À chaque mois, son histoire et ses couleurs

Maurice des OMBIAUX, L’ornement des mois, préface de Jean-Baptiste Baronian, Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, 2021, 190 p., 20 €, ISBN : 978-2-8032-0061-0

des ombiaux l ornement des moisDe janvier (« C’est l’enfance de l’année ») à décembre (« le jour est pauvre de lumière, mais on l’illumine de feux et de liesses »), Maurice des Ombiaux compose, avec un plaisir qui fait chanter les mots, L’ornement des mois. Un « almanach sentimental et gourmand », comme le présente dans sa préface Jean-Baptiste Baronian, paru en 1910, et que l’Académie royale de Langue et de Littérature a eu l’heureuse idée de ressusciter.

Processions solennelles, tels l’Ommegang ou la procession de Furnes, le dernier dimanche de juillet, quelquefois aussi drolatiques, légendes vivaces, cortèges bariolés, fêtes traditionnelles remontant parfois au Moyen Âge, l’auteur les décrit allégrement et dresse un inventaire passionné des « richesses gourmandes » de notre pays, singulièrement de la Wallonie et de la province de Hainaut.

Au hasard, évoquons juin, « le mois des roses », « le mois du soleil », le mois des fraises, des cerises. « Mois de Jésus, mois rouge et or, mois de l’Amour ».

Novembre, mois du vent, des tempêtes, où Hubert, chasseur invétéré, vit venir à lui un cerf portant un crucifix entre ses bois, qui l’adjura de renoncer à traquer les « innocentes bêtes des forêts ». Ainsi le chasseur devenu saint Hubert, grand patron de l’Ardenne, figure-t-il « une des faces de l’idéal wallon ».

Sous la plume de Maurice des Ombiaux, nous découvrons les mystérieuses « pierres qui roulent, qui branlent », telle celle de Brunehaut, près d’Antoing. Les « cailloux qui biquent », dont celui de Roisin, inséparable du souvenir d’Émile Verhaeren.

Nous apprenons que « La sève du bouleau recueillie en mars, comme les larmes de la vigne, rend la beauté et la jeunesse ». Et que c’est, non sous un chêne comme saint Louis, mais sous un orme que la justice était rendue.

Nous goûtons ses traits ironiques : « On ne s’amuse jamais tant qu’aux dépens de son prochain : c’est ce qui assure une longue vie aux poissons d’avril ».

Surtout nous nous réjouissons d’entendre que dans le pays wallon, « la facétie ne perd jamais ses droits ».

Et nous partageons la folle liesse qui enflamme Mons en juin, le dimanche de la Trinité : l’air du Doudou résonne partout. La ville danse. Jusque tard dans la nuit crépite la fête la plus populaire de Wallonie. « Il y aurait une révolution à Mons et dans le Borinage si cette fête n’avait pas lieu ».

Au rendez-vous de l’histoire, du folklore et des agapes, les couleurs et les saveurs ne manquent pas !

Francine Ghysen