Alexandra STREEL, Anienda. Et la naissance d’une légende, Rebelle, 2021, 261 p., 17,90 € / ePub : 4,99 €, ISBN : 9782365389617
Nous plongeons dans le tome 3 de cette tétralogie fantastique avec la suite des aventures d’Elwyn et Maïna en plein combat contre les troupes de leur ennemi Yrgalon. Le décès inopiné du héros des deux premiers tomes, Elwyn, provoque dès le début de cet opus un séisme auprès de ses alliés et crée d’entrée de jeu une certaine tension dramatique pour le lecteur.
Les pertes lors du combat ont été nombreuses, la ville de Pholène a été détruite ; ses habitants et certains combattants ont été massacrés. Épuisée par les invocations des êtres de lumière durant la bataille, Maïna perd le sommeil et l’appétit, habitée par une tristesse profonde face à la mort de son ami Elwyn. C’est qu’elle se sent coupable et qu’elle perçoit que le peuple de Neouma se tourne désormais vers elle pour gagner la guerre qui se prépare.
Le but premier des temples dans ce monde était de permettre à toutes les créatures d’évoluer dans leurs compétences […] Un passage dans un temple ne permettait pas nécessairement d’acquérir de nouvelles compétences, parfois il s’agissait simplement de faire le point et de rééquilibrer son esprit. La magie demande beaucoup de force et de concentration mentale. Le sommeil seul ne permet pas à une créature de rester efficace. Elle a besoin de se ressourcer, de faire le vide de temps en temps. C’était à cela que servaient les visites. Mais si la créature n’était pas prête, rien ne se passait. C’est pour cela que la dalle ne bougeait pas. Maïna s’attendait à quelque chose, elle ne pouvait vider son esprit pour être en harmonie avec le temple.
Envahie par la mélancolie des souvenirs heureux et la peur de souffrir à nouveau, Maïna ne se sent pas suffisamment forte pour réaliser la prophétie et sauver la cité d’Anienda. Ses proches la soutiennent du mieux possible, mais le temps presse : les troupes d’Yrgalon s’organisent afin de diviser leurs forces et d’affaiblir l’ennemi dans le but de prendre le pouvoir sur la cité. Les Elniens doivent absolument s’allier avec les Elves et les nains pour assurer leur survie lors du prochain combat…
Dans les deux premiers tomes de son récit, Alexandra Streel déployait son imaginaire foisonnant et alternait les descriptions avec les péripéties. Dans ce volume-ci, nous sentons l’évolution de la plume de l’autrice : elle donne davantage de place à l’atmosphère des batailles et prend le temps d’étoffer les personnages, notamment en décrivant les méandres du deuil de Maïna. Elle prend également le temps de plusieurs flash-backs où nous découvrons les origines des personnages clés de l’histoire, ce qui renforce ipso facto les enjeux du récit.
L’autrice a pris un risque en modifiant le protagoniste des deux premiers tomes et en le transférant sur Maïna. Un pari réussi grâce au travail d’Alexandra Streel sur la structure narrative et le dévoilement du secret des origines de la nouvelle héroïne.
Anienda est une chouette série fantastique où les jeunes de 10 à 12 ans pourront se divertir dans un imaginaire peuplé de créatures magiques, mais également appréhender les ravages de la guerre en plus des idéaux qui se cachent derrière.
La nuit tombait. Ils avaient tenu pendant des heures, la cité était partiellement détruite, les morts couvraient le sol, mais ils avaient réussi. Cependant, c’était loin d’être comme ce que l’on racontait dans les légendes ou dans les histoires : les explosions de joie et les cris de bonheur, les gens se serrant dans leurs bras. En réalité, tous balayaient d’un regard hagard le chaos qui régnait. Neour et les autres descendirent aux portes de la ville. Benth menait les nains et arriva bientôt à leur hauteur. Même eux ne semblaient pas se réjouir de cette victoire tant le paysage qu’ils découvraient était horrible.
Séverine Radoux