Il n’y a pas que nos cinéastes qui décrochent la palme. Les écrivains aussi savent se faire reconnaitre à l’étranger. La preuve ? Trois prestigieux prix viennent de récompenser de grandes figures de notre littérature.
C’est un article du quotidien espagnol, El Pais (23 novembre 2002) signé Octavi Martì qui a attiré notre attention. Il annonçait que « le Belge Henry Bauchau (Malines, 1913) est le successeur de Guillermo Cabrera Infante sur la liste des lauréats du Prix de l’Union latine, liste sur laquelle figurent aussi Juan Maré, Jean Gustave Le Clezio, Gonzalo Torrente Ballester, Lalla Romano, Juan Carlos Onetti ou Agustine Bessa-Luis. Pourtant, continuait Octavi Martì, Bauchau, peu et mal traduit, est presque un inconnu pour le lecteur espagnol comme il l’a été pendant des années dans l’espace francophone ». L’article se poursuivait par une présentation synthétique de l’homme (« muy delgado y atento, de pelo blanquísimo y bien peinado, ojos entre azules y grises »), de son parcours professionnel et de son œuvre, pour se conclure par une déclaration de l’auteur : « Dans tous mes livres, l’aventure intérieure est l’aventure principale ». C’est à Rome qu’Henry Bauchau a reçu son prix, le 25 novembre dernier.
Le même jour, mais à Paris cette fois, Marcel Moreau recevait quant à lui le prix Wepler – Fondation La Poste 2002, doté de 9.150 euros, pour son roman Corpus scripti (Denoël). Ce livre a été retenu parmi une quinzaine d’ouvrages de la rentrée par un jury composé essentiellement de libraires, de bibliothécaires et de représentants de la Poste. Dans le discours qu’il a prononcé pour l’occasion à la Brasserie Wepler, Marcel Moreau déclarait : « Je n’avais jamais reçu de récompense en France. Pour Quintes, mon premier livre, dont le succès eut pour détonateur Alain Jouffroy et pour parrainage Jean Paulhan et Simone de Beauvoir, on m’attribua le prix des Enfants terribles, fondé par Jean Cocteau. On s’était aperçu que j’avais un an de trop selon les statuts. C’est dire si le vote qui s’est porté aujourd’hui sur mon nom me touche. Car j’ai atteint l’âge de penser qu’étant donné ce que j’écris, par les temps qui courent, s’il faut du courage pour me lire, il en faut davantage pour m’élire ». Bravo, donc, aux membres du jury !
Nul doute que la présence de Jean Claude Bologne au poste de secrétaire général de la Société des gens de lettres est pour beaucoup dans l’attention renouvelée que cette institution accorde aujourd’hui aux auteurs de la Communauté française de Belgique. Ainsi, l’automne dernier, elle a attribué à Gaston Compère une de ses récompenses les plus prestigieuses : le Grand Prix Poncetton pour l’ensemble de son œuvre, doté de 3.000 euros. Cette distinction a été décernée à l’auteur à l’occasion de la récente réédition à la Renaissance du livre de son roman Anne de Chantraine. Un autre auteur belge a également reçu un des prix d’automne de la SGDL : edith Soonckindt s’est vu attribuer une des huit bourses Thyde Monnier (1.500 euros) pour son dernier roman Le bûcher des anges (Editions Hors commerce).
Carmelo Virone
Article paru dans Le Carnet et les Instants n°126 (2003)