Liège : une décennie de bande dessinée à l’exposition « Génération 80 Experience »

François Schuiten et Benoit Peeters, Les murailles de Samaris, 1983

La gare de Liège-Guillemins accueille régulièrement de grandes expositions thématiques ; celle qui s’y déroule actuellement est consacrée aux années 80. Elle permet à un large public familial de découvrir ou de se rappeler la décennie à l’aide de documents variés, livres, images, affiches, sons, vidéos, le tout avec une volonté appuyée de mise en scène. Le visiteur y croise des témoins de la vie quotidienne ainsi que de grandes références de la culture populaire: Indiana Jones, Goldorak, Keith Haring, la marionnette Tatayet, ou encore  le skieur bronzé Jean-Claude Dusse fredonnant le « pays merveilleux ».

En ce qui concerne la section consacrée à la bande dessinée, on y trouve la référence aux comics, au regain d’intérêt pour ses superhéros, et les débuts de la vague japonaise, dont les personnages commençaient à investir notre environnement avec force produits dérivés.

Une place est accordée à la bande dessinée européenne; une dizaine de vitrines accueillent des planches originales de dessinateurs  majeurs. Nombre d’entre eux sont belges ou ont été édités dans la revue (À Suivre), ils ont contribué à diversifier les thèmes abordés, à varier les styles et à élargir le public.

À la suite de  Franquin, qui propose ses « idées noires »,  l’époque voit l’arrivée de Batem, son successeur pour le Marsupilami ; elle voit aussi le rayonnement de  François Walthéry,  de Hermann Huppen, de Didier Comès, de Bernard Yslaire, de François Schuiten, de Jean-Claude Servais, ainsi que de scénaristes à succès, Raoul Cauvin, Jean Van Hamme, Philippe Tome… L’exposition montre aussi un aperçu du travail d’Yves Chaland, de Jacques Tardi, d’Hugo Pratt, de Munoz et Sampayo…

La plupart des planches présentées sont mises en correspondance avec la page de l’album dont elles sont issues. Elles sont accompagnées d’autres productions éditoriales du moment, telles la collection « Air libre » de Dupuis. On y retrouve encore nombre de magazines, qui vont commencer à disparaître à la fin de la décennie, à l’image de Tintin, dont le dernier numéro paraît en 1988.

Hommage au travail manuel qu’est aussi la bande dessinée, quelques artistes toujours actifs de nos jours voient leur présence sacralisée par un moulage de leur main, la plume aux doigts.

Les planches originales sont issues de collections privées ou sont prêtées par les auteurs, elles ne sont que rarement montrées au public. Certaines planches impressionnent par la sûreté du trait et l’absence de repentirs, d’autres sont de bons témoignages du processus d’édition, avec leurs indications de couleur et de cadrage. Les vitrines laissent aussi une place aux figurines de bande dessinée. Au côté d’une production de masse, les années 80 voient l’apparition de pièces soignées en résine, en particulier celles du sculpteur français Jean-Marie Pigeon, produites en nombre limité et prisées des collectionneurs.

Enki Bilal, Extrait du portfolio « Die Mauer », 1982

Autant prévenir : l’esthète qui attend de sa visite un rendez-vous intime avec une œuvre dans une ambiance sobre, tamisée et de silence, pourra être surpris de se retrouver au milieu d’une exposition de contenus variés, foisonnante, éclectique aussi. Pour le reste, le visiteur pourra avantageusement  se laisser surprendre et convoquer ses souvenirs ou ceux de ses ainés. Le  visiteur poursuivra ensuite son chemin à travers les années 80 pour aboutir au mur de Berlin, dont la chute clôture la décennie. Cette dernière section est notamment documentée par la présentation de « Die Mauer »  un porte-folio d’Enki Bilal, réalisé en 1982.

Bruno Merckx

En pratique

Gare de Liège-Guillemins
Jusqu’au 1er septembre 2019
Tlj 10h-18h30

https://www.europaexpo.be/