Archives par étiquette : Daniel Laroche

Un montage bout-à-bout

Un coup de cœur du Carnet

Sébastien FEVRY, Entre nous les proies les plus dangereuses, Cheyne, coll. « Verte », 2023, 89 p., 19 €, ISBN : 978-2-84116-330-4

fevry entre nous les proies les plus dangereusesAprès la ligne qu’il avait adoptée dans Solitude Europe et Brefs déluges, Sébastien Fevry s’oriente vers un langage poétique nouveau en empruntant ses matériaux non aux grandes questions humanitaires, mais à l’un des plus vastes gisements imaginaires de notre temps : le cinéma. Chacun des textes d’Entre nous les proies les plus dangereuses, en effet, donne l’impression de décrire succinctement une brève séquence filmée, mais aussi sa résonance dans l’esprit et la sensibilité du spectateur. Continuer la lecture

Petites faunes saugrenues

Béatrice LIBERT, Poèmes en quête de nuits douces, Frontispice de l’auteur, préface de Laurent Fourcaut, Le Taillis Pré, 2023, 90 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-208-8

libert poemes en quete de nuits doucesParmi les complexes structures de la langue, il existe de petits ensembles clos de mots appelés « microlexiques ». Béatrice Libert en a sélectionné cinq des plus courants, pour servir de tremplins à des poèmes entièrement originaux : les lettres de l’alphabet, les chiffres du système décimal, les notes de la gamme, les jours de la semaine, les quatre saisons. Chaque titre contient la locution « en quête de », visant des cibles telles que « auteurs », « somme » arithmétique, « musiciens », « vacances », etc.  On s’étonne quasi de ne pas trouver dans cette kyrielle les cinq doigts de la main ou les douze mois de l’année… D’autre part, la quintuple série est encadrée par deux listes moins fermées : douze couleurs dont les trois fondamentales, vingt-et-un mots commençant par la syllabe an-. Ainsi l’allure du recueil Poèmes en quête de nuits douces évoque-t-elle certains opuscules traditionnels, abécédaires, almanachs ou glossaires. Le lecteur ne peut manquer d’y reconnaitre ces répertoires familiers, et même banals, propres à susciter un sentiment de réminiscence rassurante – avant l’envolée vers les virevoltes imaginatives les plus inattendues. Ainsi s’appuie-t-on sur le connu pour plonger sans transition dans l’inconnu, démarche dont on note le caractère à la fois ludique, paradoxal et anticonformiste. Quant à l’insistant « en quête de », il signale que les sept listes ne se suffisent pas à elles-mêmes, mais sont plutôt comme des matériaux sur une aire de chantier, attendant que quelque artisan vienne les mettre en œuvre. Continuer la lecture

Le poète au secours du philosophe

Renaud DENUIT, Ce qui est demeure du temps, préface d’Yves Namur, Samsa, 2023, 158 p., 18 €, ISBN : 978-2-87593-442-0

denuit ce qui est demeure du tempsD’ordinaire, nous concevons le temps comme une circonstance existentielle : notre esprit l’extériorise comme phénomène observable, « habitation de l’être » ; il le déifie (Chronos, l’Éternité), le tronçonne (passé/présent/futur), le mesure, le gère. Or, physiciens et philosophes montrent que, dès l’origine, le facteur temps préside à la constitution même de la matière, de la vie, du psychisme humain. Ce à quoi nous avons affaire intuitivement, c’est en fait au sentiment de la durée, de l’irréversible, à la fatalité de la perte, souvent figurée par une eau courante sur la berge de laquelle songe le poète. Docteur en philosophie, Renaud Denuit a étudié des auteurs tels que Heidegger ou Derrida, qui par spéculation rationnelle ont tenté de définir le concept de temps et de l’articuler au plus juste avec divers concepts voisins : l’Être, le langage, le devenir, etc.  Il lui est apparu toutefois que, pour mener à bien une telle entreprise, la poésie peut se montrer supérieure à la philosophie : libre de toute contrainte explicative, ne craignant ni le discontinu ni les contradictions, associant le concret à l’abstrait et le particulier au général, elle peut à la fois dire l’impensable et… le tourner en dérision. Tel est le défi excitant que tente de relever Ce qui est demeure du temps, recueil paru fin 1985, aujourd’hui opportunément réédité avec des extraits de presse de l’époque. Continuer la lecture

Entre concerté et spontané

Philippe MATHY, Derrière les maisons, ill. de Ramzi Ghotbaldin, L’herbe qui tremble, 2023, 120 p., 16 €, ISBN : 978-2-491462-49-9

mathy derrière les maisonsAssurément, la poésie de Philippe Mathy n’est pas de celles qui sapent les codes existants ou en instaurent de nouveaux, qu’ils soient stylistiques, thématiques, diaristes ou autres. Contrairement à maints auteurs contemporains, le poète fait confiance aux mots, à leur vertu de transparence, qu’il s’agisse de transcrire des percepts, des sensations, des rêveries, des pensées. Cette docilité langagière trouve écho dans le contenu de ses propos, totalement dénués d’amertume ou d’agressivité, férus au contraire de communion et d’harmonie… Et pourtant, ce nouveau recueil le confirme une fois de plus, la mièvrerie n’est pas au rendez-vous : on ne sait comment, Ph. Mathy réussit à faire de la douceur une force, du banal un ravissement, de la simplicité un plaidoyer. L’attitude qu’il adopte est « contemplative » à la fois par la dilection envers le monde naturel et par la dimension monacale de la quête, semblable à un exercice de méditation : tel qu’il s’y raconte, le poète vit en effet dans un isolement généralement serein, proche de l’ascétisme, à mille encablures de la société de concurrence et de consommation, comme soucieux d’un cheminement intérieur, infatigable, dont cependant la clé ultime reste à première vue non-dite. Continuer la lecture

Faire un film, entre maitrise et aventure

Luc DARDENNE, Au dos de nos images III. 2014-2022, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 2023, 478 p., 24 € / ePub : 16,99 €, ISBN : 978-2-02-152377

dardenne au dos de nos images IIIAprès ceux parus en 2005 et 2015, voici le troisième volume d’un journal où, très loin du narcissisme ou de l’anecdotique, le cinéaste Luc Dardenne a noté les multiples préoccupations intervenues en cours de travail : réflexions et interrogations sur le scénario, le tournage ou le montage, longues conversations avec son frère Jean-Pierre, livres lus, films visionnés et tableaux regardés, attentats islamistes ou racistes, discussions avec les critiques ou de simples spectateurs, etc. Comme dans les deux tomes précédents et contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, le récit est passionnant, même pour un(e) non-spécialiste en cinéma : il permet d’approcher de manière concrète et vivante le très complexe processus de la création, en l’occurrence la réalisation de trois films : La fille inconnue, Le jeune Ahmed, Tori et Lokita, dont les scénarios sont intégralement reproduits en seconde partie du volume, après celui du Silence de Lorna. Ce « journal », l’auteur le précise, n’est pourtant pas un simple compte rendu de l’accompli. Les propos échangés entre les deux frères, avec les incessantes analyses et hypothèses qu’ils véhiculent, constituent aussi une sorte de « think tank », un réservoir d’idées exploitables ultérieurement : passé, présent et futur y sont donc étroitement intriqués. Continuer la lecture

Logoclastie et biogenèse

Yves NAMUR, O, l’œuf, préface de Francis Édeline, La Lettre volée, 2022, coll. « Poiesis », 2023, 143 p., 20 €, ISBN 978-2-87317-605-1

namur o l'oeufAprès une première période de publication (1974-1978) suivie d’un silence de six ans, Yves Namur fait paraitre deux recueils qui annoncent une poétique moins transgressive quant à la forme linguistique. Or, au même moment, l’académie gastronomique dont il est membre lui propose d’écrire à propos de l’œuf, défi que le poète relève dans un style proche des expériences lettristes ou spatialistes. Le manuscrit n’est pas publié, hormis deux ou trois textes en revue : l’auteur pense qu’il est trop marginal, qu’il n’intéresserait personne. Il envisage même de s’en débarrasser, ou encore de le publier sous pseudonyme… En 2019 pourtant, il le soumet à Francis Édeline, spécialiste de la « poésie concrète », qui s’enthousiasme et rédige une préface de haute volée. Ce déclic est corroboré par Véronique Bergen puis Pierre-Yves Soucy : le livre parait début 2023, donnant un contrepoids inattendu à la poésie « pensante » que pratique Y. Namur depuis une bonne trentaine d’années. Continuer la lecture

Dans la voie du féminisme

Marie-Louise HAUMONT, Le trajet, Postface de Daniel Laroche, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2022, 398 p., 9 €, ISBN : 978-2-87568-569-8

haumont le trajetInitialement paru en 1976 aux éditions Gallimard, le roman Le trajet de Marie-Louise Haumont (récompensé alors par le prix Femina) est aujourd’hui réédité dans la collection Espace Nord et assorti d’une postface de Daniel Laroche. Née en 1919 et décédée en 2012, Marie-Louise Haumont, écrivaine belge, reste encore peu connue dans nos contrées, en raison sans doute, comme l’explique le postfacier, de la production littéraire « peu variée et quantitativement modeste » de celle-ci.

Je vivais dans l’avenir comme les vieillards vivent dans le passé, mais le passé ne laisse aucune place à l’inconnu tandis que moi j’étais sans cesse à la croisée des chemins, m’engageant dans l’un, puis dans l’autre, essayant, brouillonnant, effaçant pour trouver mieux […]. J’étais, au propre, maîtresse de mon sort et gouvernante du destin de tous les personnages qui partageaient mon existence secondaire.  Continuer la lecture

Un dossier minutieux

Laurence BOUDART et Christophe MEURÉE (sous la dir. de), François Emmanuel. Un écrivain sur la terre, Textyles n° 62, Ker, 2022, 165 p., 18 €, ISBN : 978-2-87586-317-1

textyles francois emmanuelÀ mi-parcours seulement, 2022 s’annonce déjà un excellent cru pour le vignoble François Emmanuel : parution du roman Raconter la nuit (Seuil), de deux pièces de théâtre chez Lansman, de l’essai Guérir par l’écriture ? (Le Taillis Pré), dossier Le monde de François Emmanuel (A.M.L.), numéro spécial de la revue Textyles. Celui-ci prend place dans un flux de travaux critiques qui grossit depuis une quinzaine d’années, venant confirmer – un peu tardivement ? – la stature d’un écrivain qu’on n’hésite plus à dire « grand ». Outre le volume et la diversité de sa production littéraire, F. Emmanuel mène une réflexion exigeante sur les ressorts obscurs de l’écriture et de la fiction tels qu’il les éprouve, guidant avec tact ceux et celles qui interrogent son art. Ce va-et-vient auteur-lecteur, le récent Textyles – premier numéro de revue consacré à l’écrivain – l’illustre de manière tantôt explicite, tantôt implicite, à travers sept études de textes, deux inédits de l’écrivain, une enquête sur ses lectures. Il ne fait pas double emploi avec Le monde de François Emmanuel, dont il est plutôt complémentaire et qui est dû aux mêmes maitres d’œuvre : Laurence Boudart et Christophe Meurée, chevilles ouvrières des Archives et Musée de la Littérature. Continuer la lecture

Pour vivre, la poésie

Luc DEL COR, Femme qu’on aime, Le Coudrier, 2021, 214 p., 24 €, ISBN : 978-2-39052-028-3

del cor femme qu'on aimeD’un tempérament discret, le poète Luc Del Cor n’est guère connu du grand public, malgré les quatorze recueils qu’il a publiés depuis 1980 chez différents éditeurs dont le Pré aux Sources ou Éole. Né à Uccle en 1947, il commence à écrire jeune adolescent, découvre ébloui la poésie de Baudelaire, puis Verlaine et Rimbaud, avant d’entrer au Service de la Lecture publique où il fera toute sa carrière. Séjournant à Orpierre en 1980, il s’éprend de ce vieux village des Alpes provençales où il reviendra chaque année et dont les réminiscences émaillent ses poèmes. Il a quarante ans quand se produit un séisme : à deux reprises, René Char le reçoit à l’Isle-sur-Sorgue pour des entretiens qui auront sur son art poétique une influence décisive. En témoignent des recueils tels que Juillet. Poèmes pour courtiser la femme (2002), Juillet. Matins roses et verts (2002), Le soulier du désir (2017). Paru fin 2021, Femme qu’on aime poursuit dans la même ligne exigeante, tendue comme une corde de violon, mais en un souffle inhabituel puisque le volume dépasse les deux cents pages : 159 poèmes répartis en neuf parties de longueur inégale, chacune précédée de citations littéraires et d’une photo en couleur. Continuer la lecture

Prix de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie

La Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie royale a remis ses prix, dans différentes catégories.  Continuer la lecture

Confidences incomplètes

Jean-Philippe TOUSSAINT, C’est vous l’écrivain, Le Robert, coll. « Secrets d’écriture », 2022, 160 p., 14,90 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-32101-678-6

toussaint c'est vous l'écrivainÉlargissant leur catalogue lexicographique bien connu, et peut-être inspirées par la vogue actuelle des « making of », les éditions Le Robert lancent la collection « Secrets d’écriture », qui veut faire découvrir au public cultivé la complexe cuisine des œuvres littéraires en donnant la parole à des auteurs consacrés : Michel Bussi, Jean-Philippe Toussaint, demain Frank Thilliez, Susie Morgenstern… « C’est vous l’écrivain » est une réplique de Jérôme Lindon à Toussaint qui le consultait en 1984 à propos de son premier manuscrit, et nous livre aujourd’hui des réflexions circonstanciées sur son travail de romancier. Filant la métaphore du fleuve, le livre est structuré de façon apparemment rigoureuse – dérivations et reflux abondent – en quatre « temps » de longueur inégale : La source (origines du vouloir-écrire, débuts dans l’édition), Le cours (anamnèse détaillée du travail), L’estuaire (rencontres avec le public), Le grand large (procédés narratifs utilisés). En aucune façon l’auteur ne cherche à commenter ses livres finis : davantage lui importe le travail en train de se faire, car l’écrire est du côté de la vie tandis que l’écrit est un objet figé, inerte, que seuls animent les lecteurs, critiques, traducteurs, adaptateurs. C’est vous l’écrivain ne relève donc nullement d’une démarche herméneutique : il est le compte rendu d’un apprentissage et d’un métier, on voudrait dire d’un « artisanat ». Continuer la lecture

Dire adieu à la vie

Pierre YERLÈS, Élégies paisibles, préface d’Alain Dantinne, dessins de Catherine Podolski, Bleu d’encre, 2021, 130 p., 14 , ISBN : 978-2-930725-42-0

yerles elegies paisiblesOn aurait pu croire obsolète l’élégie, ce genre poétique d’origine ancienne où s’éploie une mélancolie existentielle, voire un incurable sentiment de manque ou de perte. Ce serait oublier des écrivains aussi notables que F. Hölderlin, R.M. Rilke, ou plus près de nous J. Grosjean, J. Vandenschrick, C. Esteban. Certes, le langage a changé, l’élan romantique cédant le pas à la sobriété et à la condensation, mais la thématique reste largement focalisée sur le rapport à la mort, question dont on sait le caractère inépuisable. Tel est le créneau dans lequel s’inscrit le petit livre de Pierre Yerlès : face à la proximité de la fin, comment dire adieu à la vie et aux siens sans glisser dans la banalité, l’auto-apitoiement, la grandiloquence, la révolte vaine ? Plus radicalement, pourquoi un tel adieu non par le biais de la parole ou d’une simple lettre, mais sous la forme moins habituelle d’un recueil ? L’auteur répond indirectement à cette question quand il redit sa dilection fervente pour la poésie, de Villon à Neruda en passant par Baudelaire, Apollinaire ou Norge. Sans prétendre égaler de tels prédécesseurs, il voudrait en retenir la leçon essentielle : faire signifier de manière toute personnelle le monde extérieur et intérieur en exploitant les potentialités infinies de la langue. Continuer la lecture

Le Top 3 de Daniel Laroche

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2021 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection de Daniel Laroche. Continuer la lecture

Un projet romanesque hors-pair

Le tapis volant de Patrick Deville. Entretien sur l’écriture avec Pascaline David, Seuil et Diagonale, coll. « Grands entretiens », 2021, 193 p., 18 €, ISBN : 978-2-02-149067-1

david le tapis volant de patrick devilleAprès Jérôme Ferrari et Laurent Mauvignier, c’est avec Patrick Deville que Pascaline David s’entretient à propos de la création romanesque. Le but déclaré est de nature pédagogique : aider les jeunes écrivains à s’orienter et à progresser en bénéficiant de l’expérience d’un auteur confirmé. Le résultat du dialogue, cependant, va bien au-delà. Au fil d’un questions-réponses adroitement mené se découvrent certes un savoir-faire et ses rouages délicats, mais aussi différents traits de la personnalité interviewée, l’enchainement des espoirs, déceptions et réussites, la complexe relation entre l’écrivain et l’éditeur – sans oublier, au-delà de tout ceci, la nature profonde du travail littéraire. Continuer la lecture

Comment remédier à l’irrémédiable ?

Un coup de cœur du Carnet

Jacques VANDENSCHRICK, Avec l’écarté et autres poèmes, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2021, 218 p., 9 €, ISBN : 978-2-87568-553-7

vandenschrick avec l ecarte et autres poemesTôt ou tard, il était fatal que le discret Jacques Vandenschrick fît son entrée dans la collection patrimoniale Espace Nord, aux côtés des grands Jacques Izoard, Claire Lejeune ou François Jacqmin. Depuis trente-cinq ans, en effet, il a publié chez le très exigeant éditeur Cheyne, en Haute-Loire, dix livres illustrant une vérité peu contestable : il n’est de grande poésie que celle qui crée sa propre poétique. Et celle-ci, qui peut certes intimider le novice, emporte l’attention et l’adhésion du lecteur expérimenté avant même qu’il ait pris le temps de démêler l’écheveau des mots… Continuer la lecture

Adieu Francis

Francis Dannemark

« Un jour, amis très chers, nous n’aurons plus rien à nous dire et même moi, le grand bavard, je me tairai, mais faut-il déjà commencer et s’en tenir à la musique des mots qui coule seule comme la rumeur du fleuve ? » (Francis Dannemark, Choses qu’on dit la nuit entre deux villes). Sur un ton apparemment léger s’engrènent ici quelques thèmes de prédilection : grand prix donné à l’amitié, place vitale de la parole, fuite conjuguée de l’eau et du temps, poésie-musique plutôt que poésie-pensée, sans oublier ce penchant à philosopher en douceur… En leur versant poétique comme en leur version romanesque, Dannemark n’a cessé de reprendre ces préoccupations et quelques autres, de les explorer, de les réinterpréter, finissant par convaincre le lecteur de leur extrême importance – qu’il ne démontre pourtant jamais. Continuer la lecture