Jean Marc Turine : Écrire, dit-il, en hommage, en colère, dans l’indignation

Jean Marc Turine

L’écriture de Jean Marc Turine prend source et racine dans les guerres et les tragédies du monde – la déportation des Juifs entre autres. On pourrait la qualifier de multimédia, comme l’est tout son travail. Elle s’incarne sous diverses formes : documentaire pour la radio ou la télévision, fiction radiophonique ou livre. Oui, pour Jean Marc Turine, tous ces médias, quels que soient leur forme ou leur support, ne sont que ça, et uniquement ça : écriture. La Theo des fleuves, son dernier roman, est né de sa connaissance du peuple tzigane. De ses fêtes. Ses souffrances. Sa déportation. Ses chants. Ses errances. Son histoire.

La Théo des fleuves, un hommage au peuple tzigane

« Je ne peux pas parler de mon roman La Théo des fleuves sans évoquer la façon dont je suis entré dans ce qu’on appelle la question tzigane. Cela remonte à loin, à 1986 ou 1987, lorsque j’ai réalisé le film Monsieur S et Madame V avec Violaine de Villers sur les déportations dans les camps nazis. Nous avions recueilli le témoignage d’une rescapée Nacht und Nebel, une prisonnière politique belge. À l’époque, je n’étais guère au courant de la question tzigane et Betty Van Sevenant, c’est son nom, qui avait été détenue à Mauthausen, Ravensbrück et dans des prisons allemandes a souvent évoqué la présence de femmes tziganes dans les camps. Alors, j’ai fait des recherches tout en continuant celles sur les autres rescapés raciaux des camps, principalement des Juifs belges et non-belges. Toujours, je me retrouvais confronté à cette question de la déportation des Tziganes.


Lire aussi : notre recension de La Théo des fleuves


« Par la suite, j’ai réalisé pour France Culture un certain nombre d’émissions sur les Tziganes. À cette occasion, j’ai rencontré deux femmes magnifiques. L’une, morte maintenant, m’avait été présentée par Yehudi Menuhin. Elle habittait dans la région de Strasbourg. Elle était analphabète. Si elle ne savait ni lire ni écrire, elle était une conteuse extraordinaire. Elle avait échappé de peu et complètement par accident à la déportation. La seconde, âgée également, était hongroise. Elle était rescapée des camps nazis. C’est à elle que je dédicace mon livre. Le personnage de Théodora est nourri de ces deux femmes. Mais pas seulement. Le fait que Théodora souhaite apprendre à lire et à écrire, je l’ai emprunté à des jeunes femmes que j’ai connues en Belgique, à Bruxelles en particulier. Elles avaient quitté l’école vers douze ou treize ans, suite aux contingences de leur vie. Mais elles voulaient apprendre à lire et à écrire pour être capables d’affronter la société tout en restant tziganes. Après, le reste, c’est du roman.

« Je ne voulais pas présenter une vision de la société tzigane lisse, parfaite, élogieuse. J’en connais, pour l’avoir beaucoup fréquentée, et les rouages et les médiocrités. Mais, en même temps, je souhaitais rendre hommage à ce peuple martyr des déportations. On en parle peu, mais plusieurs centaines de milliers de Roms d’Europe de l’Est ont été déportés et massacrés par les nazis. Le pourcentage de Tziganes morts dans les camps est le même que celui du peuple juif. »

Je ne sais pas pourquoi je fais ainsi

« J’avais commencé par écrire un texte duquel je ne me sortais pas. J’avais proposé à France Culture d’écrire un feuilleton de dix épisodes. C’était conséquent en nombre de pages. La responsable de la fiction à France Culture m’a conseillé de le réduire à cinq épisodes d’une demi-heure. J’ai travaillé sur cette base-là. La mise en ondes est très réussie, je trouve. Je me permets de le dire car elle est du fait de France Culture. Je ne suis pas intervenu. La méthode n’est pas la même que celle de la RTBF. À la radio belge, si je conçois un programme, même une fiction, je peux le réaliser moi-même. En revanche, quand on met un texte entre les mains de France Culture, il est acheté par la chaîne. C’est un réalisateur ou une réalisatrice maison qui s’en occupe. L’auteur n’intervient pas. Cela ne me dérange pas du tout.

« Passer d’un médium à un autre me plaît beaucoup. J’ai fait la même chose avec mes textes qui abordent les conséquences de la dioxine sur les populations vietnamiennes. D’abord, j’ai réalisé un documentaire radiophonique diffusé, en 2010, à la RTBF. J’ai ensuite écrit un texte de fiction pour France Culture intitulé Liên de Mê Linh. Dans cette fiction, il y avait des éléments objectifs, historiques. Enfin, j’en ai fait un film documentaire puis un récit publié par les éditions Esperluète, toujours avec le même titre. À chaque fois, ce sont des œuvres différentes avec des visées et des publics différents.

« Lorsque le public entend à la radio le récit d’un père ou d’une mère d’un enfant handicapé, cela peut rester abstrait pour lui. Je voulais absolument marquer le pas en disant : voilà la réalité de tous ces jeunes empoisonnés par la dioxine. J’ai alors réalisé un film pour montrer les images de ces corps foutus, détruits. Voilà pourquoi j’ai fait le film. J’avais déjà pratiqué de la sorte avec les Comores. En 2006, j’avais publié un livre, Terre noire, Lettres des Comores, aux éditions genevoises Metropolis. J’avais aussi enregistré huit ou neuf heures d’émissions pour France Culture en 1997 ou 98. Ce n’est pas fini, je travaille à nouveau un texte pour France Culture sur le sujet. J’y parle notamment d’une famille comorienne dont je m’occupe depuis de nombreuses années. J’y suis retourné ce printemps réaliser un film. Je ne sais pas pourquoi je fais cela ainsi. Est-ce que c’est intéressant ? Je n’en sais rien. Je sais que cela me passionne de creuser un sujet avec des médias différents. Je n’écris que sur ce qui m’interpelle et m’indigne, et me rend dingue de colère comme la situation des Tziganes ou celle aux Comores.

« Je pense que chacun des médias que j’utilise atteint un public différent. Par exemple, ceux qui ont écouté Guerres et crimes de guerre, l’émission sur le Vietnam à la radio à Bruxelles, il n’est pas du tout sûr qu’ils aient acheté le livre. Et le film, c’est encore différent. S’il a été refusé par dix-huit festivals, il a été diffusé par trois chaînes au Vietnam. On peut estimer que dix millions de Vietnamiens ont vu le film. Le livre, lui, n’a été imprimé qu’à très peu d’exemplaires, comparativement. Dans ce récit, je m’adresse à une petite fille, Liên, que j’ai connue quand elle avait douze ans. Maintenant, elle en a vingt-et-un. Je lui ai dit combien je l’aime, combien je suis en colère quand je vois son état. Elle est parfois d’une beauté saisissante et parfois, quand elle grimace, quand je ne sais quel spasme la traverse, elle n’est pas belle à voir. Calme, son visage, est d’une beauté extraordinaire. À certains moments, quand elle est suffisamment apaisée, qu’il ne fait pas trop chaud, on pourrait même penser qu’elle n’est pas malade. »

Dionys Mascolo & Margerite Duras

« Je tiens beaucoup au livre que j’ai fait sur Marguerite Duras, 5, rue Saint-Benoît, 3e étage gauche, Marguerite Duras qui a paru, comme Terre noire, aux éditions Metropolis. Je l’ai publié en mars 2006, dix ans après sa mort. Je voulais mettre à plat quelques vérités. C’était ridicule la manière dont certains l’évoquaient, notamment en ce qui concerne sa relation avec Yann Andrea. La forme de ce livre est, on pourrait dire, documentaire. On y trouve des photos et des lettres. J’y fais référence à un journal que je tenais à ce moment-là. J’ai tenté de dire combien Duras avait été une amie et combien je l’avais aimée, tout en évitant de la sanctifier car, il faut bien le dire, elle n’avait pas que des bons côtés.

« Je l’ai rencontrée le même jour que Dionys Mascolo, en janvier 1971. En septembre, j’avais rencontré Delphine Seyrig sur le tournage des Lèvres rouges, un film d’Harry Kümel. Nous nous sommes très bien entendus. Je savais qu’elle connaissait Duras. Je lui ai dit : Delphine, si un jour tu peux glisser mon nom à Duras, même être balayeur de plancher sur un de ses films, je veux bien. Et c’est arrivé. Un jour, Duras m’a téléphoné : Voilà je tourne un film, si vous êtes libre, venez, vous serez stagiaire.

« Je considère Marguerite Duras et Dionys Mascolo comme mes parents spirituels. J’ai été élevé dans un esprit petit-bourgeois, catholique, chez les Jésuites, très malmené pendant l’enfance par les curés. Ma famille n’était ni stupide ni insipide mais sa culture était assez limitée. En rencontrant Duras et Mascolo, j’ai découvert un univers qui m’était inconnu, qui m’a accueilli, ouvert les bras. Quand j’allais à Paris voir Duras, ma mère me demandait comment allait ma seconde mère. Elle avait très bien compris l’attachement que j’avais pour cette femme. Je pense pouvoir dire que Duras avait aussi de l’affection pour moi. Dionys Mascolo, c’était pareil. Ce sont des gens qui m’ont ouvert au monde. Qui m’ont appris à prendre plus de liberté et d’indépendance d’esprit. Parfois quand je me demande pourquoi je travaille avec plusieurs médias, je me dis que je la copie. Elle a beaucoup fait cela, des textes qui devenaient des films ou du théâtre : Détruire, dit-elle, Des journées entières dans les arbres, le film Les enfants, sur lequel j’ai travaillé qui est devenu le roman La pluie d’été, sans parler du Vice-Consul, matrice d’India Song, et d’autres encore. Ce dont je suis sûr, c’est que ce n’est pas du tout elle qui m’a poussé à écrire, pas du tout. Je n’aurais jamais osé lui montrer mes textes. Quand, en 1995, j’ai achevé Gesualdo, je le lui ai envoyé mais je savais qu’elle ne pourrait pas le lire. Elle était trop malade. »

Je n’écris pas sans colère ni indignation

« Foudrol est à part, parmi mes livres. Foudrol, c’est mon grand-père, le père de mon père, je ne l’ai pas connu. Il a été dans les tranchées de 14/18, il y a travaillé comme médecin. Personne ne sait rien de lui dans la famille. Cet homme est un des grands tabous de cette famille bourgeoise, catholique. Il a été interné dans les hôpitaux psychiatriques de Belgique après la guerre et jusqu’à sa mort. Il est évident qu’on ne fait pas étalage de ce genre de choses sur la voie publique. Il y a bien longtemps, j’avais commencé – et je n’en ai rien fait – à récolter des témoignages de types qui avaient été à la guerre en Algérie, un homme en particulier qui était rentré l’esprit un peu dérangé. J’ai aussi recueilli celui d’un autre gars qui était allé, à seize ans, en Indochine, et après ça, dans des bataillons disciplinaires car il ne voulait pas faire la guerre. J’avais commencé et puis il y a eu la première guerre du Golf. Là, je me suis dit, ce n’est plus la peine, j’en ai marre de ces horreurs. J’ai laissé tomber ce travail. À ce moment-là, j’étais encore pigiste à France Culture et je n’ai pas écrit de tout le temps où j’y ai travaillé. J’ai recommencé à écrire en 2002. Pour en revenir à mon grand-père, je revenais d’une visite à Auschwitz-Birkenau et j’ai repensé à lui. J’ai donc écrit ce Foudrol en son hommage. Je n’en ai fait ni un héros ni une vedette mais j’ai rendu hommage à sa folie, à son désastre, à son désarroi, à son âme perdue dans la guerre. Dans les tranchées, dans le sang et la misère. Foudrol, c’est aussi une colère et une indignation. Je n’écris pas sans colère ni indignation. C’est pour ça que je ne veux pas me disperser, que je ne veux pas aborder des récits d’imagination. J’espère être dans un imaginaire à partager. L’imagination c’est Guy Bedos, l’imaginaire c’est Raymond Devos. Je ne dis pas que j’ai un imaginaire à la Raymond Devos. Je ne me prends pas au sérieux à ce point-là. Mais c’est cela que je vise. Cela ne m’intéresse pas du tout la littérature facile, réaliste. Je préfère Foudrol avec ses moments d’égarements, je préfère Liên de Mê Linh, même si je ne fais pas un récit journalistique du désastre de Liên ni de son corps complètement foutu, qui ne sera jamais aimé physiquement, qui ne jouira jamais, qui sera dans un état de je-ne-sais-quoi. Pour les Roms, c’est pareil, je parle des camps, je parle des bourreaux, je parle aussi des dieux noirs, les dieux noirs c’est quand même les nazis.

« N’ayant pas été déporté, n’ayant pas eu de parents déportés, ce n’est pas la peine que j’essaie de décrire ce qu’est une déportation, c’est impossible. Je préfère être dans une forme de poésie qui essaie de dire quelque chose là-dessus mais qui n’essaie surtout pas de dire ça. Ce que je trouve le plus détestable au monde, c’est essayer de montrer ce qu’est un camp de concentration. On a eu des téléfilms il y a trente ans, cela s’appelait Holocauste, c’était complètement hors de propos. Je suis conforté dans ce que je pense là car il y a huit jours j’étais à Londres. J’y ai revu Anita Lasker-Wallfisch, avec qui j’avais fait des émissions à France Culture. Elle a été la violoncelliste du camp de Birkenau, dans l’orchestre des femmes. Elle a écrit un très beau livre, La vérité en héritage. Dans la conversation que nous avons eue, nous nous sommes remémoré certaines choses qui avaient été dites à propos de cet orchestre des femmes. Entre autres, certains ont affirmé qu’elles avaient été complices des assassins, des SS parce qu’elles accompagnaient celles et ceux qui partaient à la chambre à gaz. Est-ce qu’Anita Lasker-Wallfisch pouvait dire aux nazis Non je ne joue pas, ce qui revenait à dire : Je vais dans la chambre à gaz aussi ? Qu’on laisse les gens qui ont souffert comme ça et qu’on ne pose pas de jugement. Ni dans Foudrol, ni dans Liên de Mê Linh, ni dans La Théo des fleuves, je ne condamne. Je condamne le milicien dans La Théo des fleuves, mais c’est autre chose. Il était complice des crimes. »

C’est écrire

« Ce que je pense depuis très longtemps… J’ai toujours beaucoup écrit… j’ai fait beaucoup de poésie… j’ai fait beaucoup de radio à France Culture… Quand je rédigeais le chapeau des émissions comme il est de coutume pour les présenter, j’ai toujours pensé que j’écrivais, que c’était de l’écriture. Je n’ai jamais fait de différence, et encore aujourd’hui, quand j’écris un texte pour la radio, un livre ou un documentaire, pour moi c’est écrire. Sans mes émissions sur les Comores, je n’aurais pu faire le livre ; sans les documentaires sur les Tziganes et la matière que j’ai accumulée et que j’avais dans la tête – tous ces paysages, ces campements de Roms, ces grandes fêtes de mariage et de baptême, tous ces ghettos dégueulasses et ignobles –, je n’aurais pas pu écrire La Théo des fleuves. Sans même vouloir entrer dans un réalisme à la Zola, ce n’est plus la peine, je n’aurais pu écrire comme je l’ai fait sans tout cela. J’ai parcouru tout le Danube, j’ai été jusqu’à la mer, et quand je fais mourir la vieille Théo dans un cercueil qu’on plonge dans le moment où la mer et le fleuve se retrouvent, c’est parce que j’ai été à cet endroit, c’est parce que j’ai vu ce passage de la mer et du fleuve, le bouillonnement entre les deux, j’ai vu ça, là-bas tout au bout, sur la Mer noire. Il y a ça.

« Ce que je ne sais pas, ce que je n’arrive pas à savoir, c’est pourquoi, je parle toujours des mêmes thèmes, de la souffrance et des choses comme ça. Je n’ai pas connu la guerre, je suis né après. Et dans ma famille, à part ce grand-père, mais ça, ce grand-père je l’ai appris quand j’avais quarante ans, qu’il était mort fou, il y a eu aussi deux cousins assez éloignés de mon père qui ont été assassinés comme résistants. Sinon les choses se sont passées calmement pour moi dans cette ville de Bruxelles où j’habite, sans trop de dégâts. Ma mère ne sait même pas si son père a caché des Juifs dans un entrepôt de vin qu’ils possédaient. De toute façon, il ne fallait pas le dire. C’est une chose possible. Ce que je sais, d’une manière certaine, c’est que, quand j’étais jeune, j’ai vécu, quasiment dès ma naissance, jusqu’à mes quatorze, quinze ans, à Strombeek-Bever, dans la banlieue bruxelloise. J’étais dans une école primaire où il y avait beaucoup de violences physiques. J’avais des copains, dans ma classe, qui avaient parfois trois ans de plus que moi parce qu’ils avaient doublé et redoublé. Chez eux, c’était la misère, le sol était en terre battue, ils n’avaient pas de quoi manger, je me souviens que je partageais des tartines de midi avec un de ces types. J’allais chez lui, j’aimais bien aller chez lui, dans cette maison. Il était d’une violence avec les autres, je m’accrochais à son cou pour qu’il arrête de se battre. Il avait quatorze ans, j’en avais dix ou huit, je ne sais plus, mais ce sont des traces comme ça, indélébiles, que j’ai en moi. Ma mère était une femme très accueillante. En 1956, elle et son groupe d’amis de Strombeek ont accueilli je ne sais combien de familles hongroises, réfugiées. Ils rassemblaient des meubles, de la literie, ils louaient des appartements pour accueillir ces gens. Elle a fait la même chose en 1957 avec des Rwandaises. Ma mère m’a ouvert à plein de choses comme cela. Je ne supportais pas toute cette pauvreté ou toute cette violence qui était dans ma classe. Il y avait un autre gars, il arrivait souvent avec des marques de fourchettes sur le bras parce que sa mère le battait, ou son père, je ne sais plus. Déjà dans mon premier livre, Gesualdo, il y a la folie meurtrière, mais aussi l’amour fou et la beauté de la musique.

« La Théo est une véritable histoire d’amour, c’est un peu un couple mythique que Théodora forme avec Aladin. Je pense aussi que dans La Théo des fleuves, il y a davantage de liberté exprimée. Pas de la liberté d’écriture, mais de la liberté dans le texte lui-même, les personnages sont plus libres que dans d’autres de mes textes. Tout ce que j’ai fait à la radio tourne autour des mêmes choses : le Rwanda, les Roms, les déportations, les prisons, mais c’est encore de l’enfermement…  Fougerol est fortement renfermé sur lui-même. Il ne s’en sort pas, cet homme. Ce que je constate, au moment où j’écris je ne le sais pas, c’est après coup que je le sais, qu’il y a une constante dans mes textes, dans mon travail, sur le génocide des Juifs et des Tziganes. Je pense que cela vient de l’enfance.

« Je vais là où cela m’indigne parce que ce n’est pas normal. Je ne pense pas qu’on puisse écrire sur le bonheur, on écrit toujours sur quelque chose qui ne va pas. Sur n’importe quelle forme de drame ou de tragédie, on n’écrit pas pour dire les oiseaux sont beaux, les papillons s’envolent, ou le bonheur est là avec la famille, sur la plage. Même si on peut écrire de très belles choses d’amour et de bonheur dans un livre, ce ne sera jamais qu’un passage du livre. »

Michel Zumkir


Article paru dans Le Carnet et les Instants n° 199 (juillet – octobre 2018)