Vingt bougies et un prix pour les Éditions Wilquin

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Luce Wilquin

En ce mois de février, les Éditions Luce Wilquin fêtent leur vingtième anniversaire. Ce qui représente vingt ans de lutte et d’opiniâtreté pour imposer dans le monde du livre la présence d’une maison devenue la plus importante du pays dans le domaine littéraire. Avec, aujourd’hui, 140 auteurs et près de 450 titres. À la barre : Luce toujours conquérante et dont le prix Rossel attribué à Geneviève Damas (voir plus loin) vient à point nommé – comme elle le dit elle-même – de confirmer la légitimité.

« C’est presque un cadeau d’anniversaire. On nous prend enfin au sérieux et on reconnaît notre juste valeur. Mais c’est aussi une récompense aux auteurs “maison”, ceux qui nous ont vus ramer des années durant sans jamais remettre en question leur confiance dans la maison. Mais, bien entendu, le Rossel récompense avant tout un merveilleux auteur et un texte superbe. Je n’oublie pas non plus que depuis au moins quinze ans, sauf en 2010, nous avons toujours eu des finalistes au Rossel. S’il a permis de débuter 2012 avec optimisme, ce prix constitue aussi un fameux défi pour maintenir la qualité des textes et continuer à prouver qu’un éditeur belge ne vaut pas moins qu’un éditeur français. » Mais pour en arriver là, le chemin a été long et semé d’embûches.

L’apprentissage

Tout a commencé en Belgique. En 1970, Luce Wilquin est étudiante en traduction et interprétation de conférence. Elle traduit, revoit des traductions, puis, avec André le compagnon de toujours, pilote une équipe de 17 collaborateurs. Jusqu’en 1975.

« André avait été engagé par une maison d’édition suisse. J’ai alors tout abandonné en Belgique, et nous voilà partis pour Lausanne. Où j’ai dû cesser de travailler parce que les permis de travail étant soumis à quotas, seul mon mari en avait obtenu un. Au bout d’un an, j’ai enfin pu remettre le pied dans le milieu de l’édition où j’ai pu me familiariser avec tous les aspects de la chaîne du livre. »

Ensuite, après avoir été responsable des publications pour la Fondation Nestlé pour l’Alimentation, Luce se consacre à l’édition de beaux livres et livres d’art chez Edita, toujours à Lausanne.

« Une maison merveilleuse, aujourd’hui disparue, où j’ai travaillé comme éditeur sous la direction d’un patron jusqu’à devenir moi-même directrice éditoriale. Nous avons vécu des choses extraordinaires, et j’ai pu visiter les réserves de nombreux musées. J’ai aussi coordonné un livre sur l’art naïf et travaillé pendant deux ans à la première somme sur Salvador Dali. Un énorme ouvrage de 5 kilos avec 1000 illustrations couleur. Une expérience enrichissante. »

Malheureusement, l’éditeur déjà âgé met la maison en vente sans trouver d’acheteur. D’où, ce que Luce déteste, un grand vide qu’elle s’empresse de combler en se tournant vers ce qu’elle n’avait pas encore fait : s’occuper des relations avec la presse et les libraires pour des maisons de distribution et diffusion. En 1987, elle a donc toute la chaîne en main et crée sa propre maison d’édition, mais faute de « réseau » suffisant et de finances, l’expérience prend fin trois ans plus tard.

Le retour en Belgique

« J’ai mis un temps la pédale douce et comme nous devions à terme rentrer en Belgique, j’ai fondé en février 1992 une maison d’édition de droit belge. J’avais des auteurs suisses, mais belges aussi, comme Françoise Houdart ou Gérard Adam qui furent en fait les deux premiers auteurs publiés à cette enseigne. J’ai travaillé sur les deux pays depuis Lausanne, mais en revenant en Belgique tous les mois pour une semaine. J’étais basée chez mes parents à Dour, ce qui fut donc la première adresse de la maison. »

Devenue éditrice indépendante, les portes sont alors beaucoup plus difficiles à ouvrir que comme salariée, et il importe de faire ses preuves.

« C’était un peu rude, mais somme toute normal. Je voulais construire un catalogue de qualité, et je me suis toujours refusée à sortir le carnet de chèques pour solliciter des auteurs d’autres maisons comme cela se fait souvent. Ceux qui sont venus chez moi l’ont toujours fait de leur propre chef. »

Les temps difficiles

La maison commence donc par publier des premiers romans. Ce qui est toujours plus difficile à défendre.

« Au bout de dix ans, je commençais à piaffer un peu. On me considérait comme un petit artisan régional. On doutait de la qualité et du travail fait avec les auteurs. Je répondais qu’il fallait leur demander à ces auteurs ce qu’il en était. Pour certains, il fallait presque reconstruire tout le roman. Ce qui a été le plus dur, surtout dans les dix premières années, c’était de faire passer l’idée que je créais un catalogue qui, sur le long terme, pourrait imposer sa cohérence et sa qualité. Côté financier, les choses étaient difficiles aussi. »

Dans les premières années, la maison ne dispose d’aucune aide publique. Après six ou sept ans, à force d’insister, elle se voit attribuer « trois cacahuètes » pour commencer.

« Puis, cela a évolué. On a maintenant un contrat-programme de cinq ans – une bouffée d’oxygène bienvenue face aux risques à prendre. Il fallait tenir, tenir. Au bout de quinze ans, cela allait déjà mieux. On connaissait la maison. J’ai eu des problèmes de diffusion-distribution en France. Ce n’est jamais facile pour un éditeur belge d’imposer ses auteurs dans une France très protectionniste, ce qui n’est pas vrai dans l’autre sens, loin de là… On en est arrivé au point que chaque livre vendu nous faisait perdre de l’argent. Maintenant ça va mieux, on a créé notre propre petite structure qui alimente toutes les semaines les librairies françaises, lesquelles nous envoient quotidiennement des commandes. La machine tourne, et l’on travaille régulièrement avec plus de 200 libraires français. En Suisse, ça marche très très bien avec les auteurs suisses (mieux qu’avec les belges ou les français). En Belgique, ça va de mieux en mieux parce que les libraires nous soutiennent, on a notre place dans la plupart des librairies. Tous nos tirages ont dès
lors grimpé. »

Être une femme, un avantage ou un inconvénient? Luce affirme n’avoir jamais voulu se poser la question.
« J’ai toujours voulu traiter d’égal à égal avec mes collègues masculins. Et ça se passe bien. Mieux qu’en Suisse à mes débuts : les hommes admettaient mal que, dans les imprimeries par exemple, une femme
puisse leur imposer quoi que ce soit. Pour ma part, j’ai toujours passé outre à ces clivages. »

Un certain esprit

Une des fiertés de la maison, c’est le rapport étroit qu’elle entretient avec les auteurs, et ceux-ci entre eux. « Cela compte énormément pour moi, et les auteurs le savent bien. J’ai toujours mis l’accent sur les relations humaines. J’ai eu quelques expériences malheureuses avec de très bons auteurs avec qui ça s’est mal passé, mais je suis trop vieille pour supporter l’adversité (rires). En fait, je tiens à travailler un peu à l’ancienne dans un esprit familial. Je suis la “maman” de 140 auteurs qui fait en sorte qu’ils se retrouvent au moins une fois par an. Et qu’ils aient des rapports entre eux, notamment lors de rencontres en librairie où, en général, je suis là. Cela se passe très bien : les auteurs se lisent et se commentent aussi entre eux. C’est rare dans une maison d’édition. Il y en a même qui lisent les manuscrits des autres avant moi. Certains sont devenus des amis. Cet esprit-là, j’y tiens beaucoup. »

Une façon de travailler

Tout commence toujours par le texte. Une fois passé le barrage des lecteurs (Luce n’est évidemment pas seule à lire, elle reçoit souvent plusieurs manuscrits par jour), il faut que le texte lui plaise par le fond, par le sujet, par le traitement et par la construction. « Alors seulement, je rencontre l’auteur. Je suis très intuitive, et si la première rencontre ne se passe pas bien, je vais hésiter. Et si je suis traitée comme je ne souhaite pas l’être, ce sera tout de suite non. Défendre un livre aujourd’hui exige de plus en plus d’effort et de travail. Et si l’attelage auteur-éditeur-libraires (important, les libraires) ne file pas dans la même direction, rien ne va plus. Je tiens aussi à maîtriser tout le parcours du livre, du manuscrit à la mise en page et à la couverture, jusqu’aux relations avec la presse. Je ne peux évidemment pas maîtriser la diffusion-distribution, mais, hors le travail du représentant, je noue des contacts privilégiés avec les libraires. L’alchimie prend ou ne prend pas, et parfois un livre sort du lot sans que nous ne l’ayons vraiment prévu, alors qu’un autre qui me paraît excellent ne décolle pas. Ah si l’édition était une science exacte !… En fait, l’édition littéraire, c’est toujours une sorte de poker. »

Cela dit, « travailler à l’ancienne » n’empêche pas la maison d’être toujours en avance pour suivre les nouvelles technologies. (En 1986, Luce mettait déjà en pages sur ordinateur.) « Nous sommes très attentifs à l’évolution des technologies, et nous sommes la première maison d’édition littéraire en Belgique à prendre le virage du numérique. Je suis pour ma part très attachée au papier, alors on va travailler en parallèle avec les deux. Et faire passer le catalogue au numérique par blocs de 100 titres. Ce qui donnera une seconde vie à certains textes. Je dois avouer que j’ai des gens très efficaces et talentueux parmi mes proches. Notamment un graphiste au talent reconnu et André qui m’aide beaucoup. »

En ce qui concerne la presse, la maison y a toujours eu sa place et les relations semblent généralement bonnes.

« Je m’occupe personnellement de toutes les relations avec la presse. C’est un aspect du métier que j’aime beaucoup. Et depuis le temps que je grenouille dans le milieu, je connais bien mes interlocuteurs, je sais qui relancer à bon escient. Il faut dire que la place réservée à la littérature est de plus en plus réduite parce que les médias préfèrent des produits plus grand public – ce qui n’est pas trop notre truc… Je plaide pour qu’ils
privilégient plutôt la découverte, mais c’est difficile à faire passer. »

Une belle aventure

Il y a une initiative « maison » qui a laissé des traces : L’écrin de l’écrit. Une fête aux écrivains organisée six ans de suite. « C’était une merveilleuse expérience, et j’ai d’ailleurs gardé des contacts avec plusieurs des
écrivains invités, des très connus ou qui allaient vite le devenir. Ils me disent qu’il s’est vraiment passé quelque chose de précieux. Mais c’était gratuit pour le public et pour accueillir, nourrir et loger les écrivains, nous avions besoin du soutien des pouvoirs publics. L’aventure s’est arrêtée dès qu’il a été interrompu… »

Le livre qui lui a donné le goût de la lecture : Les malheurs de Sophie, à 7 ans.

« C’est le premier “vrai” livre que j’ai lu en entier… et je ne me suis plus jamais arrêtée. Et quand je veux me détendre après une journée de travail, eh bien, je lis les livres publiés par mes collègues. Cela dit, j’ai besoin aussi d’activités  plus manuelles. Comme le tricot (j’ai deux petites-filles), la couture ou la cuisine… En 2011
j’ai pris cinq jours de congé seulement ! Parfois, j’ai envie que le carrousel s’arrête un peu… »

Et maintenant…

Quand on demande à Luce quel est son meilleur souvenir, cela la fait sourire. « Une vraie question de journaliste !… En fait, je ne me retourne jamais sur le passé. La seule chose qui m’intéresse, c’est la suite du programme. En l’occurrence deux romans que je sors pour la Foire du livre : un de Françoise Lalande, énorme roman à la russe que je tiens pour un chef-d’oeuvre, et le beau second roman de Nathalie Cohen. Je travaille aussi à la célébration de nos vingt ans, qui associera les lecteurs, les libraires et bibliothécaires et les auteurs à une lecture-spectacle : vingt extraits de textes avec deux comédiens et un musicien ; la première aura lieu le jeudi 1er mars à la Foire du livre. Ce module devrait circuler en Belgique et, si tout va bien, à l’étranger au cours de l’année 2012. »

Joyeux anniversaire

Plusieurs auteurs « maison » ont tenu à saluer ce vingtième anniversaire ainsi que sa bâtisseuse,
avec émotion et lyrisme parfois.

Françoise Houdart

J’ai vécu aux côtés de Luce et André la naissance en Belgique de la « Maison Wilquin ». Avec mes deux premiers romans édités en Suisse, j’étais déjà un « auteur maison ». J’ai été pleinement consciente que l’implantation de l’entreprise dans le tissu éditorial belge francophone ne serait facile ni pour l’éditrice
ni pour les auteurs qu’elle s’engageait à publier. Les métaphores abondent – bâtons, grains de sable, cailloux… – pour dire en images les obstacles de tous ordres qui ponctuèrent le chemin de la jeune maison vers l’âge adulte. Mais le fait est là : la Maison Wilquin a vingt ans. Madame Luce aussi ! Elle a l’énergie positive, l’inépuisable force et surtout la foi en ce qu’elle défend.

Claudine Houriet

Notre île nue est balayée par les vents de l’angoisse, du doute et de l’impuissance. Mais l’embellie survient et l’île refleurit jusqu’à la luxuriance. Monte en nous comme une sève la jubilation de l’écriture. Nos  personnages qui n’étaient que des fantômes en déroute, resurgissent, nous entraînent. Et nos jours s’illuminent. À qui confier nos états d’âme ? Qui saura nous encourager dans la difficulté ? Se réjouir de l’inspiration retrouvée ? Qui est cette personne à la voix chaleureuse, toujours patiente, attentive, complice ? Grâce à elle, notre enfant de papier poursuit son chemin, se mue en objet superbe. Qui est l’ange gardien de notre progéniture ? L’éditrice Luce Wilquin.

Michel Claise

Ma première rencontre avec Luce s’est fait à la Maison des auteurs. Ce jour-là, elle n’était pas de bonne humeur et j’étais dans l’appréhension d’un refus. Mais quelques jours plus tard, je reçus un message  enthousiaste : et là, j’ai découvert ce qu’est le métier de l’édition, exercé par une vraie professionnelle. Avec
André, Luce est au four et aux lettres de son moulin. Et je me dis que parfois, le plus dur pour elle, ce doit être ses auteurs qui l’assaillent. Il m’arrive de lui téléphoner, comme ça, parce que j’ai envie de l’entendre me parler du suivi de la vente du dernier polar ou de la qualité d’une interview. Alors c’est vrai, Luce, que ce qui te sauve sans doute de l’énervement causé par le harcèlement des grands enfants qui composent ta famille littéraire, c’est un petit côté maternel.

Françoise Lalande

Dès les débuts de ses éditions, je me suis intéressée à Luce Wilquin, observant comme elle ignorait superbement le scepticisme de ses confrères ainsi que les critiques et même, les ironies faciles. Je la voyais avancer, obstinée et de plus en plus efficace, donc respectée. Je pressentais toutes ses qualités d’éditrice. J’admirais sa persévérance infaillible. Ainsi, au Salon du livre de Casablanca, je la vois reprocher à un présentateur de la télévision française (à qui on ne s’adresse qu’à genoux) de ne jamais répondre à ses appels ! Elle est toujours souriante, mais elle énumère ses reproches (Bravo, Luce !). Et elle obtient ce qu’elle veut ! Luce Wilquin, en vraie professionnelle d’un métier difficile, a avancé comme ça, peu à peu, et aujourd’hui, avec la complicité d’André, son mari, elle a constitué un beau catalogue. Luce Wilquin est désormais à la tête d’une famille.

Daniel Charneux

Quand j’ai commencé à écrire, j’ai adressé à Luce un texte qu’elle a refusé : nulle complaisance envers une vague connaissance. C’était plutôt bon signe. Je suis entré chez elle en 2004 et j’ai pu apprécier son  professionnalisme, son intelligence linguistique et littéraire, cette force tranquille et souriante qui l’a menée là où elle est aujourd’hui. La première éditrice littéraire de notre communauté ? L’expression frôle sans doute la vérité. Et c’est toujours une joie de retrouver par une belle soirée d’été, dans le jardin d’Avin, les auteurs maison réunis autour de Luce et de son mari – pas possible d’oublier André qui joue avec justesse son rôle discret de conseiller avisé et d’efficace logisticien. Quelle plus belle récompense pour vingt ans de travail opiniâtre que le prix Rossel décerné le 7 décembre 2012 à Geneviève Damas ? Une consécration qui
devrait en appeler d’autres…

Recevoir le prix Rossel…

Geneviève Damas

Geneviève Damas

La comédienne, dramaturge et metteur en scène Geneviève Damas – prix Rossel 2011 pour son premier roman Si tu passes la rivière, édité par Luce Wilquin (voir l’article de Christian Bréda dans Le Carnet et les Instants n°168) – dit son bonheur d’avoir été ainsi distinguée et a tenu aussi à rendre hommage à son éditrice. « Que dire sinon que c’est magnifique, inespéré, un honneur, un grand honneur, de recevoir un prix comme celui-là qui a consacré déjà des écrivains que j’admire et dont les textes ont envahi avec bonheur mon imaginaire, ce qui veut dire que je dois continuer à écrire, parce que sinon un prix comme cela, c’est de la pure perte. C’est aussi le moment de regarder en arrière et de s’arrêter un instant sur toutes les personnes qui m’ont consciemment ou inconsciemment conduites vers ce prix, de mon père qui me racontait des histoires avant de m’endormir, mon professeur de français au collège qui nous “contagionnait” la littérature, en passant par Hubert Nyssen qui m’avait “commandé d’écrire tous les jour”, et bien sûr mon éditrice… » Une éditrice dont elle trace un portrait vibrant dans son style très personnel.

« Un sacré caractère. Une femme de défi. Une femme de combats. Une femme qui croit au pouvoir des mots. Un regard. Une éditrice de textes littéraires. Une éditrice belge. Une éditrice sur les routes. Une éditrice distributeur. Une éditrice qui “suggère de”, qui “invite à” et qui voyage armée d’un crayon et d’une gomme à travers les manuscrits. Une éditrice qui suit ses auteurs. Une éditrice qui répond quand on l’appelle. Une éditrice qui aime cuisiner, qui nourrit ses auteurs (on se souviendra longtemps d’une certaine crème brûlée au foie gras). Aurait-elle peur que les mots ne nourrissent pas assez ? Une éditrice qui aime les libraires, qui les connaît. Une éditrice connectée. Une éditrice qui lit les romans édités par d’autres. Une éditrice qui a de l’humour. Une éditrice qui aime rire. Une éditrice qui a la fougue des vingt ans de sa maison, cela se voit, même cela pétille au fond des yeux. »

Ghislain Cotton


Article paru dans Le Carnet et les Instants n°170 (2012)