Nadine MONFILS, Le doux murmure du tueur,Mijade, coll. « Zone J », 2021, 224 p., 8 €, ISBN : 9782874230363
Le doux murmure du tueur, de Nadine Monfils, redonnera le goût de lire aux ados.
Depuis la mort de sa mère, Jack existe à peine aux yeux de son paternel, et avec sa grande sœur, c’est la guerre des tranchées. À part les jeux vidéo et le skate, il n’y a pas grand-chose pour bousculer l’automne qui vient. Pourtant, alors que son amour s’est fracassé une nouvelle fois contre la morgue de Nina, Jack reçoit de sa vieille voisine un livre annonçant l’avenir. Dans quelques jours, Nina fêtera son anniversaire, et si Jack peut se fier à l’étrange grimoire, la belle Nina achèvera là une vie à peine éclose. Continuer la lecture →
Alain BERENBOOM, Michel Van Loo disparaît, Genèse, 2021, 288 p., 22,5 €, ISBN : 978-2-3820100-06
Où l’on retrouve, sous la plume subtile d’Alain Berenboom, le détective privé bruxellois Michel Van Loo et sa bande d’amis de la Place des Bienfaiteurs : Anne, son amoureuse, Hubert, le pharmacien et sa femme Rebecca, Federico, le coiffeur anar sicilien et ses deux copains, les frères Motta, « redoutables syndicalistes camionneurs », tous sur pied de guerre pour retrouver leur ami Michel disparu au cours d’une enquête dans un patelin hennuyer proche de la frontière française… Continuer la lecture →
Philippe GUSTIN, Sous la ceinture, Ker, 2021, 222 p., 18 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-87586-289-1
Philippe Gustin est le lauréat du Prix Fintro Écritures Noires 2020, organisé pour la quatrième fois par Fintro et la Foire du Livre de Bruxelles, attribué sur manuscrit. L’objectif ? Identifier de nouvelles voix d’auteur.e.s de polar belges francophones qui n’ont pas encore publié à compte d’éditeur. Pour cette édition, le jury a retenu un texte qui s’inscrit en pleine actualité (du moins avant l’arrivée de la pandémie de la Covid) : celle du terrorisme, ou plutôt les terrorismes, puisqu’il y est question d’extrême-droite, d’islamisme et d’écoterrorisme…Continuer la lecture →
Caroline DE MULDER, Manger Bambi, Gallimard, coll. « La Noire », 2020, 206 p., 18,50 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 978-2-07-289349-0
Dans la chambre de ce luxueux hôtel, l’homme nu est ligoté et bâillonné sur le lit. De l’autre côté du gun, le revolver, qui le menace, il y a une adolescente de presque 16 ans, Bambi, Hilda de son prénom, Dada pour sa mère. Le vieil homme a été attiré par le biais d’un site de rencontres, de sugardating. Bambi, aux yeux de biche, ne supporte pas qu’on la touche, mais elle apprécie l’argent liquide, la montre, l’ordinateur et tout ce qui est monnayable. Elle se sent victime et estime avoir le droit de prendre tout ce que l’on ne lui donne pas gratuitement : « C’est pas ma faute, Leï, pas la tienne. Faut jamais l’oublier. On est des putains de victimes. On a tous les droits. ». Le gun qui la sert si bien et qu’elle chérit est tout ce qui lui reste de son père. C’est un moyen de persuasion efficace surtout s’il est doublé de mauvais traitements et même de sadisme. Continuer la lecture →
Christian JOOSTEN, Le roi de la forêt, Weyrich, coll. « Noir Corbeau », 2020, 212 p., 17 €, ISBN : 978-2—87489-615-6
Archiviste et spécialisé dans la préservation du patrimoine industriel, le Carolo Christian Joosten oriente aujourd’hui sa plume vers le roman policier. Du reste, la mention « une enquête de Guillaume Lavallée », laisse présager que l’auteur et son personnage n’en resteront pas là. Tant mieux parce que la façon dont ils abordent le genre échappe au schéma de l’enquête traditionnelle avec l’enchaînement d’indices et l’affrontement manichéen entre criminels et enquêteurs ou entre le bien et le mal, cela au bénéfice du travail en pleine pâte humaine. Continuer la lecture →
Sandro GALEAZZI et Guillaume GRÂCES, Magister dixit, Nouveaux Auteurs, 2020, 704 p., 19,95 € / ePub : 13.99 €, ISBN : 978 2 819506171
Cette brique de sept cents pages est née en deux temps de l’imagination féconde de deux amis d’enfance vivant en Belgique : Sandro Galeazzi et Guillaume Grâces. Sous le même titre Magister dixit, la seconde partie a rejoint la première (éditée sous pseudonymes chez Lilys) à l’enseigne des Nouveaux Auteurs. .Nouveaux, ils le sont en littérature, « l’un travaillant dans la finance, l’autre pour la défense »… Continuer la lecture →
Le roman Viandes’est retrouvé en finale du prix Fintro Écritures noires 2018. Et LiLys le publie deux ans plus tard. Avec une mise en page un peu rudimentaire (pas de retrait) mais un texte soigneusement poli.
Noëlle Michel, l’autrice, une ex-ingénieure d’origine dijonnaise, vit à Gand. Une Française passionnée par le néerlandais ! Continuer la lecture →
Dès l’ouverture, Clairières pose dans le derme du concret des questions d’ordre symbolique. Robert, le personnage principal, se touche le ventre, et palpe en même temps que sa peau le passage du temps. Il s’enfonce un doigt dans le nombril, jusqu’à la douleur. Dans son esprit se fait jour une intuition, qui lui fait relier sa naissance à sa mort, par le fil de la souffrance. Continuer la lecture →
Maurice MARTIN, La véritable affaire de Bruxelles, Postface de Jean-Baptiste Baronian, Bruxelles, 180° éditions, 2020, 380 p., 19,00 €, ISBN : 978-2-931008-32-4
L’auteur, Maurice Martin, s’ébroue dans des eaux familières en tant qu’ancien commissaire de police retraité de la brigade anticorruption, même grade, même service que ceux de Martin de Landsheer, personnage central de cette « affaire de Bruxelles » dont les prolégomènes nous ramènent au 19e siècle, à deux poètes dits « maudits » et à un fait-divers fameux qui vit (ou crut voir ?) Paul jouer du revolver contre son ami Arthur. Continuer la lecture →
Le fait divers a toujours livré la matière première des films et des romans noirs comme si la purulence ne pouvait se donner à voir véritablement que dans le huis-clos d’une vie saisie dans l’horreur d’un tragique crapuleux. Le tout est de « flairer » le délétère qui s’évade de cette concentration. La mise en scène, la narration exacerbe dans la violence verbale ou physique ce qui nous est généralement commun : la peur, le sentiment de la perte… Le noir, c’est la couleur des révélations ordinaires quand la vie privée, la vie intime, la vie banale sont frappées du fouet de l’extraordinaire démence des hommes. La vie des personnages mis en scène sublime alors cette marée noire qui stagne au fond de chacun. Continuer la lecture →
Benoît SAGARO, La conjonction dorée, Nouveaux auteurs, 2020, 546 p., 19,95 € / ePub : 13,99 €, ISBN :978-2-8195-0615-7
Une belle mise en place
Une note, avant l’ouverture du récit, tente de lui conférer une dose de crédibilité, teintée d’une mise en alerte narrative : le projet spatial américain aurait profilé dans son sillage une litanie de disparitions inquiétantes ; il y a à Athènes, dans le musée archéologique national, un objet antique, le mécanisme d’Anticythère, qui n’en finit pas d’interpeller les chercheurs. Un prologue, dans la foulée, zoome sur une machine engourdie par le froid lunaire. Elle se dresse à côté des débris d’un module, d’empreintes « connues de l’humanité entière » et qui, pourtant, recèlent les indices d’une « histoire dramatique ». Soudain, « une lueur verdâtre » sur un écran, des chiffres défilent, tout se fige, une « lueur rougeâtre » et le mot « ERROR ». Continuer la lecture →
Agnès DUMONT et Patrick DUPUIS, Une mort pas très catholique, Weyrich, coll. « Noir Corbeau », 2020, 188 p., 17 €, ISBN : 978-2-87489-603-3
L’intrigue
Roger Staquet, policier à la retraite, arrondit ses fins de mois en gérant un immeuble. Une odeur suspecte attire son attention. Serrurier, ouverture d’appartement, découverte d’un cadavre alité :
Individu d’une cinquantaine d’années, corpulence moyenne, chevelure poivre et sel, début de calvitie. Continuer la lecture →
Avec six romans à l’enseigne du « Noir corbeau », la collection éponyme des éditions Weyrich prend son envol dans le paysage de la littérature policière. La Belgique francophone s’est déjà illustrée – et de quelle façon ! – dans la production de romans noirs. S’il fallait nous en convaincre, ou simplement nous en informer, la Petite histoire du roman policier belge, un ouvrage de passion érudite signé Christian Libens, qui dirige la collection dont il est à l’origine, évoquera la lignée dont Francis Groff est issu. On y retrouve les noms des deux patriarches, Simenon et Stanislas-André Steeman, suivis des Nadine Monfils, Pascale Fonteneau, Barbara Abel, Baronian, Colize et autres Delperdange. Du côté flamand, les rayons des bibliothèques et librairies ne sont pas dépourvus non plus de ces romans qui appartiennent pleinement à la vraie littérature. Ils sont autant d’explorations de l’âme humaine, mais aussi de nos sociétés. Ce n’est pas le lieu ici de développer la capacité d’un roman policier à nous dévoiler un pays, une société, une ville, un mode de vie, une époque. Le roman policier, quel que soit le nom qu’on lui donnera (thriller, roman noir, detective story…), nous entraîne dans le sillage de sa lecture à la découverte de cet « homme nu » que Simenon n’a cessé de débusquer, mais aussi de cette « société nue » que des écrivains comme Peter May, Pierre Lemaître, Boris Akounine, Xiaolong Qiu, et tant d’autres explorent dans toutes les littératures du monde. Continuer la lecture →
Alain VAN DER EECKEN, Des lendemains qui hantent, Rouergue, 2020, 304 p., 20 € / ePub : 14,99€, ISBN : 978-2-8126-1951-9
Voici un thriller qui démarre sur les chapeaux de roue. Alors qu’il vient rechercher son fils Lulu à la sortie de l’école, Martial Trévoux se trouve précipité dans une scène de folie meurtrière. Les enfants et les enseignants courent en tous sens, des coups de feu éclatent, une institutrice s’effondre. Et lui s’élance sans trop réfléchir et se retrouve avec un enfant dans les bras qu’il arrache à l’horreur. Mais l’enfant sauvé qu’il croyait être le sien ne l’est pas et le pire l’attend car il figure parmi les victimes. À partir de là, tout s’écroule. La culpabilité le gagne puisqu’il n’a pas su poser le geste qui sauve alors que le petit Lucien était sous sa responsabilité. Son épouse ne semble pas décidée à le lui pardonner. Si les manifestations de soutien ne manquent pas, lui est déjà ailleurs, tenaillé par le besoin impérieux de comprendre. Greffier de justice de son état, il brave les recommandations médicales et insiste pour reprendre le boulot. Il faut dire que son métier le place au centre des opérations et il va utiliser ce point d’attache pour garder le contact avec les forces de police et l’institution judiciaire, quitte à franchir les limites interdites. Mais que peut-on refuser vraiment à un collègue meurtri ? Continuer la lecture →
Barbara ABEL, Et les vivants autour, Belfond, 2020, 443 p., 19 € / ePub : 13.99 €, ISBN : 978-2-7144-9316-3
Voilà quatre ans que Jeanne n’est plus là, sans vraiment être partie non plus. Son corps repose sur un lit d’hôpital, un peu comme un appareil électrique en stand-by : alimenté mais inactif. Son esprit semble en pause, ou absent, ou en tout cas hors d’atteinte. Néanmoins, depuis ses contrées inconnues, Jeanne continue d’influencer la vie de sa famille. Continuer la lecture →
Patrick DELPERDANGE, C’est pour ton bien, Arènes, coll. « Equinox », 2020, 331 p., 16 € / ePub : 11.99 €, ISBN : 979-10-375-0060-1
Les six premières pages surprennent. En surplomb du roman, soit. Nous avons l’habitude, dans les thrillers, les romans dynamiques, de ces prologues insinuant le suspense, la tension, le drame via une scène/point d’acmé située dans une temporalité décalée par rapport à la trame première. Mais Patrick Delperdange nous offre autre chose, une mise en exergue du thème qui va parcourir son opus, la femme battue et l’appréhension, intime et extérieure, du phénomène : Continuer la lecture →