L’enfer des vies – des familles

Geneviève DAMAS, Les bonnes manières, Sillery, Septentrion, coll. « Hamac », 2014, 120 p.

damas_romanLe hasard – qui pourtant n’existe pas – me met ces jours-ci entre les mains le petit recueil de nouvelles de Geneviève Damas, Les bonnes manières, version québécoise aux éditions Hamac des mêmes textes publiés chez Luce Wilquin en février 2014 sous le titre Benny, Samy, Lulu et autres nouvelles.

On connaît depuis longtemps Geneviève Damas pour ses talents de dramaturge et de comédienne dans le personnage de Molly et son premier roman Si tu passes la rivière – coup d’essai, coup de maître – a connu la consécration de plusieurs prix littéraires belges et internationaux ainsi que les honneurs de pas mal de traductions.

Les douze nouvelles de ce recueil explorent surtout les liens familiaux, tant il est vrai qu’« il n’y a qu’au sein des familles que l’on se fait ce que l’on ne se permettrait jamais avec des inconnus, ces choses terribles et cruelles, insensées et innommables, qui vous laissent pantelants et démembrés. »

Entre familles déchirées, recomposées, disloquées, entre couples sans complicité, entre parents et enfants, grands ou petits, qui ne font au mieux que vivre en parallèle, Geneviève Damas donne vie à tout un monde, douze microcosmes où chacun se débat dans les filets des frustrations et des regrets, avec plus ou moins de chance de trouver, peut-être, une forme de bonheur.

 Il y a beaucoup d’enfants et de chats dans ces récits, et même un enfant devenu adulte qui souffre davantage de la mort de son chat que de celle de l’homme – « le vieux » – qui lui a imposé son nom mais qui n’a jamais été son père.

Laissez-vous aller à ces douze bonheurs de lecture, petits par la taille des textes mais grands par l’émotion qui s’en dégage, par la qualité irréprochable de l’écriture et par le souvenir persistant que l’un ou l’autre des personnages ne manquera pas de vous laisser.

PS : Pour ce qui est d’apprendre « les  bonnes manières », vous avez rendez-vous avec la famille Zapatti dans la nouvelle « Sabayon »   … et bon appétit pour ce repas de famille mémorable.

Marguerite Roman