La boîte à souvenirs
Thomas GUNZIG, Kiss & Cry, Impressions Nouvelles, 2012
Kiss & Cry n’est pas qu’un texte, mais avant tout un « très beau cadeau » comme dirait Thomas Gunzig, une merveilleuse création collective mêlant chorégraphie des mains, caméras, lumières, musique, scénario, théâtre, voix-off et bricolages de génie. Ce spectacle est composé de bric et de broc : jouets d’enfants, trains électriques, sable, coquillages, maquettes, maisons de poupées, miroirs… Le résultat en est époustouflant d’ingéniosité et d’émotions. Thomas Gunzig a apporté sa pierre à l’édifice en créant Gisèle et son histoire, un texte simple mais extrêmement poétique. Ces mots nous embarquent pour un voyage au cœur des souvenirs de Gisèle, une vieille dame seule, fascinée par les mains des hommes. Elle se souvient de chaque personne qu’elle a rencontrée, chaque amour de sa vie tombé depuis au fond d’un trou de sa mémoire. Des hommes, elle en a connu cinq. Quand elle y pense, son cœur se serre, surtout pour le premier, celui de ses douze ans, dans le train en retard de dix-huit heures quinze. Cet amour a duré treize secondes… treize secondes de bonheur puis plus rien. Elle a rangé ce souvenir, ses mains et tous les autres, dans une petite boîte bien fermée au fond de sa mémoire. La vie a continué, le temps a coulé et tout emporté, la vieillesse est arrivée, mais les souvenirs sont restés. Le puzzle peu à peu se reconstruit.
Ce livre est un écrin, un objet précieux illustré de superbes photographies du spectacle. Ces images évocatrices renvoient au texte et nous plongent dans une atmosphère magique, celle du « Nanomonde », de l’infiniment petit. Des mondes cachés, des personnages miniatures sont créés et renvoient toujours plus à l’infiniment grand. L’ouvrage contient également des avant-propos, les mots des trois principaux architectes de cette œuvre : Michèle Anne De Mey, Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig.
Émilie Gäbele
Article paru dans Le Carnet et les Instants n°173 (2012)