Émilie GÄBELE
« Quand mon dernier ami est mort… » sont les premiers mots de la pièce Le dernier ami. Depuis juin 2014, ils sonnent d’une autre manière. Éric Durnez, lui qui affectionnait particulièrement le personnage du vagabond, a pris le grand large pour ne plus revenir. Il laisse derrière lui une œuvre considérable et nombre de textes inédits. Le dernier ami est l’un de ses derniers écrits, un texte commandé par son fidèle camarade Thierry Lefèvre et mis en scène en août dernier aux Rencontres de théâtre jeunes publics à Huy. Un hommage de Thierry Lefèvre à son copain chanteur et poète Max Gély, mais aussi aujourd’hui à son ami de toujours, Éric Durnez.
Dans un village, un soir de pluie, arrive un voyageur solitaire. Il cherche un endroit où se reposer. Il frappe à toutes les portes mais elles restent closes. Un petit air de Chanson pour l’Auvergnat de Brassens nous trotte en tête. Tous les habitants lui ferment la porte au nez, excepté un, Sam. Ce vieux loup solitaire habite une grosse demeure surplombant la rivière. Il offre au nouveau venu une tambouille fumante, une bonne rasade de rouge et un lit. Tout est prêt, comme s’il l’attendait depuis toujours. Une certaine complicité silencieuse, simple et imprévue, voit le jour entre les deux hommes. Tous deux connaissent la solitude, la route et aiment la nature et la liberté. Une passion commune pour la poésie les unit. Sam écrit et chante. Ils organisent un concert. Mais personne ne vient, si ce n’est le père Simon avec son vin redoutable. Pourquoi les habitants du patelin évitent-ils Sam ? Quelle sombre histoire cache-t-il ? Peu à peu, le silence fait place aux confidences.
Le dernier ami constitue le troisième volet d’une trilogie autour de l’amitié, après Tam et Voyage intraordinaire. Cette affection jamais ne se formulera. Elle se vit, se découvre au fil des pages. Le narrateur quittera le patelin à la mort de Sam et reprendra la route, le cœur regonflé par l’espoir de l’existence de l’amitié.
Éric Durnez nous offre un récit touchant, poétique, d’une douceur et d’une foi en l’être humain. Avec lui, nous avons envie de croire qu’après la tempête revient toujours l’horizon. Éric Durnez croyait en la vertu des fables. On ne peut rêver plus bel hommage que de continuer à lire et monter ses textes.
Éric Durnez, Le dernier ami, Carnières, Lansman, 2015, 40 p., 10€