Philippe Remy-Wilkin, L’œuvre de Caïn

Les Caïn de l’Histoire

Philippe REMY-WILKIN, L’œuvre de Caïn, Le Cri, 2012

remy wilkin l'oeuvre de cainPhilippe Remy-Wilkin n’a pas peur des défis et aime entraîner son lecteur dans des époques méconnues de l’histoire, aux croisements des mythes, idéologies et philosophies. On se souvient ainsi de ses romans Le Jour du dernier pape ou La Chambre close. Avec L’œuvre de Caïn, Philippe Remy-Wilkin met en scène deux amis, le Belge Valentin Dullac et le Juif allemand Caspar Mendelssohn, qui se sont connus dans les années 1910 en Orient, lors de fouilles archéologiques sur la civilisation mésopotamienne. Les carnets d’Orient de Valentin entrelardent le roman et nous ramènent aux sources de leur amitié en passant par des sites exotiques comme Djarabulus ou Karkemish.

Le roman se déroule principalement à une autre époque. Après que la Première guerre mondiale les ait séparés, les deux amis se retrouvent en 1925, avec le projet de descendre la vallée du Rhin. Mais Caspar, qui se sent menacé, disparaît mystérieusement. Valentin se lance sur ses traces et accomplit seul le voyage en Allemagne. Mayence, Bingen, Ehrenfels, Wiesbaden, Worms, Berlin… Autant d’étapes qui le mèneront finalement à Varsovie. Car ses pérégrinations pour retrouver son ami l’amènent à croiser des membres discrets de sociétés secrètes comme le tribunal de la Sainte-Vehme, des partisans du nazisme et de l’antisémitisme, des idéologues inquiétants comme le défenseur de la thèse de la Glace éternelle, Hans Horbiger… Ainsi que trois femmes qui exercent sur lui une étrange fascination. À la suite de Caspar, Valentin va enquêter sur les parias, les  « Caïn de l’Histoire ».

L’œuvre de Caïn, nourri de faits historiques méconnus, propose une histoire ample, avec du suspense, de l’action, des rebondissements, pas mal de mystères, des personnages hauts en couleurs ou émouvants, qui donnent un relief inédit aux années troubles d’avant-guerre.

Michel Torrekens


Article paru dans Le Carnet et les Instants n°174 (2012)