Paul VANDERSTAPPEN, El curandero, M.E.O., 2021, 153 p., 16 € / ePub : 9.99 €, ISBN : 978-2-8070-0264-7
Après avoir vécu deux ans à Santiago, Pablo revient dans sa Belgique natale et décide d’écrire l’histoire de Gloria, une amie décédée au Chili. Il est cependant confronté à un obstacle inconfortable : son incapacité à écrire. Animé par sa volonté de comprendre les émotions qui l’habitent, il franchit la porte du cabinet d’un psy pour tenter d’élucider son blocage. Nous sommes alors amenés à lire des souvenirs et des rêves du protagoniste entrecoupés de nombreux passages introspectifs.
Ayant perdu ses parents très jeune et son frère aîné quelques années plus tard, Pablo n’a pas une histoire banale et son thérapeute l’aide à revisiter ses fantômes et les sentiments qui le hantent sous un autre point de vue.
J’avais attendu plus d’une heure en souhaitant qu’il meure, parce qu’on m’avait dit que son état était critique et que s’il s’en sortait, il serait handicapé à vie. Pour cette raison, j’espérais sa mort, pour lui, pour moi. J’ai vécu l’attente où tout peut basculer dans un sens comme dans l’autre. Puis le soulagement, presque une joie d’apprendre qu’il était mort ! Je brûlais de l’intérieur, presque honteux d’avoir souhaité sa mort. J’étais en enfer, abandonné du ciel et mon avenir semblait plombé une fois de plus !
Pablo comprend alors que les mots sont piégés en lui et refusent de sortir, que ce soient les mots de ses traumas ou ceux de l’histoire de Gloria. S’en suit un lent travail pour apprivoiser pas à pas les mots qui se sont tapis dans sa boîte noire…
Nous suivons les tâtonnements et les tourments du héros qui se met parfois, souvent, en difficulté en tentant de comprendre absolument tout de son psychisme. Ce travail introspectif lui est salutaire, quoique douloureux, et lui permet de se réconcilier peu à peu avec lui-même, entre la Belgique et le Chili.
Dans son premier roman El curandero, Paul Vanderstappen nous dévoile le chemin d’un homme à la recherche de réponses. La frontière entre réalité, souvenirs et fantasmes est parfois floue et reflète assez bien la manière subjective dont toute personne s’approprie son passé et les représentations de ses proches pour les rendre acceptables. La quête de vérité de Pablo le mènera là où il ne s’y attendait pas et elle n’en est que plus juste. On regrettera juste que certaines personnes rencontrées par Pablo semblent mieux le connaître que lui-même, donnant à lire parfois des conversations quelque peu directives.
Séverine Radoux