Vincent ENGEL, Vous qui entrez à Montechiarro, Asmodée Edern et Ker, 2023, 412 p., 25 € / ePub : 9,99 € / audiolivre : 20,90 €, ISBN : 978-2-87586-355-3
Trois époques : la fin du 19e siècle, le fascisme et la pandémie. L’Italie : Venise, Rome, Lipari et… la Toscane bien sûr mais, pas tant que ça finalement. Plus acteur que décor, le village de Montechiarro est en filigrane des différents récits, sans forcément les abriter.
Il y a d’abord Roberto, qui quitte son bourg toscan à contrecœur. Son ainé envoie leur mère à l’hôpital à Venise et Roberto ne peut rester loin de l’unique objet de son affection. Au cœur de la Sérénissime, il découvre une autre forme d’amour, en même temps qu’un courage et une détermination que personne ne lui connaissait. Continuer la lecture →
Sophie VAN DER STEGEN, L’envol de Tosca, Ker, 2023,152 p., 18 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-87586-356-0
Prix du Roman Noir de la Foire du livre de Bruxelles 2023, L’envol de Tosca fait écho à la passion de l’autrice, la Bruxelloise Sophie van der Stegen, pour l’opéra. Un monde où les femmes sont invisibilisées…
Dramaturge, Sophie van der Stegen a travaillé quelques années comme directrice de la Communication et dramaturgie à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth (fonction dont le roman se fait l’écho à travers l’une des héroïnes) avant de fonder la compagnie de théâtre musicale Artichoke dans le but d’ouvrir la musique classique à tous les publics, celui des plus jeunes en particulier. Gageons que son premier roman donnera l’envie à un public non initié de découvrir le monde de l’opéra qui sert de trame à ce livre. En effet, l’œuvre de Giacomo Puccini est l’un des fils rouges du récit à travers trois de ses œuvres phares, mais également quelques éléments biographiques évoqués, en italiques, dans des interludes. Rappelons que le compositeur italien est décédé à Bruxelles le 29 novembre 1924 et c’est précisément dans la capitale belge que se déroule l’essentiel du roman. La ville sert de décor et, en particulier, un certain Théâtre Belvédère, dans lequel on a cru reconnaître un mélange entre l’opéra de La Monnaie et le Théâtre du Parc, bien que l’autrice présente à son propos une page Wikipedia, fictive semble-t-il. L’histoire, elle, tient sur une période plutôt limitée de quatre mois et se déroule en quatre Actes, fin de l’année 2019. Une histoire d’aujourd’hui centrée autour de trois personnages féminins qui vont interagir à partir de leur passion partagée pour l’opéra. Continuer la lecture →
Lien après lien, elle se tisse. Gigantesque, de ses fils invisibles, elle nous retient comme d’insignifiants insectes. Une fois pris, impossible de s’y soustraire, la moindre de nos vibrations émettant des multitudes de signaux qui se répercutent sans que nous en ayons le contrôle. Nous nous y empêtrons, assidus et inconscients : nous cliquons sur une publicité, payons notre électricité, stockons nos souvenirs, matons des séries, créons des avatars, commandons notre prochain salon, consultons nos bilans de santé, réservons une place de cinéma, introduisons nos données personnelles, écrivons aux amis de là-bas et aux connaissances d’ici, souscrivons des contrats, communiquons avec des inconnus, apprenons sur la reproduction des invertébrés, mutualisons les ressources, trollons des forums, animons des réunions, exposons notre vie. Lien après lien, nous la tissons. À la fois piège et dépendance, cette Toile. Continuer la lecture →
Myriam LEROY, Belgiques. Out of office, Ker, coll. « Belgiques », 2022, 123 p., 12 €, ISBN : 978-2-87586-326-3
La collection « Belgiques » des éditions Ker continue d’ausculter, par la littérature et façon mosaïque, les imaginaires de la Belgique. Elle s’enrichit de quatre nouveaux volumes cet automne, parmi lesquels celui que signe Myriam Leroy.
Il y a (au moins) deux manières d’appréhender un recueil de la collection « Belgiques » : pour ce qu’il nous dit de la Belgique telle que la voit son autrice ou auteur, d’une part, et, d’autre part, pour ce qu’il fait au genre de la nouvelle. Continuer la lecture →
Si la quatrième de couverture annonce que la collection « Belgiques » rassemble des recueils de nouvelles, ce n’est pas le cas pour le présent volume. Pas de fiction-s en l’occurrence, mais une mosaïque de souvenirs de l’autrice, souvenirs de son enfance, de sa scolarité, de sa carrière de professeure, de « vraie Belge multilingue », de son œuvre, de ses voyages, de ses rencontres.
La Belgique de Rose-Marie François commence en mai 1940 quand, à 6 mois, elle est emmenée avec sa mère et sa tante sur les routes de France par son grand-père. Dans cette Belgique en guerre, on écoute Radio-Londres, on – des parents, des proches, des voisins – cache des réfractaires à la cave ou dans des granges, on soigne des résistants…. mais il ne faut bien sûr par le dire. Continuer la lecture →
Grégoire POLET, Petit éloge de la Belgique, Folio-Gallimard, 2022, 115 p., 2 € / ePub : 1,99 €, ISBN : 978-2-07-288599-00 Grégoire POLET, Belgiques – 101 détails, Ker, coll. « Belgiques », 2022, 206 p., 12 € / ePub : 5,99 €, ISBN : 978-2-87586-328-7
Grégoire Polet consacre à la Belgique deux ouvrages parus simultanément : le premier à l’enseigne de Gallimard, le second dans la collection « Belgiquese.
Dans Petit éloge de la Belgique, l’éloignement du pays natal pendant plusieurs années a sans doute éclairé d’une lumière nostalgique certains textes. Les épisodes de l’enfance à la Mer du Nord nous valent des pages à la poésie subtile, d’une grâce semblable aux aquarelles de Rik Wouters. Polet y écrit les rêveries d’enfant avec « des mots-voiliers sur l’horizon de la mer ». Continuer la lecture →
Profitant du climat humide quoiqu’ensoleillé que nous promettait la venue de l’automne, les éditions Ker propulsent sur les tables des libraires une nouvelle pièce de la collection «Belgiques ». C’est Marc Quaghebeur qui en signe le dix-neuvième recueil de nouvelles. Comme Rose-Marie François, Laurent Demoulin, Colette Nys-Mazure avant lui – pour ne citer qu’un échantillon restreint – il applique habilement la consigne de dresser un « portrait en mosaïque de la Belgique » afin de livrer dans un tableau impressionniste le reflet d’une Belgique : la sienne.
La Belgique de celui qui a voué sa vie à la littérature francophone de Belgique semble ne vouloir se laisser découvrir qu’au travers de figures des champs littéraire et artistique du pays. L’ombre d’Abraham esquisse le portrait de Sarah Kaliski (1941-2010) ; Tant de haine nous raconte le dévouement au théâtre et à la recherche de Michèle Fabien (1945-1999) ainsi que sa fascination pour le travail de Pierre Mertens ; Les lisières de l’infini conte l’impertinence du poète Jean-Claude Pirotte (1939-2014). L’empereur Charles Quint prend également la parole dans Avant que le soleil ne se couche. D’autres figures, apparemment anonymes, voient pourtant leur vie décortiquée et leur personnalité exhibée avec tendresse dans Bruxelles… Bruxelles…, On l’appelait meringue, Passés les sables et L’un et l’autre. Aussi apparait-il clairement que chacune des pierres de la mosaïque composée par Marc Quaghebeur est de nature identique. Chaque personnalité provient du territoire de Belgique ou l’occupe. Mystérieuses, elles brillent par la force de leur caractère et la fatalité du destin qui les attend. Enfants d’une époque, elles en portent la marque et les séquelles : l’originalité se découvre au départ des conventions. Continuer la lecture →
Laurence BOUDART et Christophe MEURÉE (sous la dir. de), François Emmanuel. Un écrivain sur la terre, Textyles n° 62, Ker, 2022, 165 p., 18 €, ISBN : 978-2-87586-317-1
À mi-parcours seulement, 2022 s’annonce déjà un excellent cru pour le vignoble François Emmanuel : parution du roman Raconter la nuit(Seuil), de deux pièces de théâtre chez Lansman, de l’essai Guérir par l’écriture ? (Le Taillis Pré), dossier Le monde de François Emmanuel(A.M.L.), numéro spécial de la revue Textyles. Celui-ci prend place dans un flux de travaux critiques qui grossit depuis une quinzaine d’années, venant confirmer – un peu tardivement ? – la stature d’un écrivain qu’on n’hésite plus à dire « grand ». Outre le volume et la diversité de sa production littéraire, F. Emmanuel mène une réflexion exigeante sur les ressorts obscurs de l’écriture et de la fiction tels qu’il les éprouve, guidant avec tact ceux et celles qui interrogent son art. Ce va-et-vient auteur-lecteur, le récent Textyles – premier numéro de revue consacré à l’écrivain – l’illustre de manière tantôt explicite, tantôt implicite, à travers sept études de textes, deux inédits de l’écrivain, une enquête sur ses lectures. Il ne fait pas double emploi avec Le monde de François Emmanuel, dont il est plutôt complémentaire et qui est dû aux mêmes maitres d’œuvre : Laurence Boudart et Christophe Meurée, chevilles ouvrières des Archives et Musée de la Littérature. Continuer la lecture →
Avec Emprise, Manon Terwagne signe son premier roman. Elle a 21 ans et vient de remporter le prix Laure Nobels 2022.
Le prix Laure Nobels
Ce prix est remis chaque année par la fondation du même nom à de jeunes auteur.ices (15-19 et 20-24 ans). Il a pour objectif de « financer et soutenir la publication et la promotion d’œuvres littéraires en français ».
La fondation Laure Nobels a été créée par Isabelle Blockmans et Claude Nobels suite au décès leur fille, Laure, assassinée à l’âge de 16 ans par son compagnon. Laure rêvait d’être autrice. Elle avait écrit un roman et trois nouvelles à l’origine de la première publication de la fondation : Tommy. Continuer la lecture →
Olivier HECQUET, Les mots des morts, Ker, 2022, 142 p., 18 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-87586-315-7
Les mots des morts a décroché le prix Polar de la Foire du livre de Bruxelles (ex-prix Fintro), une distinction accordée sur manuscrit à un premier roman. Une initiative heureuse, qui offre l’assurance d’une publication chez Ker, un éditeur de qualité. Ker ? On lui doit la belle collection Belgiques, des recueils de nouvelles qui ont révélé une graphiste décapante, Eva Myzeqari, à la baguette de la présente couverture. Un bel objet, donc, et un bon titre. On plonge ! Continuer la lecture →
Laurence BROGNIEZ et Mélanie deMONTPELLIERd’ANNEVOIE, Penser la bibliothèque, Textyles n° 61, Ker, 2021, 170 p., 18 €, ISBN : 978-2-87586-300-3
Il y a maintes façons de s’engouffrer dans le labyrinthe de la personnalité d’un écrivain : via ses amitiés littéraires, sa généalogie, ses amours, ses mœurs, son style, on peut parvenir à approcher, voire à dévoiler, son Rosebud. Mais est-il un révélateur plus intime de soi que la bibliothèque ? La présence de livres autour de soi, sur les murs ou disposés sur la table de travail ; l’immersion dans un cocon – ou un tombeau – de papier sont pour certains la condition sine qua non de la démarche créatrice… Il y a la compulsion à acquérir des pièces rares, l’ordre qu’on tente d’établir dans un classement… La bibliothèque est à la fois cadre de vie et appendice de soi, exosquelette et miroir. Et quel frisson quand on intègre l’un de ses propres ouvrages dans un rayonnage voisin de ceux que peuplent autant de figures admirées, tutélaires. Continuer la lecture →
Laurent DEMOULIN, Belgiques, L’union fait la douceur, Ker, 2021, 146 p., 12 €, ISBN : 9782875863010
À l’automne dernier, dans le quotidien L’Avenir, Michel Paquot, relevait que les trois recueils de nouvelles de la collection « Belgiques » qui venaient de paraître aux éditions Ker et signés Véronique Bergen, Marianne Sluszny, Michel Torrekens (2020) guignaient vers le passé, ce que confirmait Jean-Claude Vantroyen dans Le Soir. Qu’allait faire Laurent Demoulin de cette proposition d’écrire « un portrait en mosaïque de la Belgique », avec toute la liberté formelle qu’offre le genre de la nouvelle ? Continuer la lecture →
L’œuvre de Colette Nys-Mazure est essentiellement fondée sur la poésie. Tout part d’elle dans son écriture et tout y ramène. Y compris ici, quand elle nous livre ses visions de la Belgique dans un recueil de quinze récits…
Née au Nord Viêt-Nam, Tuyêt-Nga Nguyên a grandi dans le Sud. En exil, elle a trouvé chez nous un pays d’adoption alors qu’elle est venue faire ses études à Bruxelles et elle y est restée, non sans vivre entretemps aux États-Unis et en Afrique. Dans ses romans précédents, elle s’est attachée à parler de son pays d’origine déchiré par la guerre, à en dire l’histoire et la culture, dont tout récemment dans Soie et métal. Relevant le défi de la collection Belgiques, elle décline en six nouvelles tout son attachement à cet autre pays qui est devenu le sien, et qu’elle a appris à aimer avec les yeux neufs de ceux qui le découvrent, guidée par un souci de comprendre et une curiosité que peu de natifs déploient. Continuer la lecture →
Paul ARON et Clément DESSY (dir.), Georges Eekhoud, Autres vies, autres vues, Textyles n°58-59, Ker, 2020, 330 p., 18 €, ISBN : 978-2-87593-232-7
À chacun de ses numéros, la revue universitaire Textylesaborde un des aspects de la littérature belge de langue française de façon féconde. Elle s’attache à des thématiques et problématiques qui éclairent notre littérature d’un faisceau porteur ; elle consacre ses pages à des grandes figures auctoriales du passé et du présent. Citons notamment, parmi ses numéros récents, ceux consacrés aux albums pour la jeunesse (n°57), à une relecture de La légende d’Ulenspiegel (n°54) ou à l’écrivaine Nicole Malinconi (n°55). Continuer la lecture →