Le prix des lycéens de littérature a livré son verdict ce mercredi 8 mai, au cinéma Palace. Pour cette édition, les 2.300 élèves de 5e et 6e secondaires, représentant une cinquantaine d’écoles de Bruxelles et de Wallonie, ont dû choisir leur lauréat, parmi les 5 romans d’écrivains belges qui leur étaient soumis. Le prix des Lycéens revient à Michel Claise, mais les autres finalistes n’ont pas été oubliés. Continuer la lecture →
Michel CLAISE, La porte des lions, Luce Wilquin, 2018, 276 p., 20 €, ISBN : 9782882535511
Heureux qui comme Schliemann, fit de – très – nombreux voyages et surtout de multiples découvertes qui révolutionnèrent l’archéologie. Voici, grossièrement résumé, le sujet du neuvième livre publié par Michel Claise, indéfectiblement fidèle aux éditions Luce Wilquin.
Mais qui fut cet Heinrich Schliemann, né en Allemagne en 1822 ? Une préface nous explique d’emblée d’où vient le titre du roman, La porte des lions, et le destin exceptionnel de cet homme parti de quasi rien, qui fit fortune dans des affaires multiples en pleine ruée vers l’or américain ou dans la Russie des tsars, après des années d’errance et de misère à Hambourg et Amsterdam. Dès l’entame du récit, Claise s’attache à montrer que les grandes passions trouvent leur source dans l’enfance et, singulièrement en ce qui concerne Heinrich Schliemann, dans les récits que lui faisait son père pasteur à partir de L’Iliade. Il se passionna pour les civilisations anciennes et les langues au point d’en parler près de vingt (!), s’inscrivit sur le tard à la Sorbonne, réussit avec succès une thèse et resta dans l’Histoire comme le découvreur de la ville de Troie ainsi que les trésors de Mycènes. Une préface dont il eût été préférable à nos yeux de faire l’économie car elle nous fruste du plaisir de la découverte précisément. Continuer la lecture →
Le prix Gauchez-Philippot était cette année consacré aux romans et recueils de nouvelles. Il couronne Daniel Charneux pour son roman Si près de l’aurore, qui succède au palmarès à Werner Lambersy.Continuer la lecture →
Aliénor DEBROCQ, Le tiers sauvage, Luce Wilquin, 2018, 320p., 21 €, ISBN : 978-2882535528
Après deux recueils de nouvelles chez Quadrature (Cruise Control en 2013, À voie basse en 2017), Aliénor Debrocq se lance avec Le tiers sauvage dans le temps long et de nouvelles eaux, n’hésitant pas à éclabousser quelques-unes de nos certitudes.Continuer la lecture →
Isabelle BARY, Les dix-sept valises, Luce Wilquin, 2018, 190 p., 19€, ISBN : 978-2-88253-550-4
Mathilde, une journaliste pour un magazine belge, rejoint au Maroc son amie Alicia Zitouni, qu’elle a rencontrée un an plus tôt lors d’un reportage. Ces deux-là ont accroché tout de suite malgré leurs différences : Mathilde est une petite bourgeoise cartésienne coincée par la loi du marché professionnel, tandis qu’Alicia est une cheffe cuisinière lumineuse au passé chaotique, mais qui voit le beau partout. Le prétexte de ces retrouvailles est la notoriété grandissante d’Alicia, qui accepte un article sur elle, uniquement s’il est rédigé par son amie Mathilde, car la machine médiatique la broie un peu trop à son goût. Besoin de bienveillance oblige… Continuer la lecture →
Michelle FOUREZ, Elisabeth, en hiver, Luce Wilquin, coll. « Sméraldine », 2018, 114 p., 12 €, ISBN : 978-2-88253-545-0
Depuis quelques romans déjà (Une famille, Adrienne ne m’a pas écrit…), Michelle Fourez semble s’être donné une ligne d’écriture (comme on dit une ligne de conduite) : explorer la psyché, le quotidien, les humeurs, les relations des femmes qui ont pour compagne la solitude. Des femmes, seules peut-être, seules mais pas exclusivement ; des femmes du côté de la vie. Sans se cacher de ses ratages, de ses douleurs et de ses duretés. Continuer la lecture →
Françoise PIRART, Seuls les échos de nos pas, Luce Wilquin, 2018, 208 p., 19€, ISBN : 978-2-88253-547-4
Disparaître sans laisser de traces est sans doute un art aussi subtil que celui du crime parfait. Les deux réclament une méticulosité à toute épreuve et surtout une discrétion absolue. Continuer la lecture →
Daniel CHARNEUX, Si près de l’aurore, Luce Wilquin, 2018, 342 p., 22 €, ISBN : 978-2-88253-546-7
Sans doute est-ce l’effet d’une influence réciproque, mais l’Histoire semble connaître auprès du public un notable regain de faveur tant au travers de la littérature que des médias. Ainsi de nombreuses séries télévisées à caractère historique exploitent-elles, avec gourmandise et succès, des fonds littéraires anciens ou récents. Avec des choix plus marqués pour certains territoires et certaines époques. C’est certes le cas pour l’Angleterre et particulièrement pour l’époque des Tudor qui a inspiré de nombreuses réalisations comme la série Wolf Hall par exemple, adaptée de deux romans d’Hilary Mantel et axée plus particulièrement sur la personne de Cromwell. Ce pourrait aussi bien être le cas pour Si près de l’aurore, le roman historique de Daniel Charneux dont l’héroïne n’est autre que Jane Grey, petite fille de Mary Tudor et d’Henry VIII, dont le jeu des successions fit une reine éphémère, à l’âge de seize ans. Zélatrice sincère et inconditionnelle de la nouvelle religion anglicane, elle allait, après un règne éclair de neuf jours, se voir supplantée et vouée à la hache du bourreau par sa tante, la très catholique reine Mary 1re dite « la Sanglante », fille d’Henry VIII et de Catherine d’Aragon, future épouse aussi de Philippe II d’Espagne. Continuer la lecture →
Françoise HOUDART, Dieu le potier et quelques autres, Luce Wilquin, 2018, 176 p., 17€, ISBN : 978-2-88253-544-3
Au commencement du monde était la glaise, et celle dont Françoise Houdart façonne ce recueil est ample, souple et constellée de grains incongrus, d’éclats qui grattent l’œil et la paume. Dans La lune dans le cagibi, une blanchisseuse depuis des lustres en concubinage avec un accidenté laisse enfin entrer la télévision dans sa demeure modeste et c’est une véritable révolution: « Insensiblement, l’axe de rotation de la planète Zénaïde s’était incliné vers l’astre en bakélite et les conséquences climatiques internes n’avaient pas tardé à se manifester. » Au premier matin de sa nouvelle vie, une toute jeune épousée découvre une bouteille de lait sur le seuil, sans savoir quelles conséquences suries ruisselleront de ce simple objet apparu sans que personne ne semble l’avoir déposé. La Vieille qui fut jadis Mouya et somnole désormais dans son veuvage transforme les « Bonjour ! » que le voisinage lui délivre du bout des lèvres en un monde mouvant, où il lui est encore permis de rêver à son joueur de crosse, désormais figé sous la vitre du temps. À la tombée de l’âge, Rémi choisit de s’immerger au tréfonds dans cet étang qu’il a tant contemplé en quête d’apparitions et de réponses. Continuer la lecture →
Sarah BERTI, Avant les tournesols, Luce Wilquin, 2018, 305 p., 21 €, ISBN : 978-2-88253-541-2
Sarah Berti n’en est pas à son premier polar au sein d’une œuvre littéraire par ailleurs abondante, mais la Rebecquoise consent cette fois une infidélité à son terroir brabançon ainsi qu’à Tiziana Dallavera, l’enquêtrice favorite qui partage ses propres origines transalpines. Nous voila donc dans la région de Mons, à affronter la haine majuscule et inaltérable de Smeralda – jeune femme d’une petite vingtaine d’années – envers Antoine Jankovic, l’homme qui, en 2003, a été reconnu comme l’assassin de sa mère, Madeleine Auriol (alias Lena Orioles). Une mère artiste, pleine d’originalité, de sensualité et de joie de vivre, admiratrice inconditionnelle de Vincent Van Gogh dont elle entretenait religieusement la mémoire en tant que guide de la ville de Mons. L’affaire s’était avérée d’autant plus claire et vite résolue que l’arme du crime – une statuette – allait être retrouvée dans le jardin de Jankovic qui lui-même reconnaîtrait sa culpabilité ainsi que son mobile : le refus de Lena de poursuivre leur liaison malgré ses supplications. Et voila que quinze ans plus tard, coup de tonnerre, un témoignage venu d’ailleurs semble innocenter Jankovic… Continuer la lecture →
Françoise HOUDART, Éclipse, Luce Wilquin, coll. « Sméraldine », 2017, 176 p., 17 €, ISBN : 978-2882535368
Le titre du dix-huitième livre de Françoise Houdart aux Éditions Luce Wilquin, Éclipse, peut paraître commun, de prime abord. Pourtant, au fil des lignes, il déploie sa richesse symbolique et polysémique. Se nourrit de l’investigation sur la vie (intérieure) de Mado Simoni, femme ordinaire, évaporée sans donner d’explications, une nuit de conjonction astrale sidérante, dite de « lune rouge » ou « lune de sang ». Cette disparition confronte Sacha, le compagnon de Mado, à d’infinies questions, le plonge dans les affres de la douleur, de la déraison (qui est fièvre et non folie) ; le met face à une évidence, dévorante : sa femme est une inconnue pour lui. Que sait-il d’elle ? De ses abîmes ? Et surtout : qu’en ignore-t-il ? Continuer la lecture →
Michel CLAISE, Cobre (Cuivre), Luce Wilquin, 2017, 258 p., 20€ / ePub : 13.99€, ISBN : 9782882535375
Santiago, 11 septembre 1973. La soldatesque de Pinochet investit le palais de la Moneda où le Président Allende vient de se suicider. Cette page parmi les plus noires de l’Histoire du Chili marque le début du nouveau roman de Michel Claise. C’est aussi pour Jorge Correa, un jeune attaché de presse protégé par Allende, le point de départ d’une odyssée initiatique à plus d’un égard. Continuer la lecture →
Éric BRUCHER, Le jour est aussi une colère blanche, Luce Wilquin, 2017, 144 p., 15€, ISBN : 978-2882535399
Quand il arrive en ville, le gang de Wolf (Lazlo, Parker, Hichie, Ginger, Markus, Zacharie) – corps mouvant des premières nouvelles du recueil et un des points de jonction avec La blancheur des étoiles, roman paru en 2014 – voudrait que les gens changent de trottoir. Que dégagent les bien-pensants, les moutons bêlant davantage qu’ils ne cogitent, les chiens qui vous cantonnent dans les cases établies ou tous ceux qui n’amènent pas leur graine de ras-le-bol à l’incandescence. Eux se muent en personnages (anti-) héroïques, chavirés – dans une langue tantôt extrêmement lyrique, tantôt cherchant à coller au plus près à leur bitume et à leurs saccades quasi fauves – et commettent leur lot d’incivilités et de graffitis rougeoyants pour faire frémir et réveiller le passant lambda anesthésié dans son confort confit. Live fast and die young est un slogan qui pourrait s’encrer sur leur peau. Jusqu’à ce que ce motto véloce et fiévreux devienne prophétique pour l’un d’entre eux. Continuer la lecture →
Isolé dans son Massif central, Vincent épouse le rythme de son jardin qu’il bine, sarcle, désherbe, et de ses lectures qui lui nourrissent l’esprit. Cette incarnation de la Pleine Conscience mène une existence de célibataire aussi sereine que satisfaisante : « Et du matin au soir, sans urgence et sans chagrin, il regardait la vie se faire et se défaire entre feuilles de romans et lignes de salades. » Jusqu’à ce que Mélanie soit parachutée dans ce coin à l’air immobile. Elle lui parlera alors du « nom des courants d’air » et lui décrira avec force évocations les Tamboen, Willy-Willy, Foehn, Haboobs, Freemantle Doctor, Chinook, Karaburan, Barber, Piterac et autres vents grisants. Elle lui insufflera l’envie « d’ouvrir ses poumons aux souffles du vaste monde ». Reste à savoir si un coup de fléchettes pourra ou non abolir le hasard… Continuer la lecture →
Aurelia Jane LEE, Un endroit d’où partir, 3. Une lettre et un cheval, Luce Wilquin, coll. « Sméraldine », 2017, 344 p., 22 €/ ePub : 14.99 €, ISBN : 978-2-88253-531-3
Avec Une lettre et un cheval s’achève la trilogie Un endroit d’où partir. Juan, bébé trouvé au porche d’un couvent, élevé par une religieuse, vit une enfance et une adolescence faite de départs brusques et d’abandon des femmes qu’il a aimées et qui l’ont aimé. Il est maintenant un adulte accompli, mais toujours hésitant sur ce qu’il a à faire et conscient des souffrances qu’il a provoquées. Lui qui est si souvent parti, le plus souvent sans prévenir, envisage de revenir. Mais revenir où, puisqu’il est parti de tant de lieux différents ?