Faits d’armes d’une brigade porcine

Ludovic MÉLON, La brigade des buses, Calmann-Lévy Noir, coll. « Cosy crime », 2023, 265 p.,14,90 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-702189-84-9

mélon la brigade des busesUn roman qui paraît dans une collection de romans noirs, qui plus est intitulée « Cosy crime » est déjà une manière de se singulariser. De plus, l’éditeur et/ou l’auteur agrémente la couverture de deux phrases qui mettent l’ouvrage sous le parrainage d’Arsène Lupin « De dignes héritiers » et de Vidocq « La meilleure des brigades ». Avec en illustration un cochon grassouillet sous un képi de police. Il ne nous reste plus qu’à aller voir ce qu’il y a sous le capot (ou la couenne) de ce premier roman d’un policier né à Liège, ce qui ne manque pas d’évoquer une autre référence.

La mise en place des personnages ne traîne pas et pourrait annoncer une future série. Il y a Jack Lescrot (pour le coup, le patronyme est un peu bateau), voleur d’objets d’art nommé à la tête de la 10e division de police par un vieil ami et surtout complice, Olivier Larnac (idem ibidem), élu cinq ans plus tôt maire de Maird (Mdr), accompagné de son dogue de Bordeaux, Rufus. Jack débarque donc dans le commissariat situé rue de la… Trique, au-dessus d’un bordel, le… Croque-Madame. Il y prend la tête d’une équipe de bras-cassés : Arthur qui distille de la liqueur de bulot au bureau, Marius un vieux motard africain et William, dit Will, qui a recueilli et élève sur place un cochon prénommé Prosper, sorte de mascotte qui vient compléter le tableau. Si cette brigade est en plein déclin, ce n’est pas pour rien. Leur hiérarchie s’est arrangée pour leur retirer un maximum de moyens depuis que le commissaire précédent est allé fourrer son nez là où il n’aurait pas dû. L’arrivée d’Olivier Larnac au mayorat va changer complètement la donne. Le ton est donné : écriture alerte, décors cradingues, situations cocasses, voire caricaturales, jeux de mots à gogo, personnages dignes d’une série B. On va de surprise en surprise, la dernière étant que le prédécesseur de Jack, le commissaire Beagle, a été assassiné sans que l’on sache sur quel dossier il enquêtait.

Titre du second chapitre : Le maire est un salaud. On ne fait pas dans la dentelle. La situation se corse. Deux rivalités émergent dans la ville : celle entre le nouveau maire et l’ancien, fortuné collectionneur d’une part, celle entre le commissaire Lescrot et son collègue Fox à la tête d’une brigade de haut rang, lequel est défié et nargué par le Rossignol, nom de scène derrière lequel se dissimule notre paire de voleurs atypiques. Un sacré duo pour un seul nom.

S’ensuivent des épisodes plus rocambolesques les uns que les autres avec un trésor médiéval, des poursuites, des braquages, des menaces, des trucidés, des lieux insolites que nous n’allons bien sûr pas divulgâcher ici au risque de sacrifier le premier plaisir de lecture de ce roman policier aux allures de bande dessinée. Un roman où la morale est sauve même si de manière détournée puisqu’on y apprend que : « Finalement, faire le bien, ce n’était pas si difficile. Il suffisait d’être moins honnête que les malhonnêtes. »

Michel Torrekens