Et les ailes continuèrent de se déployer…

Brigitte JACQUES L., Aurélia JACQUES, Dis, est-ce que ça repousse les ailes ? Un voyage intérieur…, BC Jacques, 2016, 85 p., ISBN :  978-2-9601269-1-4

jacquesÉdité à compte d’auteur,  Dis, est-ce que ça repousse les ailes, fait figure d’exception dans le paysage littéraire belge francophone. Ouvrage en prose poétique réédité plusieurs fois durant un quart de siècle,  ce « voyage intérieur », comme l’indique le complément du titre,  invite les jeunes (et moins jeunes) lecteurs à réfléchir au monde qui les entoure.

Lorsque la Verviétoise Brigitte Jacques entreprend l’écriture de Dis, est-ce que ça repousse les ailes?, elle ne le destine qu’à ses propres enfants. Le texte mûrit durant quelques années et lorsque sa fille Aurélia l’illustre, c’est à compte d’auteur qu’il est publié pour la première fois en 2003, avant d’être republié en autoédition. Depuis, « 30000 exemplaires ont pris leur envol », distribués en Belgique, en France et en Suisse, et le texte a même vu sa traduction en anglais poindre son nez.

Avec son format oblong et ses illustrations teintées de gris, ce livre détonne sur les présentoirs des librairies. A priori, la couverture aux allures de faire-part porteur de mauvaises nouvelles était peu attirante. Pourtant, cet ouvrage mérite d’être ouvert, compulsé, puis lu plus attentivement. Il invite rapidement à une autre lecture, celle des images douces et délicates dans lesquelles nous rencontrons Mélodie, petite fille qu’on devine espiègle et curieuse. Et nous découvrons le récit de sa  rencontre avec un oiseau blanc (jamais représenté : remarquable idée!), qui, avec douceur, poésie, délicatesse, et beaucoup de sagesse, aide Mélodie à trouver sa place dans un monde qui se révèle parfois compliqué à appréhender.

C’est très important de se savoir jardinier
c’est très important de vouloir un beau jardin
parce qu’en réalité

c’est dans le jardin de chacun que le monde se dessine.

Avec ce conte initiatique et philosophique où imagination et réalité s’entremêlent, sollicitant nos sens et notre attachement à la société qui nous entoure, l’ombre du Petit Prince de Saint-Exupéry, plane et côtoie celle de Tistou les pouces verts de Druon, d’un certain chat de Sepulveda ou encore de Jonathan Livingstone de Bach. Le propos peut parfois sembler simple et teinté de bons sentiments, mais il n’en demeure pas moins intemporel, très actuel et dès lors digne d’intérêt.

Natacha Wallez