Trafic à tous les étages

Un coup de cœur du Carnet

Valentine DE LE COURT, À vendre ou à louer, Mols, 2020, 319 p., 20,9€ / ePub : 13,99 €, ISBN : 978-2-87402-253-1

Libre, sans attaches, Jean-Baptiste a la belle vie. Agent immobilier, il profite des logements cossus parisiens dont il doit gérer la mise en vente ou en location, changeant d’abri au gré de ses envies ou en fonction de la géolocalisation de ses conquêtes. De ce côté-là non plus, pas question de s’installer et, sans adresse fixe, pas de problème pour disparaître sans donner suite. Professionnellement, tout roule : ses compétences et ses résultats font sa fierté et sa réputation. Aucun risque que son employeur ou ses collègues ne découvrent son circuit de location parallèle.

La mécanique est bien huilée mais le risque zéro n’existe pas et, un soir, tout bascule. Cherchant un endroit où partager un moment d’intimité avec elle, Jean-Baptiste emmène Alice, sa compagne de la soirée, dans une grande maison qu’il loue au même moment à des clients officieux. C’est le début des ennuis pour l’ambitieux jeune homme. Son petit trafic le plonge malgré lui au cœur d’un autre, plus important, plus grave, et qui va les mettre en danger, lui et son entourage… dont il n’est peut-être pas si détaché finalement.

Ambition, manipulation, image médiatique, pouvoir, rapports de force, crime organisé, mais aussi amour et famille. Difficile de donner un aperçu détaillé des thèmes abordés dans À vendre ou à louer sans en divulgâcher l’histoire. Le titre lui-même révèle la diversité de ses connotations au fil des pages. Quoi qu’il en soit, tous les ingrédients sont là pour captiver le-a lecteur-rice et lui offrir un récit qu’il-elle imaginera sans peine adapté à l’écran, petit ou grand.

Les personnages sont originaux, complexes, attachants ou détestables, ou l’un et puis l’autre, mis en scène avec une fluidité qui rend la lecture agréable et addictive. L’intrigue se dévoile au travers de trois points de vue, trois éclairages différents qui donnent du relief à un puzzle, dont les pièces s’emboîtent dans un intelligent dosage de suspense et de surprise. Dans un style direct et précis, Valentine de le Court signe un roman moderne, vivant, ponctué de sujets de société dans l’air du temps. On y trouve occasionnellement une coquille ou une légère incohérence mais jamais de quoi entamer le plaisir de la lecture.

Estelle Piraux