Lyndia ROVEDA, Bobby, Éditions Traverse, 2016, 120 p., 10€
Sophie a une bien morne existence. Elle qui rêve de devenir hôtesse de l’air échoue aux examens. Elle n’a pas d’autre ambition, aucun amoureux ni aucun ami. Tout semble vouer à l’échec. Pendant un instant, elle pense qu’un petit boulot à l’aéroport pourra la consoler. Mais rien n’y fait, le vague à l’âme est à sa porte. Ses défaites, ses désillusions, la solitude et un mal-être profond la font descendre au fond du gouffre. Elle ne veut plus remonter et s’enferme chez elle. Le noir et le vide l’entourent. Par peur de sauter définitivement dans cet abîme, elle décide de consulter un psy, Arnold Lebowski, qui lui conseille de réapprendre à socialiser et de commencer cet apprentissage en prenant un animal de compagnie.
C’est alors que Bobby, une tortue de Floride, fait son apparition dans la vie de Sophie. Ce petit être l’empêche de faire de trop longues apnées dans son gouffre. Le contact n’est pas simple et la bête ne se laisse pas facilement apprivoiser. Elle essaie tant bien que mal de contenter l’animal qui grandit de jour en jour : des crevettes en abondance, un nouvel et plus grand aquarium, de la décoration et puis surtout une compagne, Daisy. Car un Bobby sans sa Bobette, ça ne tient pas longtemps. En effet, Bobby se met à souffrir de solitude à son tour, alors que Sophie va de mieux en mieux et qu’elle fréquente un de ses anciens collègues de l’aéroport. Bobby et Daisy s’apprivoisent peu à peu, mais la relation entre les anciens collègues semble rapidement avortée. Sophie se trouve enfin un objectif : partir en Floride. Mais pour ce beau projet, il faut de l’argent. Elle se trouve un petit boulot dans un centre aqualudique. Les problèmes, comme à son habitude, ne tardent pas à arriver. Sophie parviendra-t-elle à réaliser l’un de ses rêves ou la vie restera-t-elle continuellement sombre ? Une cohabitation entre ces êtres si différents est-elle encore possible ?
Ce premier roman de Lyndia Roveda met en scène, sans une quelconque condescendance, les difficultés relationnelles que peuvent rencontrer certaines personnes. Sophie symbolise cette jeune génération qui ne trouve ni boulot ni amour, qui rêve de choses simples ou insensées et tombe chaque jour un peu plus au fond du gouffre. Pour paraphraser Dante, cité en exergue du roman, en quittant le droit chemin, on se retrouve rapidement dans une forêt obscure. Si la malchance accompagne ce cocktail explosif, une issue favorable semble peu probable. Mais peut-être ne faut-il pas être trop exigeant et se contenter de ce que l’on a…
Émilie GÄBELE