Armel Job, raconteur d’histoires

Armel Job

Armel Job vient de publier son vingtième livre. Avec une constance jamais prise en défaut, il construit patiemment une œuvre personnelle, ancrée dans des réalités qui lui sont proches, en auscultant la psychologie humaine et ses multiples facettes, soulevant des enjeux dont les titres Les fausses innocences ou Tu ne jugeras point sont comme des modus operandi. Rencontre.

Le hasard a voulu que nous le rencontrions le samedi 23 avril. Le hasard a bien fait les choses puisque cette date est celle de la San Jordi, patron des libraires, date choisie par l’Unesco pour sa Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. C’est également celle censée commémorer le quatre-centième anniversaire de la mort de Shakespeare et de Cervantès. Enfin, depuis quelques années, on fête ce jour-là la Journée des libraires, qui remercient leurs fidèles lecteurs en leur offrant un livre ainsi qu’une rose, tradition née en Catalogne ! On ne pouvait être placé sous meilleurs signes pour échanger quelques mots avec Armel Job, peu avant une animation et une séance de dédicaces à la librairie livre’s (prononcez l’ivresse) de Marche-en-Famenne, autour de son dix-neuvième livre, Et je serai toujours avec toi, publié chez Robert Laffont. Cette maison d’édition l’accueille désormais depuis 2000 et la publication de La Femme manquée. Au moment d’engager notre entretien, on ne peut s’empêcher d’évoquer cette fête des libraires. « Une journée indispensable, aux yeux de l’écrivain, pour soutenir les vrais libraires, ceux qui lisent les livres qu’ils vendent et qui conseillent leurs lecteurs. »

Une littérature qui se passe en Belgique

Pour nous rejoindre, Armel Job a fait le trajet depuis Fauvillers, sur les hauteurs de Bastogne, où il réside depuis quelques décennies et où il a enseigné le latin et le grec à l’Institut Notre-Dame, avant d’en devenir le directeur à la fin de sa carrière. Le pédagogue a passé le relais à l’écrivain : « J’ai commencé à écrire en vue de la publication relativement tard puisque je ne suis publié que depuis 1995. J’avais 47 ans. Jusqu’alors, la plume me démangeait, mais je n’avais jamais pensé qu’un jour je pourrais être édité. Comme professeur, j’avais l’impression d’être productif dans la sphère des idées, de la création, de l’écrit. Comme directeur, quelque chose me manquait et, dès lors, j’ai tenté ma chance chez des éditeurs. Je ne me suis pas mis à écrire tout à coup à 40 ans, j’avais déjà une passion pour l’écriture, mais quand j’ai entamé La reine des Spagnes, c’était avec le projet de présenter le manuscrit à un éditeur. » L’Harmattan sera le premier à lui faire confiance, en 1995 : « Denys Pryen, le directeur, était séduit par les références au monde rural wallon, il y trouvait une touche originale. Mon travail lui évoquait son enfance. »  Il publiera également La malédiction de l’abbé Choiron, en 1998, réédité en 2011 par Weyrich avec des notes sur le parler wallon et une postface sous forme d’un entretien avec Christian Libens.

Nous le retrouvons donc à Marche, aux Quartiers Latins (on ne pouvait choisir meilleure adresse pour un philologue en lettres classiques !), à la frontière de l’Ardenne, région qui occupe une place importante dans son œuvre. Armel Job en a fait l’essentiel de ses décors. Pourquoi cette quasi unité de lieu, comme on dit au théâtre ? « C’est une drôle de question. On la pose rarement à un auteur français qui situe ses livres à Paris. Ce choix est simplement lié au fait que je suis un auteur belge qui vit en Ardenne. Je trouve naturel de situer mes romans dans des lieux que je connais le moins mal. Cette question est peut-être typiquement belge car très longtemps nos auteurs ont répugné à situer l’action de leurs livres en Belgique, comme si elle n’était pas digne d’accueillir leur narration, avec la crainte d’être catalogués auteurs régionalistes. Du fait que nous utilisons la langue du voisin, il y a comme une gêne ou une pudeur à situer nos romans en Belgique. À une époque pas si lointaine, nos auteurs pensaient devoir s’établir à Paris pour connaître le succès. Pour moi, la notion d’auteur belge n’a pas d’importance. Je suis né, je vis et j’écris en Belgique. C’est ma réalité », conclut Armel Job avec un grand sourire. De retour de Québec où il a participé au Salon du livre avec une belle brochette de nos auteurs et éditeurs, il a pu mesurer la différence d’approche : « Il n’y a pas cette espèce de gêne qu’ont les Belges vis-à-vis de leur pays. Ils n’hésitent pas à introduire des expressions typiquement québécoises dans leurs livres. Lors d’un entretien sur Radio Canada, l’animateur a montré un intérêt pour ce reflet que mes romans offrent de la Belgique. Et jamais mon éditeur français ne m’a demandé que mes livres se passent ailleurs qu’en Belgique. Au contraire, cela l’intéresse que je parle de la réalité belge. La littérature belge, cela devrait être la littérature qui se passe en Belgique. »

À propos de littérature, en quoi une formation en philologie classique et une longue carrière dans l’enseignement des langues et littératures anciennes ont-elles pu l’aider dans son travail d’écrivain ? « J’ai suivi des études classiques parce qu’elles étaient plus conformes à mes goûts littéraires, et classiques car plus scientifiques. L’influence se marque à deux niveaux : comme romancier, j’utilise une méthode philologique, l’étude des textes en allant au-delà de leurs apparences, car ces textes appartiennent à un monde éloigné de nous, ce qui nous oblige à une interpréter. Le romancier que je suis adopte une approche similaire. Ensuite, du point de vue de la langue, être obligé de traduire le génie d’une autre langue dans sa propre langue apporte énormément à l’écriture, tant sur le fond que sur la forme. Pendant des années, je me suis creusé la cervelle pour rendre de la haute littérature classique en français, par exemple la brièveté des effets littéraires de Tacite. Chaque année, je m’astreignais à traduire de nouveaux textes avec mes élèves. »

Une société sous le microscope

La fille du charcutier d’un village dont la mort réveille d’anciennes inimitiés dans Baigneuse nue sur un rocher (Robert Laffont, 2001, rééd. « Espace Nord »), le marchand de chevaux et son apprenti au départ de l’intrigue d’Helena Vannek (Robert Laffont, 2002, rééd. Mijade), ou encore le couple à la petite vie bien rangée du roman Les Eaux amères (Robert Laffont, 2011) : Armel Job, inspiré par le monde qui l’entoure et ceux qui l’habitent, montre un intérêt particulier pour les sans-grades, éloignés de toute mondanité ou de toute réussite ostentatoire. Cet attrait lui vient peut-être de ses origines, un milieu d’artisans modestes (le wallon liégeois est la langue parlée à la maison), mais plus encore de l’angle qu’il offre à l’écrivain. « Plus que rural, le contexte de mes livres est provincial, évoque le monde des petites villes ou des gros villages de province. Je suis intéressé par cet univers car on peut y délimiter plus facilement un microcosme qui se prête mieux à l’observation. Une unité de lieu sur une société délimitée permet  plus facilement de l’ausculter sous le microscope, de la disséquer. Encore une fois, j’essaie d’écrire sur ce que je connais le moins mal. Je ne suis pas un homme de la villeJe me méfie un peu des intellectuels dans un roman car ils risquent d’y introduire un débat d’idées qui ne concerne qu’une infime partie des lecteurs. Si le romancier observe la société, ce qui est son rôle pour moi, il doit se pencher sur les gens ordinaires qui sont majoritaires. Une tendance des écrivains est d’évoquer leur monde, le microcosme auquel ils appartiennent, avec leurs problèmes spécifiques. Je préfère observer le monde des gens simples, souvent négligé, qui mérite pourtant de figurer en littérature comme n’importe quel autre. »

Ajoutons à cela la dimension narrative de chacun de ses livres, souvent construite sur des énigmes ou une intrigue, à travers lesquelles chaque roman trace l’évolution d’une situation, dramatique ou non, qui permet de révéler tout ce que les personnages portent en eux, dans tel temps, tel lieu, telle circonstance, tel climat. La construction habile et la finale en forme de clin d’œil du livre Les Eaux amères ou l’intrigue à rebondissements dans une petite troupe de théâtre régionale perturbée par l’irruption d’une famille kazakhe dans De regrettables incidents (Robert Laffont, 2015) en sont de bons exemples. « La définition du romancier par Giono me convient bien : un raconteur d’histoires. Certains de mes romans ont un ancrage rural, présentent des personnages simples, mais aussi une manière de raconter inspirée de la tragédie grecque, cette évocation de ce qui peut faire la grandeur de l’existence. »

Comprendre et ne pas juger

Régulièrement, les personnages d’Armel Job sont confrontés à des cas de conscience, placés dans des situations où se révèlent d’autres faces d’eux-mêmes, au gré de retournements qui contribuent à l’intérêt narratif des récits jobiens. L’auteur y voit le reflet de réalités omniprésentes : « La société est traversée par des problèmes éthiques et j’essaie de les aborder au mieux. Et ces questions surgissent autant dans la vie provinciale qu’ailleurs. » C’est ainsi que son dernier roman, Et je serai toujours avec toi (Robert Laffont, 2016), met en scène un réfugié qui arrive dans un village de campagne. Celle qui l’accueille tombe amoureuse de cet homme sensible, qui suscite néanmoins des craintes auprès de ses deux fils, jusqu’à ce qu’ils découvrent que l’étranger est un ancien criminel de guerre de l’ex-Yougoslavie. Quel fut le point de départ de ce roman ? « L’arrivée d’une personne dont on ignore tout du passé et dont on découvre au fur et à mesure que c’est un ancien criminel de guerre. J’ai choisi un ressortissant de l’ex-Yougoslavie, mais cela aurait pu être un Rwandais. Ensuite, je suis mon personnage, c’est lui qui m’inspire la suite et parfois des fausses pistes. Elles m’amusent autant que mes lecteurs. J’aime aussi être surpris ! »

Autre roman où un drame contemporain vient frapper à la porte de Monsieur et Madame Tout-le-Monde : Le bon coupable (Robert Laffont, 2013) où un accident de la route entraîne le décès d’une petite fille sans que l’on sache qui fut exactement la cause du drame. « Ces personnalités qui ont frayé avec le pire sont des milliers de par le monde. Qui est victime ? Qui est coupable ? Qui peut juger ? Comment les accueillir ? Je ne suis pas le psychiatre de la société, mais j’observe les gens autour de moi et j’essaie de les comprendre dans le but de me débarrasser moi-même des idées toutes faites, préfabriquées. En passant une année sur un roman à essayer de comprendre mes personnages, la plupart des idées du départ ne résistent pas à l’analyse. Ce qui ne veut pas dire qu’à la fin je sais de quoi il retourne. J’essaie de déstabiliser pareillement le lecteur. » À travers ses romans, c’est à des interrogations quasi philosophiques sur le Mal et le Bien, la culpabilité et l’innocence, qu’invite Armel Job, à l’instar de celui qui porte un titre emblématique : Tu ne jugeras point (Robert Laffont, 2009), lauréat du prix des Lycéens.

Comprendre et ne pas juger, selon la formule de Georges Simenon, dont les romans policiers ont pu inspirer Armel Job dans cette manière de camper des atmosphères : « Simenon est un génie de la littérature. Je l’ai beaucoup lu dans ma jeunesse. Mais la référence est facile, car tout le monde croit le connaître, alors qu’il est plus complexe qu’on imagine. Ce que je retiens chez lui, c’est cette attention aux êtres humains, en tentant de comprendre les ressorts de leurs actions, tout en s’abstenant de faire de la morale. Tous les grands romans sont fondés sur l’interrogation de monde plus que sur l’affirmation. Ils remettent en question, ils déstabilisent. »

Curieusement, alors qu’il aime explorer des décors et des ambiances qui lui sont familiers, Armel Job n’a encore jamais situé ses romans dans une école, alors que le monde scolaire a été le lieu où il a passé le principal de sa vie. « Si j’écrivais ce genre de roman, il risquerait d’être lu comme un roman à clés et je craindrais de choquer involontairement des gens que j’estime. Il y a des sujets que je n’aborde pas par respect pour les personnes avec lesquelles je vis. »

Des histoires dans l’histoire

Plusieurs des romans d’Armel Job prennent l’Histoire comme toile de fond, la Question Royale dans Le conseiller du roi (Robert Laffont, 2003), le récit d’actions attribuées aux maquisards durant la guerre, notamment à la suite du crash d’un avion allemand dans Le commandant Bill (2008), aux éditions Mijade ou encore la collaboration à Liège au cœur de Dans la gueule de la bête (Robert Laffont, 2014), « Je n’écris pas de roman historique comme a pu le faire Alexandre Dumas. Je ne veux pas que le lecteur ait des personnages célèbres comme références. Dans mes romans, l’Histoire est un décor et j’essaie d’aller voir comment des êtres particuliers vont se situer et réagir par rapport à des circonstances historiques. Ainsi, dans Le conseiller du roi, je m’intéresse principalement à la vie du personnage central, ses relations avec sa femme, avec sa maîtresse. Quand l’Histoire me sert de référent, je veille néanmoins à ce que les événements soient véridiques. En écrivant Dans la gueule de la bête, je me suis focalisé sur ces trous de l’Histoire, par le biais de personnages fictifs, pour en reconstituer l’épaisseur humaine. Celle-ci n’a pas de place dans les études historiques, car c’est une science qui ne s’embarrasse pas des individualités. »

Ceci étant, Armel Job s’intéresse aussi à des réalités contemporaines. Loin des mosquées (Robert Laffont, 2012), par exemple, raconte le choc des cultures et des religions à travers des amours mixtes.

Et si on ne devait retenir qu’un seul de ses livres, à ce stade de son œuvre, Armel Job hésite, réfléchit, tergiverse et opte finalement pour Les fausses innocences (Robert Laffont, 2005) : « J’ai eu de la chance de trouver cette intrigue et j’aimais beaucoup les personnages. Tous mes romans sont à peu près de la même veine. »

Pas très catholique

Depuis qu’il a décidé de se retirer de l’enseignement et de s’adonner régulièrement à l’écriture (de 8h à 12h, chaque jour, nous confie-t-il), Armel Job a acquis un rythme de publication digne d’Amélie Nothomb (et d’autres). Aussi, alors que nous le rencontrons à la suite de la sortie de Et je serai toujours avec toi, se préparait un nouveau livre, le vingtième !, qui sera sorti à la publication de cet article, un recueil de nouvelles cette fois, publié dans la collection « Plumes du Coq », aux éditions Weyrich. Un recueil intitulé Histoires pas très catholiques. « J’ai écrit pas mal de nouvelles dont la plupart sont déjà parues en revues ou en ouvrages collectifs. Celles de ce recueil se situent évidemment en Ardenne et ont toutes un lien avec la religion catholique. Après les avoir un peu retravaillées, j’ai également fait en sorte qu’au moins un personnage croisé dans une nouvelle se retrouve dans une autre. » C’est ainsi que trois histoires, publiées sous le titre Le Saint Sacrifice aux éditions Le Grand Miroir, créées par Stéphane Lambert et aujourd’hui disparues, évoquent un prêtre qui établit le bilan de sa vie au moment de mourir d’un cancer, la fille dont il a été amoureux et la mère de cette dernière, autour de l’idée de la répression sexuelle.

Cette présence de la religion dans son œuvre n’est pas neuve. Elle constituait déjà l’arrière-plan d’un autre recueil de nouvelles, La femme de saint Pierre (Labor, 2004) et d’un roman, Les Mystères de Sainte Freya (Robert Laffont, 2007). « Je viens d’une époque marquée par une éducation religieuse, rigide, et je suis resté très intéressé par les questions religieuses et éthiques. J’ai écrit une pièce de théâtre intitulée Le concile de Jérusalem, qui relate la rencontre entre Paul, Pierre et Jacques, le frère du Christ. Elle vient d’être montée par Jean-Claude Idée au Théâtre du Gai Savoir à Liège, à celui de la Place des Martyrs à Bruxelles et au Théâtre 14 à Paris. Je voulais montrer des gens vraiment modernes, avec des dialogues musclés. »

Tracer des horizons

Il est un aspect moins connu de l’engagement en littérature d’Armel Job, moins visible que ses romans, mais qui contribue néanmoins à mettre en avant le travail de collègues écrivains. Outre le soutien qu’il apporte à certains en préfaçant l’un ou l’autre de leur livre, Armel Job est aussi à l’origine d’ouvrages collectifs. « Cela tient à ma sympathie pour les auteurs belges car nous avons énormément de talents chez nous. » Il s’y attelle une première fois avec Christian Libens, grâce à l’Institut du Patrimoine Wallon, qui édite Suivez mon regard ! Coups d’œil littéraires sur la Wallonie et son patrimoine. Un fort volume qui rassemble quarante auteurs et quarante illustrateurs inspirés par des lieux évocateurs des cinq provinces. « J’aime établir des relations de sympathie avec les écrivains. Peut-être, comme ancien prof, est-ce une manière de reconstituer des classe ?», ajoute-il en riant. « Car le travail d’écrivain est surtout solitaire. »

Armel Job rééditera ce genre de démarche avec Amour, amour, publié aux éditions Weyrich. Il s’y entoure de neuf auteurs : Bernard Gheur, Geneviève Damas, Jean Jauniaux, Françoise Lalande, Daniel Charneux, Eva Kavian,  Xavier Deutsch, Dominique Costermans et Nadine Monfils, en leur soumettant un extrait du Lion amoureux de Jean de la Fontaine : Amour, amour, quand tu nous tiens, On peut bien dire: «Adieu prudence!» Dix nuances qui n’ont rien de gris sur l’amour dans toutes ses formes, dix palettes de couleurs, de rythme et de finesse, loin des recettes toutes faites sur le sujet. « J’ai d’autres projets de collectifs, notamment avec Eva Kavian, plutôt à destination des écoles, un public que j’apprécie particulièrement. »

Georges Simenon

Depuis deux ans, Armel Job est également président du jury du prix Simenon de la ville des Sables-d’Olonne, une fonction à laquelle il a succédé à Régine Deforges. Il en a été lui-même lauréat en 2010 pour Tu ne jugeras point. Remis en juin lors du festival Simenon qui se déroule depuis 1999 aux Sables-d’Olonne, le prix est attribué par un jury composé de passionnés de l’œuvre simenonienne. Armel Job est surtout le créateur du Prix Horizon et du Festival du deuxième roman francophone qui lui est lié. Tous les deux ans, six livres sont présélectionnés et soumis à plusieurs dizaines de comités de lecture composés d’au minimum six personnes, ce qui fait du prix Horizon un des prix littéraires les plus populaires qui soient. Qui plus est, les six romans sont offerts à chaque comité de lecture, par la ville de Marche-en-Famenne où se déroule le festival. « Nous avons cette année 178 comités de lecture en Belgique et 26 en France grâce à une collaboration avec la Région de Champagne-Ardennes, ce qui veut dire que 204 fois six romans sont envoyés , détaille Armel Job, fier de soutenir de la sorte la lecture et l’édition. Je reste un pédagogue et cela m’intéresse de faire lire des gens. En trois éditions du prix (ndlr : 2012, 2014, 2016), nous sommes passés de 78 comités à 204. De plus, ces lecteurs se réjouissent d’en rencontrer d’autres animés par la même passion. C’est aussi pour eux et pour le public l’occasion de découvrir des auteurs généralement peu connus. Les auteurs, eux, sont heureux de voir leur deuxième roman salué. » À ses yeux, il s’agit d’« aider les jeunes écrivains à franchir la difficile étape éditoriale que constitue souvent le deuxième roman. On estime que 65% des auteurs de premier roman ne publient pas davantage. Par ailleurs, le deuxième roman, souvent mieux que le premier, affirme la vocation d’un auteur. Il est souvent celui qui annonce une carrière. » Comme à chaque édition biennale, cette manifestation littéraire s’est terminée un samedi de mai. Après les rencontres entre auteurs et lecteurs dans différents lieux de Marche-en-Famenne, suivit le vote, individuel et à bulletin secret pour la désignation du lauréat dans la grande salle du WEX. Pendant le dépouillement, un spectacle gratuit de Bruno Coppens, créé spécialement pour l’occasion à partir des six romans présélectionnés ainsi qu’une animation musicale confiée à Julie Bailly de l’Opéra de Wallonie, ont été offerts aux participants, qui étaient 1500 (!) en 2014. Une séance de signatures a terminé la soirée avec la participation des libraires de la province de Luxembourg. Une manière de stimuler la lecture auprès d’un large public de manière conviviale et ludique.

Michel Torrekens


Article paru dans Le Carnet et les Instants n° 191 (2016)