Le roadbook d’une vie

Un coup de cœur du Carnet

Olivier DUCULOT, Parc fermé, Ovadia, 2021, 210 p., 18 €, ISBN : 978-2-36392-466-7

duculot parc ferméÉté 1977, Arnaud passe un mois de vacances à la Côte d’Azur avec sa sœur jumelle Annabelle et ses parents Georges et Maggy. Du haut de ses sept ans, il observe le monde des adultes, tout en apparences et rapports de domination. Des plus riches sur les moins aisés ; des hommes sur les femmes ; de son père sur sa mère. Juillet touchant à sa fin, le retour en Belgique amène son lot de morosité : fin de la parenthèse ensoleillée, reprise du quotidien en demi-teinte. Au soleil comme sous la grisaille, la vie de famille semble bien réglée, les habitudes et les rôles immuables. Sauf qu’à peine trentenaire et poussée par des événements récents, Maggy décide qu’il est trop tôt pour se résigner. Elle prend les rênes de son destin, en même temps qu’un train vers la ville. C’est le début des bouleversements pour Arnaud et sa famille.

Empruntant l’image des étapes spéciales au monde du rallye automobile qui le passionne, le narrateur revient sur les temps forts de sa vie. Entre sud de la France et région liégeoise ; entre famille dédoublée et cadre scolaire hostile ; entre espoirs et découragements. À chaque âge, il relate les événements mais aussi son ressenti, si bien qu’on assiste à la construction de sa personnalité au fur et à mesure qu’il mûrit.

« J’apprendrai plus tard les vertus de la discrétion et que toute vérité n’est pas bonne à dire. »

« Depuis la rentrée, j’ai noué assez peu de contacts avec mes condisciples. Comme si je n’arrivais pas à aller vers eux, à briser la glace. Comme si eux, de leur côté, refusaient de m’accueillir, comme si je ne pouvais rien apporter au groupe, qu’aucun rôle ne pouvait m’être attribué. (…)
Dans cette école, il n’y a pas de place pour moi. J’ai le sentiment qu’il y a quelque chose chez moi qui, fondamentalement, dérange. »

« Aujourd’hui, je pense qu’il y a plus grave dans la vie que de perdre un championnat ou ne pas gagner une compétition, aussi prestigieuse soit-elle. Tout cela n’est qu’un jeu finalement. »

De l’enfant cynique et sans filtre, à l’adolescent solitaire et mal dans sa peau, puis à l’adulte apaisé qui regarde dans le rétroviseur avec bienveillance, Parc fermé, c’est d’abord l’histoire d’un homme en devenir. Ni héros, ni antihéros, juste un être humain qui se cherche, à l’instar des autres membres de sa famille. Tous sont en quête de liberté, tous cherchent à quitter leur propre « parc fermé ».

Dans un style direct et incisif, Olivier Duculot happe les lecteurs dans un roman dont les pages se tournent toutes seules. On se laisse emporter par le rythme du roman, surprendre par les événements, toucher par les personnages. Mélanges réalistes de qualités et de défauts, les protagonistes sont décrits avec une affection palpable et sans jugements ni éloges. Cette sincérité qui transparaît au fil de la lecture participe sans aucun doute à faire de ce roman un coup de cœur.

Estelle Piraux