Philippe Lekeuche, Le jour avant le jour

Le combat du poète

Philippe LEKEUCHE, Le jour avant le jour, Le Taillis Pré, 2013

lekeuche le jour avant le jourComme Jean Tordeur, “grand détecteur de poésie, sourcier parmi les sourciers”, Liliane Wouters a reconnu d’emblée en Philippe Lekeuche une voix libre, authentique. Un ton personnel.

Attentive depuis près de trente ans à sa démarche poétique, qu’elle place dans la lignée d’Hölderlin, à son chemin qui s’ouvrait par Le chant du destin (Cedex, Montpellier, 1987), elle préface aujourd’hui son dernier recueil, Le jour avant le jour, dont elle salue l’équilibre tendu, l’accent de vérité, et surtout le courage du combat spirituel. Ce combat du poète pour atteindre, faire jaillir la poésie du creux de la vie profonde, celle du « jour d’avant le jour, d’avant le commencement du monde ».

Nous le suivons, entre ombres et lumière.

D’une méditation sur le visage de Virginia Woolf où il pressent « les séparations inouïes d’où naissent les livres » à l’espérance, la grâce qui veillent sous les affres du doute, au cœur de la nuit, quand la poésie se dérobe, que « Tout devient prose ». Car « Le poète aussi / Naît de sa faillite. » Et « seul le poème / Traverse le mur ».

De « l’éclat noir du désir » à l’interrogation déchirante :

Si revient l’apaisement, le calme, est-ce ma fin ?
Si je guéris de l’existence où donc irai-je ? 

De la nostalgie de l’enfance, ces images chatoyantes, d’une fraîcheur intacte, couleur d’été et de vacances, qui scintillent dans la mémoire et gardent vive la lumineuse innocence de ce temps-là : « Comme si tout drame était absent, seule une joie, bonheur d’être là » à la vibrante certitude :

Poésie, ô mon seul vocable
Seul mot où je puis être  
Habiter, y puiser mon être 

Francine Ghysen


Article paru dans Le Carnet et les Instants n°181, 2014