Anne-Sophie VANDERBECK, Un mètre soixante-huit de chair rose, Academia, 2017, 216 p., 19 € / ePub : 14.99 €, ISBN : 978-2-8061-0359-8
Mélange étrange de nouvelles qui n’ont rien en commun, écriture variée et changeante, Un mètre soixante-huit de chair rose se rapproche de l’embrouillamini. Mais – puisqu’il y a toujours un mais – on se trouve quelque peu abasourdi en terminant ce recueil. Dans le bon sens du terme.
Les recueils de nouvelles pèchent parfois par manque de cohérence ou, au contraire, par excès d’harmonie, échouant face à la difficile tâche d’être originaux. Curieusement, le livre de Sophie Vanderbeck combine ces deux défauts – ou peut-être qualités ? Empreintes de douceur et de nostalgie, ces vingt-cinq histoires parlent de sujets souvent difficiles et compliqués mais sans jamais être larmoyantes. D’une enfant séquestrée à la perte d’un monde, de la solitude à la vie d’une femme battue, on touche du doigt des pans de vie qui semblent si proches, si poétiques et si doux.
Et pourtant. Pourtant, ces vingt-cinq nouvelles sont profondément différentes l’une de l’autre et uniques. Chacune a sa propre écriture et on salue ici la maitrise de la langue de l’auteure. La formulation de certaines nouvelles dérange profondément. Celle des autres subjugue. Langage parfois enfantin, parfois poétique, parfois opposé à toute grammaire : Anne-Sophie Vanderbeck, dès son premier livre, nous prouve qu’elle touche à tout, qu’elle écrit tout.
Il est compliqué de se retrouver autant entre deux eaux face à un livre. On en adore la moitié, l’autre moitié révulserait presque. Pourtant, c’est aussi ce qui pousse à croire qu’il s’agit là d’une petite merveille en son genre. Un livre qui vous apporte tant d’émotions diverses et variées mais que l’on a tout de même hâte de terminer, est forcément un bon livre.
Et puis, l’intérêt premier, finalement, est d’avoir autant d’histoires en une seule. Courtes bribes de vies touchantes et émouvantes, désarmantes et disloquées. Les mots fusent, les genres se mélangent. Futurisme et policier se côtoient. Surtout, il y a une vraie beauté dans le fait de n’effleurer que du doigt ces personnages à peine décrits et pourtant si construits.
Joli recueil de sujets difficiles, qu’on conseillerait pourtant presque en lecture du soir tant l’ambiance générale est douce et poétique.
Lysis Mettens