent, dans chaque flocon qui tombera… » En trois couleurs (le noir, le blanc et le bleu) et quelques mots, Wisniewski atténue la peur et l’angoisse de la disparation, et réconforte par un dessin immensément affectueux et particulièrement beau. Une œuvre à lire blotti(e) contre son bison…

Samia Hammami


Le dimanche 17 février, Gaya Wisniewski sera à la Foire du livre. Elle sera en dédicace sur le stand de la Fédération Wallonie-Bruxelles (n°206) à 13h00 et sur celui des bibliothèques publiques (n°413) à 14h00.