Fresque de vies dinantaises

Aurélien DONY, Le cœur en Lesse, M.E.O., 2019, 94 p., 14 € / ePub : 8.49 €, ISBN : 978-2-8070-0198-5

Dans son recueil de nouvelles intitulé Le cœur en Lesse, Aurélien Dony nous promène dans Dinant et ses environs. « Fille de la Meuse », Dinant emporte dans ses flots les rêves et les souvenirs des hommes qui ont croisé son chemin.

À Anseremme, sur le pont Saint-Jean, Léo enlace son frère disparu depuis plusieurs années. Sous ses pieds, la Lesse se jette également dans les bras de la Meuse qui, renforcée par ce courant ardennais, s’en va lécher l’île de Moniat où Justine et Mathieu savourent leur amour d’adolescents. Près du viaduc Charlemagne, elle rencontrera Camille, 26 ans, perchée au bord d’une balustrade qui fait face au vide d’une vie trop lisse. Elle passera ensuite sous l’ancien pont ferroviaire où Émile Landermont se perd dans les souvenirs de sa vie de contrôleur. Elle continuera enfin sa route vers Dinant.

Dinant… ses falaises escarpées, sa vallée et sa Citadelle centenaire fortifiée ! C’est du haut des remparts de cette dernière qu’un artiste s’inspire de la ville avec son fils. En contrebas, il peut voir la Collégiale Notre-Dame d’où sort Michel, venu prier pour sa mère mourante. Non loin de là, dans la rue Adolphe Sax, Luc partage un banc avec son vieil ami saxophoniste. Sur la nouvelle Croisette, Albert et Maria mangent une couque de Dinant tel un couple marié depuis trop longtemps. Plus au nord, sur les ruines du château de Crèvecoeur, Loic et Fred se disputent, quant à eux, le cœur d’une fille. Pendant ce temps, sur la Meuse se trouve un pécheur pour qui le temps semble suspendu…

Touche par touche, au travers des aventures d’hommes aux destins banals mais uniques, Aurélien Dony nous peint une touchante fresque dinantaise en hommage à ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. Les couleurs de sa palette sont douces, variées et harmonieuses. Les coups de pinceaux sont nuancés et maitrisés. On reconnait derrière cet ouvrage la patte du poète et lauréat du prix Georges Lockem de l’Académie royale de Langue et Littérature françaises de Belgique.

J’ai rendu, comme je le pouvais, un hommage aux arbres, aux oiseaux, aux amis qui m’ont donné à voir le monde dans la robe d’un paysage ourlé de perles d’eau, bordés de racines épaisses. 

Avoir arrêté le temps pour pouvoir observer, écouter, ressentir des bribes de vie, telle est la sensation qu’inspire la lecture de ce livre. Notre seul regret est finalement d’avoir dû reprendre trop rapidement le cours de nos propres vies une fois tournée la dernière page du livre.

Mélissa Rigot