Archives par étiquette : Théâtre

Retrouvez ici tous nos articles et recensions consacrés au théâtre

Nous sommes toutes et tous des cellules HeLa

Un coup de cœur du Carnet

Aliénor DEBROCQ, HeLa, Lansman, 2023, 64 p., 12 €, ISBN : 9782807103931

debrocq helaHeLa. Quatre lettres pour parler d’un type de cellules qui ont révolutionné la science de la virologie et ont contribué notamment à la naissance du vaccin contre la poliomyélite. Quatre lettres pour des cellules étudiées dans les laboratoires du monde entier et reproduites à plusieurs milliards d’exemplaires. Quatre lettres pour les premières cellules à être cultivées in vitro et qui constituent la première lignée de cellules immortelles. Continuer la lecture

« Écrire la parole fantôme »

Un coup de cœur du Carnet

Veronika MABARDI, Loin de Linden suivi de Adèle, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2023, 280 p., 9 €, ISBN : 9782875685919

mabardi loin de linden suivi de adeleCet automne, Veronika Mabardi est entrée dans la collection patrimoniale Espace Nord avec la réédition de deux textes à l’image de son œuvre, subtils et lumineux, originellement publiés par Émile Lansman. Pensés pour le théâtre, Loin de Linden et Adèle continuent de bouger en dépit de leur figement sur le papier, tant ils convoquent d’émotions et remuent les souvenirs, les langues et les cultures. Ces deux textes incarnent remarquablement le double sens de l’anglais moved, bref écho au plurilinguisme et au code switching[1] dont débordent ces histoires intimes exposées avec une grande conscience du système (ou contexte) dans lequel elles s’enracinent. Continuer la lecture

Carnets de Sclessin et d’ailleurs

Christian CRAHAY, L’endroit défriché par le fou. Carnets d’une Côte d’Or, Oiseaux de nuit, coll. « Romans à jouer, pièces à lire », 2023,122 p., 10 €, ISBN : 9-782931-101605

crahay l'endroit défriché par le fouL’endroit défriché par le fou : quel titre étrange ! C’est ainsi que le Romains auraient appelé Sclessin, Scloeticinus, où le narrateur a grandi. Quant aux Carnets d’une Côte d’Or, ils font référence à la rue où vécut sa famille.

La Belgique est terre de comédiens et de comédiennes. Parmi ces nombreux artistes, Christian Crahay n’est pas le moindre. Il a travaillé aux côtés de Lucas Belvaux, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Peter Brook, Isabelle Pousseur, Benno Besson, Kore-Eda Hirokazu, Chantal Akerman, Adrian Brine pour n’en citer que quelques-unꞏeꞏs. Ce que le public ignorait, c’est qu’il avait également un talent de plumes, comme le révèle L’endroit défriché par le fou. Ce livre est l’évocation sensible de la vie du comédien, à peine déguisée, à travers des notes et des esquisses où il revisite notamment Liège et en particulier Sclessin. Comme l’auteur, son narrateur, Victor, est comédien et passe par les lieux qui l’ont formé. Mais il met surtout en scène une incroyable galerie de personnages dont on devine qu’ils ont dû être proches de Christian Crahay. Continuer la lecture

Roulez, jeunesse !

Florian PÂQUE, Fourmi(s), Lansman, 2023, 52 p., 11 €, ISBN : 9782807103870

paques fourmi(s)Après Étienne A,  Sisyphes, Florian Pâque poursuit son travail de dramaturge et d’homme de théâtre (mise en scène, jeu) en proposant cette fois une sorte de prolongement, ou plutôt d’écho, aux deux précédentes pièces à propos des conditions de travail de l’époque de l’ubérisation.

Après un travail documentaire, des interviews de travailleuses et de travailleurs des plateformes Uber et cie, le dramaturge a écrit deux versions de ce texte ; une destinée à des représentations dans tous les lieux non-théâtraux et celle-ci, publiée récemment, et qui s’est fait bellement remarquée au festival d’Avignon. Elle livre une réflexion plus complexe sur c’est tendance apparue il y a une dizaine d’années qui est de faire miroiter aux jeunes, souvent sans emploi ou sans formation ; une sorte de liberté économique, une liberté d’entrepreneur indépendant (mais aussi sans protection sociale et sans les conditions de ce qu’on pourrait attendre naïvement en matière de dignité et de respect des droits des travailleurs). « Mais que diable allait-il faire à cette galère ? », écrit Molière dans Les fourberies de Scapin. Continuer la lecture

Une nuit, rien qu’une seule nuit

Philippe BEHEYDT, L’aéroport, Lansman, 2023, 64 p., 12 €, ISBN : 978-2-8071-0384-9

beheydt l'aéroportL’intrigue se déroule dans un aéroport de province, sans doute quelque part au milieu des États-Unis. Une grosse tempête cloue les avions au sol et oblige les passagers à modifier leurs plans. Ils doivent quitter les lieux ou passer la nuit dans l’aéroport. C’est le cas de l’une des deux protagonistes – Elle – qui n’a d’autre choix que de se résoudre à attendre là, en s’installant comme elle peut sur une banquette, au milieu de ses sacs. Pendant qu’elle dort, un homme en costume froissé – Lui – arrive, avec sa seule valise, et s’installe sur le siège le plus éloigné d’elle. Elle se réveille et voit l’homme qui la fixe. Il engage la conversation et se joue rapidement d’elle. Elle est agacée par ce type qui cherche un peu de compagnie dans cet aéroport désert. Elle le trouve condescendant, lourd, envahissant et ne veut pas de cette promiscuité non désirée. Elle n’a pas envie de discuter ni de se faire de nouveaux amis. Mais lui n’abandonne pas la partie. Il la provoque gentiment, la drague, enchaine les jeux de mots pourris et fait tout pour qu’elle sorte de ses gongs. Après l’agacement, elle entre dans son jeu et se met à parler, jouer, provoquer elle aussi. Peu à peu, derrière leurs carapaces, on aperçoit leurs cicatrices et leur manque d’amour. Continuer la lecture

L’enfant et la forêt

Daniela GINEVRO, Au-dedans la forêt, Lansman, 2023, 52 p., 10 €, ISBN : 9782807103856

ginevro au dedans la foretAu cœur d’une forêt mystérieuse et parait-il maudite, rôde une enfant des bois, « couverte de peaux d’animaux. Un masque d’écorce sur le visage, un couteau à la ceinture ». Surnommée La Mésange, elle raconte son présent et son passé. Comment elle est arrivée dans la forêt, accompagnée de son frère, Le Géant, et de sa sœur, La Renarde. Ils se sont « évaporés » dans les bois pour échapper à la maison au toit fêlé, à son froid qui s’insinuait partout, à la faim qui les tiraillait, à l’absence qui y régnait. De cette période dans la maison au toit fêlé où ils vivaient tous trois collés serrés, on n’en apprendra pas beaucoup plus, si ce n’est que les parents n’étaient plus là et que de nombreuses cicatrices invisibles datent de cette époque. Son frère, bien qu’étant l’aîné, est resté petit suite à une chute dans les escaliers. La Mésange parle de leurs premiers jours dans la forêt. Comment ils ont enterré leurs noms et s’en sont choisi de nouveaux. Elle évoque leur vie à trois dans les bois jusqu’à l’accident qui a scindé leur groupe à tout jamais. Peu à peu, la forêt devient son territoire, devient sienne. La solitude ne l’effraie pas. La nature, les animaux, les bruits sont là. Continuer la lecture

Un conte comme les autres ?

Marie HENRY, Come to me Comme tout le monde, Lansman, coll. « Théâtre à Vif », 2022, 48 p., 11 €

henry come to me comme tout le mondeCome to me, un jeune garçon de dix ans, roux, gentil, studieux et très grand, est le héros de cette histoire. Une légende plane autour de lui. On raconte qu’il est parfait. Comme dans un conte, il se promène dans une forêt et a enfilé de grandes bottes qui le font bondir. Par monts et par vaux, il avance vers celle qui l’appelle : Celle qui espère (ou attend) toujours. Cette dernière, qui fait des songes bien trop sombres et est l’héroïne de cette histoire, attend l’homme de sa vie. Ses pleurs doivent le guider. Come to me doit devenir le prince époustouflant de Celle qui espère toujours.

Mon nom est Come to me. Je suis en train d’escalader des monts et des vaux. Je n’ai pas peur. (…) Je cours à la rescousse d’un pleur.  Continuer la lecture

La guerre des illusions

André FRANKINPersonne et les autres, Édition et introduction de François Coadou et Frédéric Thomas, La Nerthe, 2023 [1960], 116 p., 16 €, ISBN : 978-2-490774-33-3

frankin personne et les autresRécemment, Raoul Vaneigem cherchait une… facture de gaz et tomba sur le tapuscrit de la pièce du liégeois André Frankin (1925-1990), Personne et les autres. Cela fit…explosion et donna lieu à cette publication qui rétablit l’histoire de cet étrange personnage et intellectuel qui écrivit la seule pièce de théâtre de l’Internationale situationniste (IS). On ne la connaissait que par sa préface, publiée en décembre 1960 dans le numéro 5 de la revue Internationale situationniste, et par quelques mentions dans la correspondance de Guy Debord. Continuer la lecture

Ils ne savent pas ce qu’ils font…

Marie-Thérèse BODART, Le monde éclatera demain, Samsa, Coll. « Théâtre », 2023, 96 p., 12 €, ISBN : 978-2-87593-452-9

bodart le monde éclatera demainL’actualité éditoriale et littéraire de ce printemps fait bien les choses : la pièce de théâtre de Marie-Thérèse Bodart Le monde éclatera demain vient d’être éditée chez Samsa et un ouvrage constitué de plusieurs contributions littéraires et critiques à propos de la tribu Bodart-Richter a paru en ce début juin aux éditions des Archives et Musée de la littérature dans la collection « Archives du futur », sous-titré Entre écologie et poésie.

Quel ADN littéraire et poétique contribuait à ce que cette tribu soit si active tant dans la littérature que dans la matière des questions d’éthique ? Marie-Thérèse Bodart (1909-1981) était romancière, dramaturge, et critique. Elle a été l’épouse du poète Roger Bodart, mère de l’écrivaine Anne Richter et grand-mère de l’autrice Florence Richter. Que de liens, de complicité, d’héritages de talent et d’ouverture dans cette planète Bodart-Richter ! Continuer la lecture

Humour et causticité

Jean-François FONSON et Fernand WICHELER, La demoiselle de magasin – théâtre, Samsa, coll. « Des lettres bruxelloises », 2023, 158 p., 20 €, ISBN : 978-2-87593-434-5

fonson et wicheler la demoiselle de magasinLes éditions Samsa, dans la collection « Des lettres bruxelloises », viennent d’inscrire à leur catalogue une pièce de théâtre, La demoiselle de magasin de Jean-François Fonson et Fernand Wicheler, qui connut un succès international en 1913 après l’impressionnante tornade théâtrale que fut Le mariage de Mademoiselle Beulemans des mêmes auteurs…

De nombreuses traductions et une version cinématographique consacrèrent La demoiselle de magasin comme une œuvre de théâtre belge qui jouait de tous les ressorts de la comédie mais aussi du « conte de fées » social. Plus que Maeterlinck, Ghelderode,… fort montés sur les scènes mondiales d’alors, cette pièce connut un incroyable succès, elle renvoie  à cette révolution du commerce urbain : l’invention des grands magasins. Au milieu du 19e siècle à Paris, les grands magasins et, dans la suite, le Bon Marché,… seront le punctum de l’accès de la classe moyenne et populaire à cette nouvelle Institution de la consommation et des relations entre vendeurs et clients. Jusque là, seuls les hommes avaient le droit de pratiquer ce métier de « vendeur ». Ce succès évidemment se déplace vite à Bruxelles et c’est en 1860 que le Bon Marché y sera inauguré. La logique de cette nouvelle pratique commerciale et financière consiste à offrir au meilleur prix, dans un grand lieu chic, un maximum de produits destinés aux femmes à la mode. Comme les hommes se seraient retrouvés dans des situations ambiguës lors des rapports de vente, la demoiselle de magasin fut littéralement inventée ! Ce fut donc une promotion sociale pour de nombreuses jeunes femmes dans un métier reconnu et par ailleurs épuisant : toujours sourire, servir, ne jamais s’asseoir, pendant dix heures par jour…. Continuer la lecture

Enfouir le puits, tout comme la vie

Alex LORETTE, Aussi long que le silence, Lansman, 2023, 56 p., 12 €, ISBN : 9782807103733

Un beau puits… Du solide. (…) Rien que des blocs de tuffeau, doux au toucher, comme la peau d’un bébé. (…)
Le puits était plus beau que la maison.
La maison n’a jamais été agréable. (…) Il y faisait sombre. On aurait dit un terrier. Oui, la maison faisait penser à un terrier… un terrier à lapins, avec des galeries partout. 

lorette aussi long que le silenceDepuis plusieurs générations, la famille de Georges vit dans une petite maison, dans un coin reculé où tourbières et sables mouvants s’étendent à foison. Georges a grandi dans cette demeure, puis s’y est installé avec sa femme – une fille qui n’était pas du village – au grand désarroi de sa mère. Une fois cette dernière partie, la femme a fait condamner le puits qui trônait devant la maison. Il lui gâchait la vue. Mais sous la terre, le puits était toujours là et n’avait pas dit son dernier mot.

Un jour, Georges a disparu, laissant derrière lui sa femme et trois orphelins. Une entrepreneuse explique à la mère que la maison risque de s’écrouler à cause de l’humidité et qu’il faudrait entreprendre de gros travaux. Mais celle-ci ne veut rien entendre. Elle attend désespérément que son mari revienne. Prendre de telles décisions sans lui est inenvisageable. Elle n’arrive déjà pas à joindre les deux bouts alors comment payer une telle rénovation ? Pourtant, l’odeur d’humidité s’infiltre partout et, de page en page, ne fait qu’empirer. Les paroles de sa sœur (la tante), venue l’aider, n’y changent rien. Pourquoi ne vend-elle pas carrément ? Continuer la lecture

Dans la périphérie des feux

Eléna DORATIOTTO et Benoît PIRET, Des caravelles et des batailles, :esse que éditions, 2022, 104 p., 10 €, ISBN : 979-10-94086-46-9

doratiotto et piret des caravelles et des bataillesLa pièce Des caravelles et des batailles de Eléna Doratiotto et Benoît Piret se donne à lire comme une sorte de manifestation de notre temps : l’imprégnation de l’imaginaire comme moteur de vie et la quête de ce que l’on peut appeler une forme de félicité. Dans les années cinquante, Beckett livrait au monde En attendant Godot après la tragédie de la  déflagration atomique qui marquait le seuil de la deuxième moitié du vingtième siècle. Godot, pour beaucoup, se fait toujours attendre et de nombreuses mises en scène ont fait l’hypothèse de sa signification. Continuer la lecture

Quarante-cinq minutes

Stéphanie BLANCHOUD, Le temps qu’il faut à un bébé girafe pour se tenir debout,  Lansman/Rideau, coll. « Théâtre à vif », 2023, 40 p., 10 €, ISBN : 9782807103740

blanchoud le temps qu'il faut a un bebe girafe pour se tenir deboutQuarante-cinq minutes. C’est le temps d’une mi-temps au football ou le temps qu’il faut à un girafon pour se tenir debout, après sa naissance. C’est aussi le temps réglementaire que dure une visite au parloir, en prison. Et le temps que Louise passe sur un banc, chaque mercredi, face au numéro 44 de la rue Berkendael, à Bruxelles, la prison des femmes.

Tout en comptant les trous dans le trottoir, Louise raconte son histoire depuis ce banc. Elle parle de sa mère qui est comme un fantôme à présent. Elle se souvient de sa mère qui visait les pigeons avec son pistolet à billes. Des histoires qu’elle leur racontait. De sa voix réconfortante. Mais aussi de la violence de l’homme qui a partagé sa vie durant dix-huit ans. Quand elle était plus jeune, Louise montait dans sa chambre lors de leurs disputes et ne redescendait que quand elle entendait Vivaldi, signe qu’il était parti et que sa maman ramassait les morceaux brisés. Dix-huit années à voir sa mère s’éteindre à petit feu. Vivaldi était l’échappatoire de celle-ci, sa bouée de sauvetage. Que s’est-il passé le jour du meurtre ? Le jour où sa mère a mis fin à son calvaire en tuant son beau-père ? Louise a plein de questions, mais sa mère ne se souvient de rien. Elle se ferme de plus en plus jusqu’à définitivement refuser de la voir. Continuer la lecture

L’amour-camaraderie

Christine DELMOTTE-WEBER, La cabane d’Alexandra Kollontaï, Oiseaux de nuit, coll. « Rideaux rouges », 2022, 112 p., 10 €, ISBN : 9782931101599

delmotte weber la cabane d'alexandra kollontaiAlix rencontre Julia, par l’intermédiaire d’une amie commune. Dès les premières secondes passées ensemble, elles tombent dans les bras l’une de l’autre. S’ensuit une relation. Julia est aussi en couple avec Samuel. Enfin, « en couple » n’est pas tout à fait le terme approprié. Samuel goûte aux joies du polyamour et n’a pas moins de quatre relations au même moment. Il encourage Julia dans cette voie, mais elle est plus réticente. Des pointes de jalousie surgissent, surtout quand Alix rencontre Samuel et que ces deux-là se plaisent à leur tour. Alix découvre ce nouveau mode de relations. Leur rencontre a lieu dans la cabane de Samuel, un lieu retiré où il désire vivre autrement. Son rêve serait de s’épanouir au sein d’un polycule, c’est-à-dire un groupe polyamoureux. Selon lui, le couple ne laisse pas de place à l’individualité. Sa référence dans le domaine est Alexandra Kollontaï, une communiste et militante féministe marxiste soviétique, qui a forgé une nouvelle conception du monde. Il a d’ailleurs donné son nom à sa cabane. Continuer la lecture

Sur les traces d’un mythe

Juan MARTINEZ, Gilgamesh, Lansman/CTEJ, 2022, 41 p., 10 €, ISBN : 978-2-8071-0368-9

martinez gilgameshDans l’antique Mésopotamie, Gilgamesh est un roi puissant, admiré et craint. Sa force le rend impitoyable : le contredire expose automatiquement à de sévères représailles. Tout lui est dû et ce qui n’est pas donné sera pris.

Dans la plus ancienne histoire
le tout premier héros était un homme infatigable
qui se prenait pour un dieu

Gilgamesh était son nom
Il était le roi d’Uruk
la ville aux grands remparts bâtie entre deux fleuves 
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Le plaisir s’estompe-t-il avec l’âge ?

Un coup de cœur du Carnet

Geneviève DAMAS, Perfect Day, Lansman, 2022, 52 p., 11 €, ISBN : 9782807103658

damas perfect dayÀ travers ce monologue, écrit pour l’actrice Hélène Theunissen, nous suivons le quotidien de Marie Couturier, une sexagénaire célibataire qui doute beaucoup et n’aime pas voir son corps vieillir. Ce corps, qu’elle n’aimait déjà pas dans sa jeunesse et qu’elle aurait dû pourtant aimer, n’est aujourd’hui plus que l’ombre de ce corps passé avec ses bras fripés, ses rides, ses pattes d’oie, ses dents que l’on bichonne pour qu’elles ne se déchaussent pas, ses quelques poils blancs sur le pubis, sa cellulite, les contours du visage qui s’affaissent, ses chevilles qui s’épaississent… Marie voit la vieillesse comme une guerre, un bombardement sans fin. Ce qu’elle craint le plus, c’est de ne plus jamais faire l’amour. Peut-être a-t-elle déjà vécu sa dernière fois ? Sera-t-elle encore objet de désir et de fantasme ? La vieillesse ne peut-elle pas aussi être le champ de tous les possibles ? Continuer la lecture