Des toutous partout

Un coup de cœur du Carnet

Kitty CROWTHER, Je veux un chien et peu importe lequel, Pastel, 2021, 56 p., 13,50 €, ISBN : 9782211307017

crowther je veux un chien et peu importe lequelMillie n’a qu’une phrase en bouche : « Est-ce que je pourrais avoir un chien ? ». Jour après jour, elle pose inlassablement la même question. Peu lui importe quelle sorte de chien, grand, comique ou à poils longs, l’essentiel est qu’elle en ait un ! Tout aussi inlassablement, sa mère lui répond non, jour après jour, en la trainant à l’école comme un toutou. Il faut dire que Millie y va avec les pieds de plomb, à cette école nommée « Les Trois Couronnes », établissement select dans lequel la petite ne semble pas trouver sa place. Pas étonnant, puisque toutes ses petites camarades font partie du Club des dogs. Et bien entendu, pour en faire partie, il faut avoir… un chien.

Et soudain l’obsession de Millie devient plus claire. À sa grande surprise, un beau matin, sa mère accepte qu’elle ait un chien. Mais à une seule condition : qu’il vienne d’un refuge. Millie tombe sous le charme d’un petit cabot à drôle d’allure qu’elle appelle Prince. Elle le lave, le coiffe, le bichonne, et lui lit des livres dont il raffole. Le grand jour arrive : Millie présente son Prince au club des dogs. Mais le beau rêve s’écroule : Prince n’est même pas un chien de race ! Millie s’en va sous les ricanements des fillettes. Furieuse, elle chasse son animal avant de se raviser et de lui découvrir des qualités bien étonnantes…

Le dernier album de Kitty Crowther frappe au premier abord par l’énergie et le brio de ses illustrations. Le plaisir du dessin semble évident, tout d’abord par cette délicieuse profusion de chiens des toutes sortes foisonnant tout au long du livre, comme si l’autrice y avait trouvé la matière d’un enthousiaste exercice de style canin. Les illustrations sont réjouissantes de fantaisie et de dynamisme, non seulement par le trait, les détails, la fantaisie enjouée, mais aussi grâce à une véritable jubilation de la couleur, avec cet orange fluo qui parfois ponctue certaines planches, et parfois les envahit complétement.

L’histoire de la détermination de cette petite Millie touche, et amène habilement au sujet de l’exclusion, du mal-être à l’école, de la différence de classe, de l’injustice. Ces thèmes traversent le livre sans jamais être démonstratifs. Kitty Crowther n’est pas là pour faire la morale, mais pour raconter une histoire avec justesse. Drôle, touchant, jubilatoire, Je veux un chien et peu importe lequel séduit, vous l’aurez compris. Encore une réussite pour cette grande artiste qui ne va jamais là où on l’attend.

Fanny Deschamps