Décès de Claude Bauwens

Claude Bauwens (au centre)

Nous apprenons ce jour le décès de l’écrivain Claude Bauwens, survenu le 12 janvier 2019. Né à Spiennes (région montoise) en 1939, Claude Bauwens laisse une oeuvre essentiellement poétique.

 

Quelques ouvrages de Claude Bauwens : 

Il fait ocre fané, il fera blanc évanescent, Cormier, 1979
La part de l’arc-en-ciel, Maison internationale de la Poésie, 1982.
Si basse est la lumière, Daily-Bul, 1986.
Souterrainement, Unimuse, 1990.
La projection de la tache aveugle, Arbre à paroles, 1992. 
Le veilleur d’apocalypse, Arbre à paroles, 1995.
Gercé ou aoûté, Arbre à paroles, 1998.
Hors et or, Acanthe, 2000.
La dernière position, Atelier de l’agneau, 2007.
La dérive des rêves, Atelier de l’agneau, 2008.
Nouvelles du hameau perdu, Atelier de l’agneau, 2013.

Notre recension de Nouvelles du hameau perdu (Le Carnet et les Instants n° 179, décembre 2013)

 

Un voyage en attente du pire

Entre rêves et cauchemars, visions d’enfance et poids du présent, Claude Bauwens nous livre des nouvelles-instants très courtes. Âgé de septante ans, le narrateur attend que son sort soit fixé. Dans cette attente, les images du passé surgissent : la maison natale, Man Za (la mère), Pa Zan (le père), la tante Julia, le village de Nouvelles, l’école où il a enseigné, le trajet à vélo, la gare et les nombreux trains ratés, sa femme…

Les Nouvelles du hameau perdu sont une sorte d’autofiction. Le lecteur passe d’un souvenir, d’une vision à une autre. Les images convoquées sont soumises à un univers noir qui côtoie constamment un monde proche du fantastique. Soumis à la peur et au désespoir, la raison s’égare. Des visions apocalyptiques, de fin du monde – qui rappellent la seconde guerre mondiale – s’accompagnent d’images de mort, de pluie de météorites, de lieux et de dédales où le narrateur s’égare. Comme si chaque chemin emprunté l’emportait dans ce hameau perdu et abandonné, dans des sentiers jamais sillonnés et menant à quelque paysage lunaire. Rassemblant imagination et souvenirs, Claude Bauwens nous propose, sous forme de cauchemars éveillés et de rêves contrôlés, divers voyages dans son village et ses alentours, lieux qu’il ne reconnaît plus. Mais que reste-t-il de ces temps-là ?

Ce livre rassemble les deux derniers recueils de Claude Bauwens, publiés à l’Atelier de l’agneau, de même que quelques nouvelles inédites. Sa prose poétique, ample et profuse, nous donne à voir des descriptions de toute beauté : impressions de fin d’été à celles d’automne, en passant par les variations lumineuses et l’immensité du ciel. L’ouvrage, qui pourrait presque se lire comme un roman, est illustré par quelques dessins de l’auteur qui rappellent certains tableaux de Jean Dubuffet : des êtres déformés, terreux, monstrueux, bruts…

Émilie Gäbele