Déchiffrer le passé pour comprendre le présent

Jean-Louis AERTS, Un siècle de mensonges, édition 180°, 379 p., 19€

La vie nest quun gigantesque jeu de merde! Un jeu où tout le monde perd, certains un peu moins vite que dautres! 

aertsSi la vie s’apparente à un jeu, nous ne savons pas à quelle catégorie elle appartient : jeu de hasard ou jeu de rôles ? Avançons-nous dans la vie selon nos propres décisions, guidés par le hasard, tels des  pions qui se déplacent sur un jeu au rythme des dés lancés ? Ou sommes-nous simplement les acteurs d’un récit écrit d’avance?

Ces questions existentielles, nous nous les sommes tous déjà posées. Elles refont surface dans Un siècle de mensonges de Jean-Louis Aerts.

Nous y sommes confrontés à travers le personnage de Marylou Voinet, une journaliste-reporter belge de 33 ans. Au début des années 2000, les technologies numériques commencent à prendre de l’ampleur et menacent son travail au sein d’une rédaction. Pour échapper à un licenciement probable, elle accepte l’offre d’emploi d’un vieil homme américain fortuné.  Il souhaite qu’elle lui écrive sa biographie en échange d’un salaire démesuré et alléchant. Elle se rend rapidement compte que le salaire est finalement à la hauteur de l’épreuve. Mais il est trop tard pour reculer. Le  jeu a déjà commencé.

Son enquête l’obligera à remonter le passé jusqu’en 1907 à la découverte de destins brisés qui la ramènent à ses propres racines dont elle ignorait l’existence. Elle se rend alors compte que toute son existence n’est qu’une supercherie planifiée minutieusement depuis sa plus tendre enfance. Cela   marque le début d’un combat hasardeux entre deux descendances qui n’en formeront plus qu’une.

Dès la première page, Jean-Louis Aerts nous tient en haleine par le biais d’un jeu de piste littéraire auquel on prend plaisir à jouer. Entre New-York, Bruxelles et Syracuse, entre passé et présent, l’auteur nous balade au fil des pages où il a parsemé une série d’indices cachés à déchiffrer. On tente de les relier entre eux, en osmose avec l’héroïne à laquelle on s’identifie.

Jean-Louis Aerts a pris soin de nous donner une marge d’avance sur Marylou : le présent dans lequel elle évolue constitue notre passé proche. Si on connait les évènements marquants de ce début de XXIe siècle, on ne peut toutefois prédire l’issue de l’histoire. Cela nous dote d’un sentiment paradoxal à la fois de puissance et d’impuissance qui rend le jeu plus enthousiasmant encore.

Dans un récit dynamique où chaque phrase a son importance, pas d’autre choix que d’avancer mot à mot jusqu’au dénouement qui se révèlera machiavélique, déconcertant et bluffant.

Avec un roman situé entre récit de vie, enquête policière et thriller psychologique et un final autant déroutant que surprenant, l’auteur signe un premier roman brillant.

Mélissa RIGOT