Jean-Marc Rigaux, Nouvelles d’Est

Neufs regards insolites sur l’Allemagne

Jean-Marc RIGAUX, Nouvelles d’Est, Murmure des Soirs, 2014

rigaux nouvelles d'estDes incursions, sous forme de portraits, dans l’histoire contemporaine de l’Allemagne, notamment à partir des traces mémorielles de la Deuxième Guerre Mondiale et une certaine forme de fantastique surgissant dans le quotidien : tels sont les ingrédients du recueil de neuf nouvelles que publie l’avocat liégeois Jean-Marc Rigaux sous le titre Nouvelles d’Est.

Des textes d’une vingtaine de pages, aux thématiques variées : on passe d’un garçonnet jubilant au cours du bombardement de Dresde à la fin de la Deuxième Guerre mondiale à un récit d’anticipation à base de téléportation qui se déroule à Stuttgart, patrie de Daimler-Benz ; de l’étonnant pari d’un pasteur protestant de Worms qui s’en va visiter la chapelle Sixtine pour confirmer ce qu’il croit fermement (à savoir que Dieu existe) à l’histoire d’une femme aveugle qui, en recouvrant la vue, offre une compétence inédite à l’industrie optique de la société Zeiss, d’Iena ; des mésaventures d’un retraité dont la piscine paraît animée d’étranges initiatives à l’histoire d’un Malmédien qui, d’une seconde à l’autre, ne parvient plus à s’exprimer qu’en allemand, alors qu’il doit prêter serment en français pour devenir membre de la Confrérie de l’Omelette Géante.

La nouvelle la plus longue, mais aussi la plus dramatique, s’intitule « Les sept ponts de Königsberg ». A travers des rêves récurrents qui lui font traverser les ponts reliant entre elles les différentes parties de la ville balte de Königsberg (devenue depuis l’enclave russe de Kaliningrad), un informaticien employé chez Deutsche Telekom à Darmstadt découvre progressivement le secret de ses origines que sa mère lui avait jusque-là dissimulé.

L’insolite ou le fantastique introduisent habilement des touches d’humour ou d’ironie dans ces intrigues concises, mais bien charpentées, inspirées par des sujets souvent étonnants.

René Begon


Article paru dans Le Carnet et les Instants n°182 (2014)