Oscar et les oiseaux

Françoise HOUDART, Retour à Domme, Luce Wilquin, 2016, 176 p., 17 €/ePub : 11.99 €, ISBN : 978-2-88253-519-1

519blogSur la couverture de Retour à Domme, le dix-septième roman de Françoise Houdart, un rouge-gorge, à même la terre. Sans vie. Comme celui de l’enfance d’Oscar, fracassé contre la baie vitrée de la véranda, dans le jardin de sa grand-mère adorée. Comme la palombe bousillée par son pare-brise, trente étés plus tard, sur une route de traverse du Périgord. Où, à ce qu’il pensait, il roulait sans destination. Jusqu’au moment du choc, de la perte de connaissance et du réveil dans un lieu inconnu. Françoise Houdart, en romancière chevronnée, va jouer avec les fils invisibles qui ont conduit Oscar à son in-su, les rendre sensibles, les couper, les mêler et les démêler, en tisser d’autres entre le passé, le présent et l’avenir, entre les lieux aussi : un jardin en Belgique, un hameau de la vallée de la Dordogne – La Renardière – où ne vivent plus que Jeanloup et Emilia, un couple de retraités attachants, une maison de curé, le Belvédère de Domme où avait été prise la photo de Mamie, la grand-mère d’Oscar, avec sa broche en forme d’oiseau sertie d’un rubis. De qui l’avait-elle reçue ? Où est-elle aujourd’hui ? Oscar va mener l’enquête, partir à la rencontre des amours secrètes de sa grand-mère, à la recherche de l’oiseau qu’elle avait épinglé à son corsage. Cette enquête, qu’il va mener avec Jeanloup et Emilia, Alex, le fils du cousin Marcel et Jacquou, guide touristique qui en sait autant sur les êtres que sur la région est aussi (avant tout ?) une quête personnelle, la métamorphose d’un solitaire maniaque immariable en un être accompli et généreux.

Tous ces oiseaux morts en entrée de roman auraient pu laisser supposer un texte triste, mélancolique. Que du contraire. De la mort, du passé enfoui vont naître la vie, la renaissance d’un homme et d’un lieu abandonné. Le plaisir et les jours heureux. Et ce, raconter à la façon chaleureuse de Françoise Houdart, qui sait inventer des histoires, articuler les pièces disparates des puzzles, imaginer des rencontres improbables et fécondes, enchevêtrer vérité et fantasmes, rêves et éveil. Qui sait dire le goût des belles choses, de la bonne chère. L’amitié, l’amour et l’humanité. Et si tout cela est trop beau pour être vrai, laissons nous emporter car de nos songes naîtra, peut-être, le meilleur de nous-mêmes.

Michel ZUMKIR