Ysa CAVALIS, Double Tour, Murmure des soirs, 2015, 188 p., 18€
D’un côté, il y a Violaine Carpentier. Trente ans, même pas cinquante kilos, secrétaire au sein d’une grande boîte, un chat. Non reconnue par son père, faire-valoir de sa mère désaimante. Un viol comme seul passif sexuel. Sa vie ? « Trente ans de tristesse et de malaise indicible à la recherche de mots suffisamment précis pour dépeindre la mélancolie de mes journées passées à me chercher et à comprendre le sens. Le sens d’une vie subie, un peu plus chaque jour, le sens de cette incapacité à sourire pleinement, le sens de cette crispation aigre et amère à l’évocation d’un jour de plus. Une vie à refuser de vivre, vie d’automate, une vie sans mode d’emploi, la vie d’un cadavre articulé par les pulsations cardiaques d’un cœur qui n’en finit pas de saigner. » Invisible aux yeux de sa génitrice Julie/tte (trop occupée à refuser de vieillir et à scruter son reflet dans des pupilles désirantes), de ses collègues et de l’ensemble de l’humanité, Violaine ploie sous le poids de son existence pourtant bien vide, pourtant proche du Néant. Les rares fois où il lui faut faire face à des obligations sociales, elle se documente dans les magazines, visionne des films et laisse traîner ses oreilles dans les cafeterias. Une proie. Continuer la lecture