
Mirande Lucien
Nous apprenons le décès de Mirande Lucien, spécialiste de l’œuvre de Georges Eekhoud.
Mirande Lucien est décédée par euthanasie ce 13 octobre 2023 à Bruxelles.
Née le 10 décembre 1945 à Mirande (Gers), elle passe ses vingt premières années à Bruxelles et obtient à l’U.C.L. une licence en Philosophie et Lettres. Professeur dans l’enseignement secondaire à Lille et chargée de cours à l’Université Charles-De-Gaulle (Lille III), elle garde pour notre pays un intérêt profond. En témoigne entre autres sa thèse de doctorat sur la vie et l’œuvre de Georges Eekhoud, publiée sous le titre Eekhoud le Rauque (Presses universitaires du Septentrion, 1999). Elle y brosse avec érudition les cadres linguistico-géographique et socio-économique dans lesquels a vécu l’écrivain, proche des penseurs anarchistes, co-fondateur de La Jeune Belgique et dont l’œuvre fut longtemps délaissée par la critique. Elle met en relief son univers fantasmatique et érotique et, pour la première fois, évoque clairement son homosexualité, non pour l’anecdote, mais parce que celle-ci constitue – comme l’avait indiqué Hubert Juin – le moteur secret de la thématique et de l’écriture de l’œuvre.
Sa subtile connaissance de la Belgique de l’époque et ses talents multiples se déploient aussi dans de nombreux articles, préfaces, rééditions et éditions critiques de Georges Eekhoud, parus pour la plupart aux éditions GKC – Question De Genre, parfois avec la collaboration de l’éditeur Patrick Cardon. Citons notamment Le Quadrille du lancier et autres nouvelles (GKC 1992, rééd. 2015), Escal-Vigor (Séguier 1996), la traduction en français du scénario qu’Hugo Claus écrivit à partir de ce même roman (GKC 2002), Une mauvaise rencontre et autres nouvelles d’anarchie (Les âmes d’Atala 2013), Voyous de velours (GKC 2015). L’étude de Georges Eekhoud l’a conduite à travailler l’histoire de l’anarchie et celle du mouvement homosexuel. Elle a aussi écrit sur la vie et l’œuvre d’écrivaines comme Renée Vivien, Lucie Delarue-Mardrus, Marguerite Coppin et Aline Mayrisch.
Ginette Michaux