Pascal VREBOS, La chair déchirée d’une petite griotte noire, M.E.O., 2022, 64 p., 10 € / ePub : 6,49 €, ISBN : 2807003532
Avec La chair déchirée d’une petite griotte noire, Pascal Vrebos propose, aux éditions M.E.O., un court roman portant sur la thématique du viol et du traumatisme qui en découle, de la difficile et douloureuse reconstruction de l’individu.
Tout au long du roman, une jeune femme du nom de Mariama conte son histoire au lecteur. Personnage qui se veut universel, elle a ses racines sur le continent africain. Un jour, un projet d’étude l’a menée quelque part en Europe où elle a posé ses valises. Là, elle a fait l’expérience de la haine raciale et de la cruauté. Sa chair, nous apprendra-t-elle, y a été déchirée. Continuer la lecture →
Lucas BELVAUX, Les tourmentés, Alma, 2022, 352 p., 20 € / ePub : 12,99 €, ISBN : 978-2-36279-608-1
Soldat, avant d’être légionnaire puis mercenaire, Skender rentre traumatisé de toutes ces guerres où il a tué et vu mourir. Impossible pour lui de reprendre la vie tranquille qu’il menait avec sa femme et ses enfants. Sa violence fait peur, il doit quitter le domicile conjugal. Pour aller où ? Chez sa mère, les reproches sont sans fin. La haine est trop grande.
Sans emploi ni maison. Sans raison d’être. Sans vergogne. Il erre dans les bois autour de la ville jusqu’à ce que Max le retrouve. Continuer la lecture →
Au fil d’une saisissante fiction, Jean-Luc Outers nous embarque dans une remontée dans le temps, un vertige mémoriel, direction Sarajevo assiégée, au cœur des combats dans l’ex-Yougoslavie. Invité par Reporters sans frontières à se rendre à Sarajevo en qualité d’écrivain, l’auteur séjourne en 1994 durant une semaine à l’Holiday Inn où sont regroupés les journalistes internationaux. Vingt-cinq ans plus tard, une force irrépressible le pousse à remettre ses pas dans l’année 1994, à se donner rendez-vous avec un pan de passé collectif marqué par la douleur, avec un fragment de passé intime condensé dans le nom d’Anna, une anesthésiste italienne rencontrée dans un hôpital. Continuer la lecture →
Jean-Paul MARTHOZ, En première ligne – Les journalistes au cœur des conflits, Préface de Pierre Hazan, GRIP-Mardaga, 2018, 272 p., 17,90 € / ePub : 14.99 €, ISBN : 978-2-8047-0410-0
Professeur de journalisme dans l’enseignement supérieur et chroniqueur au Soir, Jean-Paul Marthoz est à la fois journaliste de terrain et théoricien d’un métier dont il s’évertue à éclairer la vraie nature, la légitimité et la déontologie. Vaste tâche pour laquelle il enchaîne de nombreux ouvrages dont le dernier explore un sujet bien d’actualité et largement ouvert à la controverse : le rôle du journaliste « en première ligne, au cœur des conflits ». On n’oublie pas les images colportées, par le cinéma en particulier, du « reporter de guerre » dictant son papier gorgé de bruit, de fureur, mais aussi de simples rumeurs ou d’échos incontrôlés de la presse locale, confortablement installé devant son whisky sur la terrasse d’un grand hôtel international, ou celle du baroudeur plus avide de photos choc que soucieux de tenter une analyse réfléchie sur la situation d’ensemble, et dont le seul objectif consiste à « bercer » d’émotions fugaces et lucratives les lecteurs de son journal, éventuellement avec la bénédiction non désintéressée de sa direction. Au-delà de ces clichés, l’auteur élabore une typologie très fine de ces passeurs de l’information, ces yeux et ces voix des guerres, hommes ou femmes, confrontés à des contextes hautement périlleux et souvent d’une telle complexité qu’ils requièrent autant de sens critique et d’impartialité par rapport aux événements que de capacité à évaluer avec lucidité les dangers encourus. Continuer la lecture →
Bertrand MAINDIAUX, Le goût âpre de la poussière afghane, LC éditions, 2016, 214p., 17€, ISBN : 978-2376960034
4 juin 2012. Un avion militaire se pose dans une zone de guerre à Kaboul. À l’intérieur, François Weber, un représentant de l’ONG Secours International Belgique, invité à une conférence de deux jours devant fixer les termes de l’aide internationale après 2014. François est spécialisé en matière d’évaluation et de planification. Il a déjà beaucoup voyagé, mais c’est la première fois qu’il entre dans un territoire pendant un conflit.
Dès sa sortie de l’avion, ça ne rigole pas : les passagers sont escortés, ils reçoivent une avalanche de consignes, un badge obligatoire, une clé de sécurité pour leur tente. François apprend rapidement que le programme a changé : il n’assistera pas au début de la conférence pour rencontrer le chef de mission des Nations Unies afin de l’aider à peaufiner la proposition que ce dernier fera le lendemain. Continuer la lecture →
Anne DEFRAITEUR NICOLEAU, Palace Café, Tamyras, 2016, 250 p., 16 €, ISBN : 978-236086-080-7
Après quinze ans passés en France, Antoine, la trentaine, revient au pays, le Liban qu’il a fui en pleine guerre et qui est maintenant – relativement – pacifié. S’il rentre, c’est avant tout pour essayer de voir clair dans un drame familial qui l’a profondément marqué. Les années passées n’ont pas lézardé la chape de silence et de non-dits qui recouvre l’épisode tragique. En fuyant, Antoine a également abandonné Sarine, son amour de jeunesse ; jamais il ne s’est enquis de ce qu’était devenue la jeune fille. Son absence de réaction est là aussi un mystère qu’il doit résoudre avec lui-même. Continuer la lecture →
Éric CLÉMENS, Penser la guerre ?, CEP, 2017, 153 p., 12 €, ISBN : 978-2-39007-033-7
La guerre ? Voilà bien un « objet » dont on ne fera jamais le tour. Voilà bien une « question » qui alimente d’autant plus nos conversations que, ces temps-ci, on « baigne dedans », dirons-nous, tant, au quotidien, experts en géopolitique et stratégies diverses occupent les ondes médiatiques, nous serinant à tour de bras leur prêchi-prêcha angoissants ou, pour le moins, inquiétants. Continuer la lecture →
Il est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Un temps où presque chaque jeune homme faisait son service militaire. Rossano Rosi, dans Hanska, se souvient de cette époque-là. En 1986, Scuraggio, fils d’immigrés italiens est appelé sous les drapeaux. Il raconte le béret qu’il faut porter, le départ pour la caserne, les chaussures à cirer (avec un bas panty, c’est plus efficace), les ordres du supérieur hiérarchique, et l’ennui, le terrible ennui à en bâiller. Il s’interroge aussi. Si lui fait une guerre pour de faux, quelle fut celle de son père, la vraie, dans les années fascistes de l’Italie ? De quels camps sont les hommes qu’il a peut-être abattus et que contient le cahier toilé qu’il gardait précieusement ? Continuer la lecture →
Luc Baba est loin d’être un novice dans l’art subtil du roman. Depuis un quinzaine d’années, il nous a donné tout autant de volumes et il s’est construit un univers romanesque bien à lui. Tout le monde me manque, paru en 2008, avait marqué une évolution : devenue un rien plus grave, son écriture avait gagné en maturité, incluant davantage la souffrance et la solitude dans des fictions largement dominées par l’onirisme et le merveilleux. Avec Elephant Island, il revisite le monde de l’enfance en replongeant dans l’actualité troublée des années qui ont entouré la première guerre mondiale et l’entre-deux-guerres. Continuer la lecture →
Philippe LAMBERT, Le Collectionneur de soupirs, Neufchâteau, Weyrich, coll. « Plumes du Coq », 2015, 180 p., 14 €/ePub : 9.99 €
Le Collectionneur de soupirs commence par une transgression, un soir de deuil. Le matin, le narrateur a enterré sa mère. Le soir, il a rendez-vous avec des prostituées de luxe ou de bas étage dans une sorte de défi au temps qui passe et à ses morts. Des morts qu’il collectionne comme il collectionne les soupirs orgasmiques des amours tarifés, entre sperme et cyprine. Parmi ses disparus, son père omniprésent et sa passion pour les disques et livres classiques afin de se donner l’illusion de faire entrer « la grande culture » dans ses murs, mais aussi pour les trompe-la-mort oubliés de la Formule 1 de l’entre-deux-guerres. On notera au passage que l’auteur, Philippe Lambert, a publié précédemment un essai intitulé Pilotes de Formule 1 – L’épreuve des hommes (Calmann-Lévy, 1993). Continuer la lecture →
Frédéric SAENEN, Drieu la Rochelle face à son œuvre, Gollion (Suisse), Infolio éditions, 2015, 200 p., 24,90 €
Pierre Drieu la Rochelle fait partie de ces auteurs (à juste raison) dont on ne peut prononcer le nom ou aborder les écrits sans précautions. La polémique sur ses années fascistes, son adhésion au Parti populaire français de Jacques Doriot se ravive régulièrement, comme lors de la sortie, en 2012, du volume de la Pléiade consacré à ses Romans, récits, nouvelles. Toujours, avec les écrivains de la collaboration, la question de la qualité et de la pertinence de l’œuvre se pose de façon plus aiguë que pour les autres. Ainsi, l’on peut se demander si celle de Drieu, depuis longtemps éditée en poche, adaptée au cinéma, a sa place si haut dans le panthéon de la littérature française. Continuer la lecture →
Alain MUNOZ, D’ailleurs, Bruxelles, Habeas Corpus, 2015, 56 p.
Publié chez Habeas Corpus (altercomix), label bruxellois indépendant de bande dessinée fondé par Alain Munoz (voir alainmunoz.blogspot.be), D’ailleurs est une bande dessinée petit format en noir et blanc qui évoque avec pudeur et sensibilité un page douloureuse de l’histoire européenne du XXe siècle. Continuer la lecture →
Six jeunes parcourent la ville à la recherche de l’amour, d’un travail, du bonheur, du plaisir, du réconfort… Chacun à leur tour, par couple ou seul, ils nous racontent leurs déboires sentimentaux, leurs pulsions, leur soif de changement, leur envie de meurtre parfois. Continuer la lecture →
Philippe BEHEYDT, Stéphanie MANGEZ et Emmanuel DE CANDIDO, Exils 1914, Carnières, Lansman, coll. « Théâtre à vif », 2014, 46 p., 10 €
La commémoration de la Grande Guerre met largement l’accent sur les souffrances des combattants et de la population, que ce soit dans les discours officiels, les livres et revues d’histoire, les ouvrages de fiction. On insiste cependant moins sur les « dégâts collatéraux », selon une terminologie héritée d’un autre conflit. Les profonds bouleversements sociaux qu’a entraînés la guerre ont plongé des individus dans des situations où leur destin leur échappait, où par la force des choses ils ont été amenés à faire des choix qu’ils croyaient être les bons et à se retrouver finalement parmi les perdants. On parle ici de situations tristement banales d’individus eux aussi banals. Continuer la lecture →