Émilie GÄBELE
Le mythe du vampire ne date pas d’hier. Depuis le XVIIIe siècle, nombre de romans, films, bandes dessinées et pièces de théâtre puisent leur inspiration dans ce terreau fertile. Thierry Debroux propose une pièce amusante où l’on retrouve les fameux attributs du vampire et les légendes qui courent sur son compte. Il explore cet univers gothique et fantastique, transposé au XXIe siècle.
Deux vampires, Isadora et Amenhotep, se réveillent d’un long sommeil. Le choc est au rendez-vous. C’est qu’il s’en est passé des choses en cent treize ans, trois mois et dix-huit jours. Un domestique est présent pour les accueillir et les guider dans cette ère nouvelle. Le TGV, le GSM, l’Internet, Google, Facebook, Wikipédia… tant de noms inconnus leur sont révélés. Ils ne sont pas au bout de leur peine. Ils ont terriblement faim. Une petite coupe de sang, rien qu’une seule. Mais le monde a bien changé depuis leur dernier réveil. Les êtres humains polluent la terre et leur corps. Leur sang est contaminé par les médicaments, les opérations chirurgicales, la nourriture qu’ils ingurgitent, la pollution de l’air, et pourrait engendrer d’importants dégâts à quiconque le boirait. Le syndicat des vampires, qui règne en maître, a mis au point un sang synthétique, sans danger aucun, mais sans aucun goût non plus. Un parc d’attractions convoite également le terrain et le sinistre manoir de nos deux suceurs de sang. Le lieu serait idéal, paraît-il, pour y jouer une comédie musicale à succès. Le metteur en scène Tom Burton – à ne pas confondre avec un autre réalisateur – accompagné d’une jeune comédienne, viennent visiter les lieux. La rencontre risque d’être explosive.
Thierry Debroux aime composer des rôles sur mesure pour des comédiens. Avec ce texte, il offre à José van Dam un rôle de vieux vampire dragueur, amateur de Mozart et de chant lyrique. Sa compagne sur scène n’est autre que la talentueuse Jacqueline Bir, en femme jalouse et paniquée à l’idée de vieillir. Comme souvent, Thierry Debroux utilise le procédé de la mise en abyme. Coups bas, tromperies, chamailleries, révélations et touches humoristiques sont au rendez-vous. Toutefois, malgré ces ingrédients appétissants et le coup de théâtre final, le texte ne réserve que peu de surprises.
Thierry DEBROUX, Vampires, Carnières, Lansman, 2015, 60 p., 10€
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