Éric-Emmanuel Schmitt, L’élixir d’amour

Éric-Emmanuel Schmitt épuise l’élixir

Éric-Emmanuel SCHMITT, L’élixir d’amour, Albin Michel, 2014

schmitt l elixir d amourChaque année,  la rentrée littéraire regorge de marronniers en tous genres. Le roman d’Éric-Emmanuel Schmitt publié aux éditions Albin Michel fait partie de ceux-là. Or, disons-le d’emblée, si l’an dernier, Les perroquets de la place d’Arezzo avait de quoi séduire les amateurs de littérature contemporaine, son dernier opus, L’élixir d’amour est nettement moins intéressant.

L’histoire qui se déploie sous la plume de l’académicien est simple : Adam et Louise, deux anciens amants, vivent aujourd’hui à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, l’un à Paris, l’autre à Montréal. Ils évoquent par lettre les blessures du passé, tout en abordant leur situation amoureuse actuelle. Rencontres, mensonges, attirances, les courriers s’enchainent sur des thèmes connus, dans une écriture qui n’évite pas, elle non plus, ni stéréotypes, ni les mauvais codes stylistiques : « N’oublie pas que je m’installe à Montréal, ce qui me contraint à régler de nombreux problèmes – papiers administratifs, déclaration fiscale, loyer, décoration. Certes, le cabinet d’avocats qui m’a engagée m’accompagne en ces démarches mais il me confie déjà des clients dont je dois étudier les dossiers. » Les deux personnages principaux, des Roméo et Juliette modernes,  se décrivent au gré de leur production épistolaire et se séduisent au travers de missives plus ou moins longues. La fin – attendue – de l’ouvrage ne rehausse malheureusement pas une intrigue trop légère pour un écrivain de la trempe de Schmitt.

Certes, avec L’élixir d’amour, ses prétentions ne sont certainement pas aussi élevées que d’autres opus de sa bibliographie – on se souvient du très bon Oscar et la dame rose. Cependant, on aurait quand même aimé plus d’épaisseur dans un roman qui ne présente guère d’intérêt, ni dans la narration, ni dans la l’écriture. La création romanesque ne se limite pas à l’exploitation d’élixirs magiques…

Primaëlle Vertenoeil


Article paru dans Le Carnet et les Instants n°183 (2014)