Retour vers le passé

Alexandra STREEL, Anienda. Et la fin d’un monde (tome 4), Rebelle éditions, 2023, 336 p., 19,90 € / ePub : 4,99 €, ISBN : 978-2-35602-030-7

streel anienda 4Le dernier opus de cette tétralogie nous immerge dans la cité d’Anienda deux ans après les péripéties du tome 3. Le héros de la saga, Elwyn, y était décédé lors d’un combat et Maïna, sa complice, avait traversé un long deuil pour panser la blessure de la perte. Le récit débute ici sous de meilleurs auspices, car Maïna a découvert qu’Elwyn était toujours vivant dans le monde des Hommes, mais amnésique de tout ce qu’il avait vécu de magique. Elle vient le chercher afin de l’inviter à se souvenir de son identité et du rôle clé qu’il a à jouer dans la guerre contre Yrgalon. Celui-ci rassemble en effet des troupes imposantes de soldats et décime les peuples opposés à lui, il est prêt à tout pour assouvir sa soif de pouvoir, de vengeance et conquérir les différentes cités d’Anienda.

Afin d’éviter l’échec dévastateur de la guerre décrite dans le tome précédent, Maïna décide de faire ce que personne n’a jamais osé faire auparavant : elle retourne dans le passé, juste avant le moment où Elwyn a été tué, pour tenter de réécrire l’histoire et vaincre Yrgalon. Après un petit temps d’adaptation, Elwyn et Maïna retrouvent le lien particulier qui les unit et se lancent dans des entraînements quotidiens afin d’exploiter leurs pouvoirs magiques et d’invoquer les esprits des éléments avec le plus d’efficacité possible.

– C’est incroyable que tu sois parvenu à ce niveau en si peu de temps, dit-elle quand il eut terminé son récit.
– Ormial pense que ma nature mixte n’est pas étrangère à cela.
– C’est fort probable, en effet. Pendant longtemps, les différents peuples se sont opposés au métissage. Ils pensaient que les sang-pur étaient plus puissants, plus nobles, qu’ils avaient plus de pouvoirs. Et pourtant, de nombreux hybrides se sont trouvés être de très grands Elniens. Tu ne dois pas penser que ta nature te définira, ni qu’elle te limitera. Je suis persuadée du contraire.

Lorsque la guerre débute, Maïna revit toutes les étapes déjà vécues, mais avec ses connaissances du désastre de la première fois, elle tente constamment de protéger la cité là où elle a été brutalement assiégée et de trouver des alliés qui pourraient démanteler les troupes d’Yrgalon, une mission délicate au vu de la diversité des peuples.

– « Nous » ? Cela sous-entend-il que tu envisages de partir avec eux ?
– Bien sûr.
– La dernière fois que l’héritière est partie en guerre, elle est morte et sa descendance directe également. Armiale et Elméane sont mortes toutes les deux dans votre guerre. Tu ne peux priver les elves de leur meneuse. L’Opsioni vous a fait tellement de dons, il me semble avoir oublié celui de la sagesse.
Iryane regarda Torwald et tour à tour chacun des six autres prayeurs.
– Je suis l’héritière de l’Erynn, c’est à moi qu’il revient de prendre les décisions. Je ne laisserai pas mon peuple, mais je ne laisserai pas mes amis, ceux qui m’ont libérée de mon sort, là-bas à Elenion. Je ne les laisserai pas se battre seuls contre une menace générale.

Dans cette guerre, Maïna est accompagnée de ses fidèles amis présents dans les tomes précédents : nous retrouvons avec plaisir Neour, Lil, Elouan, Elwyn, Ormial et Melidan, mais Maïna traverse tout de même cette épreuve en solitaire, étant donné qu’elle est la seule à savoir que cette guerre se joue pour la deuxième fois. La responsabilité pèse sur ses épaules, mais l’espoir de réécrire l’histoire avec une issue favorable la pousse à tenter le tout pour le tout. Elle doit régulièrement lutter avec ses amis pour leur imposer la solution qu’elle estime la meilleure afin d’éviter le pire, ce qui suscite de l’incompréhension et nécessite de l’obstination pour Maïna, de la confiance en leur leadeuse pour ses amis. Arriveront-ils à sauver le monde malgré les inconnues et leur force relative ?

Dans Anienda. Et la fin d’un monde, nous retrouvons l’imaginaire foisonnant d’Alexandra Streel à travers une multitude de détails qui donnent corps au peuple d’elves, à leurs pouvoirs magiques et aux créatures fantastiques qui cohabitent avec eux. Plusieurs personnages que l’on croyait disparus réapparaissent grâce à des subterfuges classiques, magiques ou non. L’autrice nous donne à lire un récit en fantasy parsemé de nombreuses ellipses qui ne sont pas toujours annoncées clairement. La saga est donc plutôt à conseiller à des bons lecteurs de 10-12 ans afin qu’ils puissent trouver facilement leurs marques dans le dédale des différents espaces-temps.

Séverine Radoux

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