Jacqueline Harpman aujourd’hui

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Jacqueline Harpman

“Par où commencer ?” écrivait en toute simplicité Roland Barthes, au seuil d’une critique de texte. Avec Jacqueline Harpman, figure connue, familière, tant de fois rencontrée, commentée à travers conférences, comptes rendus, et même une monographie, il me fallait éviter les clichés, trouver une autre démarche. Rien de mieux pourtant que l’entrevue, l’échange quand tant de questions se bousculent et qu’on brasse une fois encore la matière de ses livres ; tant d’émotions aussi, car chacun d’eux reprenant un discours connu ne laisse pas d’étonner et soulève une interrogation nouvelle.

Jacqueline Harpman, quelle que soit sa modestie, est à la tête d’une œuvre majuscule, compacte, complète peut-être, bien qu’elle n’ait pas dit son dernier mot. Des livres que se partagent des lecteurs de tout sexe, de tous âges et de toutes préoccupations, comme en témoignent la fréquentation suivie de ses textes dans les librairies, les bibliothèques, les écoles, et le nombre des études – mémoires, thèses, colloques – universitaires qui leur sont consacrées. Alors qu’un colloque international vient de lui être totalement dévolu – Autour de Jacqueline Harpman –, organisé par Susan Bainbrigge à l’université d’Edimbourg, en décembre 2010, il nous a semblé opportun d’en parler avec elle a posteriori et de revoir certains aspects de son œuvre d’un œil rafraîchi. Vivement  intéressée par cette manifestation et par les questions qui ont fait l’objet de nouveaux travaux, Harpman a tenté, pour répondre à mes demandes, de changer de rôle pour considérer différents points de vue critiques nouvellement énoncés à cette occasion.

harpman orlanda

Elle ne pouvait manquer d’être fort intéressée par les travaux monographiques portant sur l’un ou l’autre de ses romans et par les études très pointillistes et aussi pointues sur son écriture dont elle n’a pu prendre connaissance qu’à travers mes évocations[1]. Nul doute que l’hypothèse d’une l’écriture de l’écriture qui l’envisage ainsi comme une quête de soi et de sens, en rapport étroit avec la pratique de la psychanalyse et de la psychothérapie qui s’appuie sur le langage dans sa recherche et son exploration de la personne, n’ait éveillé sa curiosité. De même, les communications touchant à l’identité féminine si présente dans la plupart de ses œuvres, et la recherche de clés psychanalytiques dans les géographies secrètes de plusieurs romans, du préœdipien dans le rêve d’un amour absolu, jusqu’à une lecture lacanienne d’Orlanda et la problématique de la fonction phallique. Enfin le point de vue de la traductrice des œuvres de Harpman en anglais, Ros Schwartz, et ses indications  précieuses sur ce travail particulier mais aussi sur la traduction littéraire en général, apporte un éclairage différent de celui des critiques francophones. Tout autre encore le témoignage de Stéphane Lambert, plus intime et émouvant, qui revisitait sa relation d’éditeur avec Jacqueline Harpman, dont une petite dizaine d’ouvrages ont paru ou reparu.

Mythoclaste ?

Une première partie des exposés traitait de la place et du rôle du mythe dans différentes œuvres : certaines nouvelles de La lucarne notamment et surtout Mes Œdipe. Définie par Jacques de Decker comme “mythoclaste”, Harpman n’a pas manqué de réagir d’abord en puriste : “Je ne connais pas le mot”. À quoi elle a bien voulu ajouter à ma suite qu’après tout “il n’est pas mal, et même acceptable grâce à sa proximité  avec iconoclaste”. Notre entretien a porté d’abord sur cet Œdipe qu’on venait d’évoquer et le besoin chez elle de démythifier l’artifice, le trouble voire la paranoïa de ces archétypes si pesants de tels héros engendrés par le traumatisme ou la peur, pour retrouver leur dimension humaine primitive. Si elle s’élève contre le texte établi et notamment contre Sophocle c’est parce qu’elle le trouve “imbuvable, terriblement misogyne et que son Œdipe est un menteur. Personne ne le dit, ajoute-t-elle, personne ne l’a remarqué”. Et de rappeler son article paru dans la Revue belge de psychanalyse, “Relire Sophocle”, où elle a longuement développé cet aspect.

Cette espèce de critique historique ou mythoclastique, très violente dans le cas des personnages sacrés, est une démarche que Harpman a pu adopter dans d’autres circonstances, opérant, il est vrai, dans un champ moins exposé. Soit la littérature et ses textes reconnus quasi intouchables comme le Dominique de Fromentin ou ses propres écrits comme L’apparition des esprits ou La plage d’Ostende.

eugene fromentin

Eugène Fromentin

J’ai lu le roman de Fromentin entre quinze et vingt ans et il m’avait plutôt ennuyée, mais aussi intriguée puisque j’y suis revenue des dizaines d’années plus tard. Revenue au souvenir que j’en avais gardé, du moins et qui était inexact. Ainsi, pour moi c’était la petite sœur qui était intéressante ; c’est elle qui était amoureuse, de Dominique et non d’Olivier. Une erreur de mémoire donc, parce que l’histoire telle que la racontait Fromentin m’avait déplu. Je l’ai alors rectifiée et ai imposé ma version avec Ce que Dominique n’a pas su. C’était un peu culotté mais d’avoir exprimé ma grogne contre Fromentin et surtout contre Dominique m’a procuré beaucoup de plaisir. Il était complètement stupide de prendre son chapeau et ses gants au lieu d’emporter Madeleine sur son épaule. J’ai permis à la petite Julie de se moquer de sa sœur et changé des épisodes entiers en y introduisant un scandale parfaitement plausible selon moi, comme le fait de transformer en viol de Madeleine l’épisode de sa nuit de noce, et d’expliquer sa chasteté à l’égard de Dominique par la peur d’être enceinte, puisque j’avais déclaré son mari stérile, ce qu’on ne dit pas toujours. Une manière de traduire tout ce qui m’avait énervée chez Fromentin qui me semblait n’avoir rien compris à ses créatures. Quant à mon retour sur certaines de mes propres histoires dans ces sortes de suite que j’ai pu leur apporter, c’est presque involontaire. Certains personnages m’appellent encore longtemps après, comme s’ils voulaient encore que je m’intéresse à eux, que je leur donne un rôle, comme s’ils me gouvernaient encore. Peut-être ne les avais-je vraiment compris qu’après coup. Ainsi cet Henri Chaumont, chéri des dames de La plage d’Ostende, ami fidèle d’Émilienne à travers toutes ses épreuves, ne pouvait être qu’homosexuel, ce qui m’est apparu plus tard, et a déclenché une nouvelle réflexion que j’ai enfin fait émerger dans la deuxième version, soit Du côté d’Ostende. »

Aujourd’hui

Jacqueline Harpman n’écrit pas pour le moment. Elle n’a plus rien publié depuis 2008 où paraît Avant et après, un dialogue, tout simplement parce qu’elle n’a pas d’histoire à raconter. Elle a déjà vécu une interruption de ce genre, longue de vingt ans celle-là, entre Les bons sauvages et La mémoire trouble que certaines circonstances, exposées ailleurs, ont pu expliquer, mais qui au total reste mystérieuse. Il se fait qu’un soir de vacances, dans un endroit isolé en Ardèche, alors que la radio diffusait le quintette de Schumann, la psychologue et psychanalyste qu’elle était devenue a pris un bloc et s’est mise à écrire : “L’écriture était revenue dans ma vie. Je n’ai jamais su pourquoi elle était partie ni pourquoi elle était revenue”. Elle a ensuite rédigé en deux semaines un texte qui peut-être avait mûri à son insu pendant toutes ces années. Elle a bien eu récemment une idée de roman : autour d’une tueuse professionnelle qui a un tel talent que les morts qu’elle inflige paraissent naturelles et qu’il n’y a même pas d’enquête. Mais elle n’a pas l’envie de développer ce projet maintenant : “le plaisir d’écrire a disparu”.

Occasion de revenir sur l’ensemble de son œuvre et de s’étonner de sa diversité : elle demeure surprise de se savoir une telle personnalité. “Loin d’être un bloc, celle-ci se compose de secteurs différents et mes histoires viennent d’endroits souvent éloignés  et que je ne soupçonnais pas. Ainsi en est-il d’aspects de soi-même qu’on n’a pas vécus ou qu’on a refoulés pour des raisons morales ou autres. L’aspiration à la masculinité par exemple ? Petite, je voulais être conducteur de tram. Non, c’est pour les garçons. Pour un motif anatomique, ce genre d’aspiration n’est pas pratique pour la vie sociale.”

Il y a des constantes, elle en convient. Le souci de la correction linguistique en est la principale. Même si elle n’était pas à ses débuts aussi “fanatique” de la concordance des temps et de la préférence pour une écriture classique qu’aujourd’hui, Harpman a besoin d’un cadre rigoureux, voire rigide, ne souffrant guère de fantaisies et jamais les innovations  de quelque origine qu’elles soient. Elle se soucie peu des niveaux de langue. Qu’ils parlent ou écrivent, qu’ils se fâchent ou se caressent, ses personnages le font en respectant la grammaire. La féminisation des noms de métiers, les emprunts à l’anglais, ou tout autre effet de mode ou de nouveauté, elle les réprouve à l’égal de fautes graves. Quant à l’existence d’une écriture féminine, elle n’y croit pas. Parle-t-elle des femmes en femme ? “C’est parce que je ne parle que de ce que je connais le mieux, d’où cette présence massive du personnage féminin. De même pour les lieux. Mes histoires se passent pour la plupart à Bruxelles, ma ville. Ou alors n’importe où, comme La dormition, et à Paris, qui s’impose quand on monte de sa province vers la grand-ville comme la Clotilde de Bons sauvages.”

Certaines constantes thématiques, certes : ces personnages féminins rebelles, ces filles volontaires, furieuses parfois, intelligentes toujours ; ces hommes de second plan, présents comme par erreur ; des pères absents, des mères négatives, envahissantes ou indifférentes ; des personnages marginaux, quelques monstres. En bref, Harpman n’aime pas les histoires de petites gens, ou plutôt “les petites histoires de petites gens ; mais les grandes histoires qui arrivent à de petites gens, ça, ça m’intéresse !”  Une autre manière de définir l’épopée ou la tragédie ? Elle n’aime pas non plus les histoires morales ou moralisantes, or “les histoires de petites gens sont souvent moralisatrices et par là ennuyeuses”. Alors qu’elle se définit comme une personne très morale, en privé, elles n’aime pas les histoires qui en font plus ou moins explicitement l’apologie. Et d’affirmer : “Aucun de mes personnages n’a de moralité, sauf ceux qui sont tout à fait secondaires, les normaux qui nourrissent leur famille. Je suis moi-même morale, je n’ai jamais commis de grandes fautes, pas fait de hold ups, de crimes, jamais tué. à mon grand regret (rire)”. Elle aime la transgression en général, davantage encore en particulier qu’elle développe avec un plaisir évident et un humour parfois noir, le tout mis d’autant mieux en évidence qu’aucune transgression linguistique n’est permise, au contraire, l’hypercorrectisme croîtrait en proportion inverse à l’aberration, à la monstruosité des personnages ou des situations.

Le plaisir de l’écriture

Certains de ses livres ont-ils sa préférence, lui ont-ils procuré plus de plaisir que d’autres ?

harpman moi qui n'ai pas connu les hommes stock

Moi qui n’ai pas connu les hommes est de ceux-là. Voilà bien une grande histoire qui arrive à des gens quelconques, non pas vraiment, à des femmes que ne distinguerait rien si ce n’est leur condition absurde de prisonnières au passé plutôt flou et et dans une apathie apparente, laquelle va donner un relief saisissant à ce personnage de la petite, un fille à qui on ne répond pas quand elle pose des questions et qui va passer de la curiosité à la rage et de là donner une impulsion décisive au récit à la faveur d’un accident extérieur inexplicable, mais tout compte fait mineur. Simple transition dont peut s’emparer cette créature exceptionnelle, peut-être un porte-parole symbolique sinon explicite de l’auteur. Par ailleurs, Jacqueline Harpman aurait souhaité qu’on fasse une adaptation cinématographique de ce livre, tant les images l’habitaient déjà. Dans un tout autre registre et cette fois avec une vraie histoire  de grands, La dormition des amants, que distingua le Prix triennal du roman de la Communauté française de Belgique en 2003, est un favori. Très différent de précédent, il n’en expose pas moins mais de manière exponentielle un destin de fille, de femme incomparable, parée de toutes les qualités et tellement idéalisée qu’elle en paraît plus exposée au malheur. La structure du roman ne laisse d’ailleurs aucune illusion au lecteur puisque d’emblée sa fin est programmée ; elle signale une volonté de hisser l’histoire au-delà de l’anecdote et de susciter un intérêt pour les modalités de ce destin annoncé. Plus peut-être pour ce livre-là que pour un autre, Harpman en a conçu le dessein dès cette première image tragique qui contenant en elle toutes les caractéristiques des personnages  et de leur histoire non écrite encore. “Tout s’est imposé à moi, dès cette sensation de froid que rien ne peut combattre chez le narrateur, le frère, le serviteur, dont l’unique nuit d’amour aura été de veiller sa reine morte en tentant de consigner son émotion.” Cette reine dont le dernier soupir fut un cri de fureur. Plus que jamais sans doute Harpman a-t-elle voulu situer ces deux personnages au-dessus du commun, eux dont la relation amoureuse se passe de sexe, s’épanouit sans aucune quotidienneté, sans une ombre de banalité, “un amour des âmes en quelque sorte, que rien n’entache. Un rêve qui n’existe pas. Si Girolamo, l’eunuque, éprouve une ébauche de désir, quelque chose dont il ne peut vraiment se rendre compte, ces sensations ne l’intéressent pas. Il n’éprouve que pur amour”. La reine aussi, vis-à-vis de lui, bien qu’elle ait d’autres appétits et les satisfasse comme on s’acquitte d’une formalité. Ce roman et d’autres pourraient être considérés sous l’angle de l’érotisme, ce dont Jacqueline Harpman doute. Elle dit n’avoir que peu considéré cet aspect, s’intéressant surtout au désir et surtout au désordre qui s’ensuit, au trouble ou au malheur de toute relation amoureuse. C’est pourquoi je me suis crue autorisée à proposer la problématique suivante à ce colloque d’Edimbourg que j’ai évoqué : Entre l’extrême passion qu’aucune concrétisation n’affadit et l’évacuation du sexe au placard, fût-elle accompagnée de détails croustillants, on est en droit de soupçonner, à travers l’œuvre de Jacqueline Harpman, la volonté non sage mais résolue de désigner une érotique hors du commun, tendant vers la perfection impossible sinon l’absolu et la mort. Les deux extrêmes pointés ici se situant dans La dormition  d’une part et de l’autre dans cette nouvelle plutôt caricaturale La placard à balais. Qu’elle ait décrété dès son premier roman, Brève Arcadie, qu’il n’ y a pas d’amour heureux, elle n’aura de cesse  d’exprimer l’espoir qu’une autre perspective existe, sans pour autant la concrétiser totalement. Il y aurait souvent dans ses récits une volonté réitérée de dire la sexualité mais aussi son déni ou son échec.

harpman la dormition des amants

Le moi

Jacqueline Harpman ne se confie pas volontiers, parle peu d’elle-même en tant que personne, laissant toute liberté de l’exprimer à ses écrits, mais à eux seulement. Pudique et totalement découverte, exposée à la fois, à condition que le lecteur fasse une grande partie du chemin pour la rejoindre. Elle s’est pourtant mise personnellement en scène et même en jeu dans certains de ses textes. Soit qu’elle se présente clairement sous son nom mais dans un rôle totalement fictif, en amie généreuse ou témoin attentif, soit qu’elle propose une de ces autobiographies de fantaisie comme Dieu et moi ou Le temps est un rêve. Mais elle est toujours là, partout bien présente, en lecteur interne, comme elle l’a souvent dit, ou dans des interventions tout à fait explicites et autoritaires, saturant le texte de sens, allant au-devant du lecteur, dans un discours d’accompagnement qui est censé orienter la lecture. Selon elle, “c’est la faute à Montherlant. J’ai lu Les Jeunes filles alors que je n’avais pas vingt ans. Sa langue était si belle que je n’avais pas remarqué qu’il était d’une misogynie épouvantable. J’étais éblouie par le texte si merveilleux. Or il écrit à un moment donné, moi, Montherlant, je vous dis que… Cette manifestation de soi, cette assurance me sont allées droit au cœur. Voilà quelqu’un qui se désigne en écrivant, qui s’expose. D’où mon audace et l’emploi du je qui me représente, dès Brève Arcadie. La voix de l’auteur est-elle toujours présente ? En effet, il n’a pas à faire semblant de ne pas être là. J’assume totalement mon rôle, je revendique mes actes autoritaires”.

Quel message ?

J’écris pour être lue mais n’ai aucune intention de faire passer quelque message que ce soit. Pour ça, il y a les facteurs, disait X ? Je n’ai pas d’idées à défendre, bien que j’aie des opinions et me suis engagée politiquement autrefois. C’est ainsi que je n’ai pas écrit d’essai, sauf des travaux de psychologie ou psychanalytiques. Je n’ai pas l’intention de faire défiler les comportements humains dans mes écrits, mais j’aime évoquer ce qui échappe à la vie ordinaire, ce qui sort de ma vie ordinaire. Sans m’en éloigner cependant, car j’ai toujours préféré écrire en tête à tête avec moi-même et ai finalement plutôt mené une vie sédentaire, m’apercevant à peine que je n’étais pas sortie pendant toute une semaine, par exemple. Je n’ai jamais fait partie d’un mouvement féministe mais je le suis, je ne puis que défendre implicitement la cause des femmes.”

Les modèles de Jacqueline Harpman sont de préférence classiques. On ne s’étonnera donc pas qu’elle ne s’exprime guère sur ses contemporain(e)s. Elle lit beaucoup cependant, toujours de l’histoire, des romans policiers, de science-fiction, des journaux ou des (auto)biographies. Chateaubriand et Gide en ce moment. Quant aux auteurs d’aujourd’hui, elle est souvent irritée par leur laxisme linguistique qu’aggrave encore l’absence de correcteur, même dans les grandes maisons d’édition. Trop souvent tentée d’employer le marqueur rouge, elle renonce et retourne vesr ses chers dictionnaires et manuels grammaticaux.

Avant de reprendre la plume ou le crayon, de griffonner à nouveau sur des bouts de papier, de se remettre à l’ordinateur ou de confier un nouveau récit à son premier lecteur, Pierre Puttemans.

Jeannine Paque


[1] Les communications paraîtront en volume et sont le fait des chercheurs suivants : G. Blanckaert (Leuven), J. de Decker (ARLLFB), A. Doquire Kerszberg (USA), S. Lambert (Bruxelles), D. Leontaridou (Athènes), J. Paque (Liège), M. Quaghebeur (AML), M. Renouprez (Esp.), F. Romeral (Esp.), R. Schwartz (UK), M. Snarelid (Stockholm), K. Swarbrick (UK), E. de la Torre (Esp.), N. Thatcher (UK), S. Vanbaelen (USA).