Totalement refondu en février 2007, le site de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique prend une tournure interactive, mêlant contenu sur la vie de l’institution et premiers jalons d’un projet éditorial en ligne.
Sobriété et ergonomie, voilà qui définit assez bien le nouveau site de l’Académie royale. Un outil-vitrine développé par Muriel Collart, qui a multiplié ces dernières années les projets de conception de sites dédiés au monde des Lettres — on lui doit les sites de la Promotion des Lettres et de la Librairie Wallonie-Bruxelles à titre indépendant, mais aussi de la revue Bon-à-tirer dans le cadre des éditions Ercée.
Par l’intermédiaire de ce nouvel espace, l’institution quasi-centenaire passe habilement le cap du 21e siècle sans pour autant trahir les relations qui la lient à l’histoire. On chercherait en vain les traits d’une modernité mal digérée : pas de cyber-chat académique ou d’animations flash extravagantes ici. Priorité est faite au contenu dans un souci d’exhaustivité (le passé de l’institution) et de fréquentes mises à jour (son actualité). Une double orientation qui fait de ce site un instrument de mémoire et de Work in Progress à la fois. Secrétaire perpétuel de l’Académie, Jacques De Decker s’en explique : « Nous sommes repartis de zéro, la première version du site n’ayant pas été précédée, de notre part, d’une réflexion suffisante. Ici, la mise au point préalable avec la conceptrice a été décisive. C’est ainsi qu’est apparue cette polarité mémoire-actualité. Elle correspond parfaitement à la double vocation de l’Académie, d’être à la fois un lieu de conservation et de patrimoine, et une compagnie en activité dans le présent. De sorte qu’est apparue une homologie entre le concept même d’Académie et l’internet. La combinaison peut sembler paradoxale, mais elle est évidente. »
En matière de patrimoine précisément, le site ne lésine pas sur les moyens. Si les documents relatifs aux activités de l’institution et à son fonctionnement permettent de se faire une idée des missions de l’Académie, le plus singulier réside dans le travail de précision à l’œuvre dans le répertoire de ses membres, accessibles selon différents critères et disposant tous de leur propre notice. Un même esprit guide la section consacrée aux vingt-sept prix littéraires attribués par l’Académie : deux index bien distincts donnent accès à tous les résultats par année ou par lauréat — tandis qu’un tableau reprend, pour les routards, les prochaines attributions de prix jusqu’en 2010. Instructives également, les pages dédiées au Fonds national de la littérature où l’on rappelle non seulement le fonctionnement de la procédure d’attribution de subsides, mais aussi la liste des 654 auteurs, 75 revues et 7 organismes qui ont pu en bénéficier. Pour les routards encore, les prochaines réunions de la commission consultative (déposer le dossier trois semaines avant).
Grande nouveauté du site, l’Académie entend tirer parti des possibilités du réseau pour diffuser non seulement les discours de ses membres, mais aussi des ouvrages en ligne. À l’heure actuelle, l’ensemble des communications prononcées depuis 2003 est accessible, mais le corpus devrait s’étendre par la suite : « L’objectif est effectivement qu’un jour toutes les communications prononcées à l’Académie depuis sa fondation se retrouvent sur le site. Mais cela demandera évidemment un peu de patience. » Du côté des livres, une première publication électronique, Un espace-temps littéraire (1920–1995), est la réédition d’un recueil de six conférences tenues à l’occasion du 75e anniversaire de l’Académie. Non systématique, la réédition d’ouvrages dépendra de la demande : « La présentation de notre production sur le site permet de mesurer l’intérêt que les ouvrages suscitent encore. Et nous tâcherons de répondre à ces attentes. » Un prochain titre en ligne, un essai de Daniel Droixhe, sera pour sa part un inédit. Quant à l’accès, il est gratuit : « L’accès payant ne nous préoccupe pas prioritairement : nous ne sommes pas une entreprise commerciale et n’entrons en concurrence avec personne. » Au stade expérimental, le projet se précisera dans les prochains mois sur des points tels que le recours parallèle ou non à l’édition-papier et à l’e-bibliothèque.
Tanguy Habrand
Article paru dans Le Carnet et les Instants n°148 (2007)