Véronique BERGEN, Le cri de la poupée, Marseille, Al Dante, 2015, 241 p., 17 €
Apprivoiser le réel, le transformer est un exercice singulier qui consiste à s’emparer d’une matière biographique informée et à la travailler ensuite selon ses émotions propres sans toutefois négliger les affects extérieurs venus tempérer voire déranger ces transferts. Telle tentative de reconstituer un parcours, de redonner vie à un artiste ou à un écrivain sur lequel on a réuni toute la documentation possible, peut s’enrichir d’un regard personnel quand on s’est attaché au sujet au point de le suivre dans un nouvel itinéraire. Cette fictionnalisation s’apparente au mentir vrai, tant biographie et autographie s’y répondent et se reflètent réciproquement. Véronique Bergen a établi un modèle étonnant et tout personnel, imprimant sa marque à ce genre littéraire, s’attaquant à des personnages a priori énigmatiques ou dont on a diffusé une image clichée et trompeuse. Elle a fait siennes ces évocations inédites de Kaspar Hauser, Louis II de Bavière, ou encore Mylène Farmer et Marilyn Monroe. Voici qu’avec Le cri de la poupée elle dresse un portrait surprenant, vif et complexe d’Unica Zürn, artiste et écrivaine, entre autres compagne de Hans Bellmer, née en 1916 et morte par défenestration en 1970. Continuer la lecture