Jean VAN HAMME, Mémoires d’écriture, préface de Huguette Marien, Charnay-Lès-Mâcon, Bamboo Éditions, 2015, 112 p.
Près de cinquante années de création, cela vaut bien un bilan. Jean Van Hamme se livre à l’exercice dans ce qu’il appelle son « autobibliographie ».
Dans ce livre qui adopte le format d’une bande dessinée standard, il retrace le chemin qu’il a parcouru depuis ses premières velléités scripturales adolescentes jusqu’à l’apogée d’une carrière qui compte quelques best-sellers. Souvent présenté comme le scénariste au succès assuré, qui réussirait tout ce qu’il entreprend, Jean Van Hamme remet à cet égard les pendules à l’heure. Thorgal, Largo Winch et XIII ne sont que le sommet de l’iceberg. Celui qui est aujourd’hui le Chevalier (il a été anobli en juillet 2015) de la bande dessinée belge a en effet aussi connu échecs, difficultés et insuccès. Et un départ pas tout à fait artistique.
Van Hamme entame la première partie de sa vie professionnelle comme ingénieur commercial. Cadre supérieur dans une multinationale, il rêve d’écrire. Il rencontre Cuvelier, pour qui il écrit son premier scénario. Avec Epoxy, il fait une entrée sulfureuse dans l’univers de la bande dessinée. Il démissionne ensuite, plaque tout pour vivre de sa plume. Roman, scénarios de téléfilms, ce touche à tout envisage une carrière d’écrivain plutôt que de scénariste. Le hasard des rencontres en décidera autrement, notamment celle avec le dessinateur Grzegorz Rosinski, qui fera de lui un auteur incontournable du neuvième art.
Au fil des pages, des anecdotes, des souvenirs, Van Hamme lève le voile sur son parcours et nous réserve quelques surprises. C’est avec plaisir qu’on y croise d’autres grands noms de la bande dessinée qu’il a croisés au cours de sa longue carrière. L’ouvrage, abondamment illustré et documenté, est enrichi de photographies, reproductions de planches, manuscrits ou dessins non publiés que lui ont offerts ses amis illustrateurs. Le ton est direct, car Van Hamme est du genre à aller droit au but. Et s’il s’épanche volontiers sur ses mésaventures professionnelles, c’est avec pudeur qu’il n’évoque sa vie personnelle que dans les grandes lignes.
À travers le parcours d’un des noms les plus en vue du neuvième art, cet album offre un intéressant regard sur la bande dessinée franco-belge, des années soixante à nos jours. Il ravira donc les amateurs du genre, curieux de jeter un coup d’œil dans les coulisses.
Fanny DESCHAMPS