La Route de Los Angeles

Daphné TAMAGE, À la recherche d’Alfred Hayes, Maurice Nadeau, 2022, 208 p., 19 €, ISBN : 9782862313191

tamage a la recherche d alfred hayesApolline, Apo pour les intimes, n’a, depuis la fin de ses études de cinéma, qu’une seule obsession : devenir une autrice célèbre !

Mais, est-ce bien de cela, uniquement de cela, qu’il est question dans À la recherche d’Alfred Hayes, le premier roman de Daphné Tamage ?

C’est à une quête multiple ou à de multiples quêtes que nous assistons à la lecture de ces 196 pages.

Quête de la célébrité, bien entendu.

Quête de soi.

Quête d’une époque idéalisée et révolue.

Quête d’Alfred Hayes, bien évidemment.

C’est également au récit du projet d’écriture d’une biographie que nous prenons part.

Et c’est un des points forts du roman. Sous prétexte de faire des recherches sur un scénariste, avec comme objectif d’être publiée, Apolline écrit sur elle-même et l’objet de son récit devient cette quête.

Autrement dit, le roman que nous lisons est le récit de sa volonté de réaliser une biographie qui, au final, ne s’écrira pas.

D’autre part, difficile de ne pas s’interroger sur les liens, les ressemblances que nous, lecteurs, aurions envie de tisser entre l’autrice et son personnage.

Mais, reprenons :

  • Alfred Hayes.
    Personnage réel.
    Né à Londres en 1811. Mort à Los Angeles en 1985.
    Scénariste, poète et écrivain.
  • Apolline Avenarius.
    Jeune diplômée.
    Belge.
    Bien entourée mais tellement obsédée par son désir de gloire et d’accomplissement personnel qu’elle en devient égoïste et néglige son entourage.

L’entourage 

Famille, amis, des personnes sur qui elle peut compter, sur qui elle peut se reposer (trop peut-être parfois) au risque de les blesser, les abîmer, les perdre.

Tout ce temps, j’avais été un bulldozer, un humain en extension, un conquistador…

Des hommes, qui la poussent vers le haut, qui la rendent un peu plus vivante (Philéas, Hank, Vincent, Luke).

Un homme qui en abuse (Pierrot).

Une amie qui suscite tant admiration que jalousie (Erica).

Une famille.

Les lieux 

Et puis, il y a les lieux, la géographie du récit. Parfois très précise, d’autres fois plus vague.

Rome. Bruxelles. Le terrain vague. La ville-monstre. Los Angeles. Chez Gran’Ma.

Les échecs 

Comme le dit très justement Hank : « Une charmante jeune femme, pourvue d’un très grand ego, se met en tête de partir à la recherche d’un scénariste américain qui la fascine… d’échecs en échecs… elle ne trouve rien d’autre qu’elle-même ».

 Je n’étais pas l’auteure géniale, la fille qui partait de rien pour toucher l’immortalité.

Le parcours d’Apolline comporte son lot d’échecs et de déconvenues. Un premier roman écrit à Rome. Une tentative de thèse. Une bourse manquée. Une famille qui n’y croit pas ou peu, qui considère qu’écrire n’est pas un métier. Un détour par la baraque à frites du tonton.

À l’univers d’la frite, jamais de hic.

Le feu 

Et enfin, il y a le feu.

Celui qui ravage les collines de Los Angeles, mais aussi et surtout, celui qui la brûle de l’intérieur. Celui qui l’obsède (devenir une autrice célèbre), celui qui la pousse à s’accomplir, à se sauver.

Et, après s’être (un peu) trouvée, Apolline est prête, disponible pour porter, aider et sauver ceux et ce qui peut encore l’être.

Pour conclure 

En 1976, Alfred Hayes est le scénariste de l’adaptation cinématographique de L’Oiseau bleu de Maeterlinck. Tyltyl et Mytyl doivent eux aussi y accomplir une quête. Hasard ?

David Dusart