Le Carnet : 36 ans d’existence et 200 numéros

Paru pour la première fois en décembre 1982, Le Carnet et les Instants fêtait en ce mois d’octobre 2018 son 200e numéro. Collaborateurs de la revue, écrivains et professionnels du livre se sont rassemblés le samedi 20 octobre à la Maison européenne des autrices et des auteurs (MEDAA) pour célébrer ce cap important de l’histoire du périodique. 


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Trente six-ans d’histoire

Décembre 1982 : l’Association Promotion des Lettres belges de Langue française publie le premier numéro du Carnet et les Instants, sous la forme d’une feuille A4 pliée en trois et imprimée en recto-verso. Le feuillet se veut un « bulletin qui fait écho à la fois aux textes publiés ici et là par des auteurs belges (Le Carnet) et à diverses formes d’animations (Les Instants) qui entoureront la parution d’un livre ».

Janvier 1992 : pour son 71e numéro, Le Carnet et les Instants se mue en une revue au format 21 x 23 cm. Les articles sont plus nombreux. Plus développés, aussi. « Le Carnet et les Instants, sous la forme héroïque du bloc-notes que l’on trimbale en poche, a vécu. Il ressemblera désormais à un vrai magazine. Il faudra s’y faire », écrit Jean-Luc Outers en préambule à ce premier numéro nouvelle formule.

Janvier 2015 : Le Carnet et les Instants se dédouble. La revue papier se concentre désormais sur Le Carnet : les articles de fond, les interviews, les analyses. Les Instants passent quant à eux sur un blog qui accueille les recensions d’ouvrages et la bibliographie, et suit l’actualité littéraire belge au quotidien.

Octobre 2018 : Le Carnet et les Instants fête sa 200e livraison, la 130e sous le format magazine.

200 numéros pour une fête

Au cours de ses trente-six années d’existence, Le Carnet et les Instants a beaucoup changé, mais ses principes fondamentaux demeurent : la promotion de la littérature belge de langue française dans sa diversité (d’où l’ouverture, depuis quelques années, à la bande dessinée et à la littérature de jeunesse), la qualité des articles, rédigés par de fins connaisseurs de nos Lettres, et la gratuité de l’abonnement.

La Direction des Lettres du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui édite Le Carnet et les Instants, a souhaité célébrer cet anniversaire de la revue. C’est pourquoi le n° 200 est une livraison spéciale, qui propose un parcours rétrospectif dans l’histoire de la revue à travers un florilège d’articles.

La Direction des Lettres a par ailleurs convié collaborateurs de la revue et professionnels du livre à une soirée festive, le 20 octobre à la Maison européenne des autrices et des auteurs. Cet événement a été l’occasion d’évoquer le passé et le présent de la revue. Michel Lambert et Joseph Duhamel, anciens rédacteurs en chef, ont évoqué leur vision du Carnet et les Instants et des Lettres belges, et livré anecdotes et souvenirs.

Vincent Tholomé, chroniqueur régulier du Carnet, auteur et performeur, a prêté sa voix et sa présence à plusieurs textes mémorables parus dans la revue. Dans un premier temps, il a lu trois « cartes blanches », signées respectivement par Jacques Izoard (n° 76, 1993), Claire Lejeune (n° 79, 1993) et Christine Aventin (n° 83, 1994). Sur un mode plus léger, il a ensuite repris des textes issus du 100e numéro, paru en novembre 1997, pour lequel quelque cent quinze écrivains belges avaient donné un texte inédit sur le thème « J’ai cent ans » : Pierre Alechinsky, Jacqueline Harpman, Liliane Wouters, Alexis Gayo, Marcel Moreau, un auteur « désirant garder l’anonymat », Amélie Nothomb et Thomas Gunzig ont tour à tour été évoqués.

 

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C’était le numéro 100!

Pour l’anniversaire du Carnet, Daniel Simon, contributeur du dossier « J’ai cent ans », éditeur, écrivain et aujourd’hui chroniqueur de la revue, livre ses impressions dans un texte inédit. 

Pour Le Carnet et les Instants et Nausicaa Dewez

C’était le numéro 100 !
Le Carnet nous avait demandé d’écrire un texte dans lequel nous nous projetterions dans l’avenir.
La demande était simple et singulière.
L’avenir était opaque, des éclaircies de lucidité me laissaient cependant entrevoir ce qui serait peut-être, et ce qui ne serait plus.
J’habitais place Flagey, au pied de la statue de Fernando Pessoa.  Je m’asseyais là régulièrement sur le banc pour lire sous le regard de bronze du poète. J’écrivis donc mon texte en pensant à cet endroit précieux.
En quelques mots je racontais brièvement le récit d’un certain Daniel Simon, retrouvé mort, paisiblement assis sur ce banc, le dernier numéro du Carnet à la main.
Le texte fut publié et quelques jours plus tard, relevant mon répondeur téléphonique, je découvris un message qui me bouleversa.
Une dame d’un certain âge, à la voix tremblotante et chantante me disait « Monsieur Simon, je viens d’apprendre que vous êtes mort et pourtant je vous ai vu samedi à l’Hôtel de Ville, vous remettiez un prix au nom de la SACD… Ça a dû aller si vite ! »
Je ne savais que penser… « … dites-moi, voulez-vous bien me téléphoner si vous êtes vivant, j’espère que vous êtes vivant, merci de me le dire… ».
La dame me laissait son numéro de téléphone et le soir nous parlions. Elle me dit sa joie d’entendre ma voix et moi de découvrir la sienne.
Cent numéros plus tard, je pense toujours à celle qui éclaira de façon magique l’avenir qu’on me demandait d’imaginer.
Je ne sais si je verrai le numéro 300 mais l’écho de cette voix m’accompagnera peut-être encore jusque-là.
Merci au Carnet pour ce petit miracle.

Daniel Simon, octobre 2018

 

 


Photos : Audrey Hugé