Olivier VANDERAA, Abreuvements nécessaires, M.E.O., 2015, 70 p.
Sur la couverture, un imposant menhir sur lequel un couple pose, nu. Un intense brouillard enveloppe la campagne avoisinante qui met en évidence l’énigmatique titre de ce recueil : Abreuvements nécessaires, accompagné du sous-titre : poèmes. Une indication générique qui trouble davantage qu’elle informe.
En effet, la lecture des premiers vers nous laisse quelque peu sceptique : est-ce vraiment des poèmes, ces bribes de textes alignées verticalement ? L’auteur, Olivier Vanderaa, est un homme de son temps et sa poésie est celle des poètes contemporains, exempte de structures formelles strictes ou de figures poétiques classiques :
Lilas / porte du printemps constitué / en scénario d’attente / sur mon attirail / de guerrier impeccable / ma crête en bleu / j’entraîne le courant / je refais ma gamme / je peaufine mon couloir mon accès / j’éloigne l’ombre au passage
Aussi voit-on que la poétique d’Olivier Vanderaa reste très proche de l’oralité de laquelle elle est née car l’artiste est avant tout un « poète slameur », un homme de la scène. Ce faisant, sa poésie est un hymne au langage, celui de la littérature, mais aussi du quotidien. Un langage simple, direct, sans fioritures aucunes.
Mais de quoi parle-t-elle cette poésie ? Les thématiques se livrent, pages après pages, avec beaucoup de rythme : l’amour, la vie, le quotidien, la tristesse. Rien de très original, mais l’intérêt du recueil n’est pas là. Pour Olivier Vanderaa, le sujet de ce premier recueil n’est pas tant, nous semble-t-il, de raconter ou d’écrire, mais davantage d’exprimer, de dire, en tentant d’échapper à un piège souvent très problématique pour les slameurs : rendre à l’écrit la magie de l’oralité. Or, indéniablement, la lecture silencieuse et solidaire de ce recueil nous emporte, vers la scène, vers la foule.
À lire Olivier Vanderaa, on le voit devant un public, lisant debout, un micro comme simple accessoire. Abreuvements nécessaires est un recueil qui conduit vers la scène mais aussi qui s’en éloigne. N’est-ce pas finalement ce qu’on attendrait d’un recueil d’un poète-slameur ?
Primaëlle Vertenoeil