Chasse, pêche et libido débridée au mésolithique

Eva KAVIAN, L’homme que les chiens aimaient, Onlit, 2016, 130 p, 14 €/ePub : 6.99 €   ISBN : 978-2-87560-084-4

kavian-onlitQuand Galère apprend qu’il a perdu son travail, il est sonné. Normal. Le temps d’emballer ses affaires et le voilà parti. Cherchera-t-il à trouver un autre job ? Non, Galère préfère s’adonner aux joies du voyage et du chômage longue durée. C’est que, en cette fin de période mésolithique, les espaces à découvrir sont vastes. En l’absence de carte topographique ou de GPS, notre préhistorique protagoniste suit les cours d’eau et développe son sens de l’orientation.

Dans ce désopilant roman d’Eva Kavian, présenté assez justement par l’éditeur comme un « « road-movie » hilarant à la sauce mésolithique », le lecteur, avide d’en savoir plus à propos de certaines découvertes archéologiques majeures, suit le parcours d’un homo sapiens d’exception dont l’ADN doit se retrouver chez un bon nombre d’individus d’origine européenne. Il faut dire qu’il y a 10.000 ans, alors que l’instinct de reproduction est à son climax et que les tabous sexuels induits par les religions n’ont pas encore été inventés, il règne une légèreté des mœurs qui pousse la romancière à décrire, sans fausse pudeur, une « période de l’Histoire où le sexe est simple, joyeux, exploratoire. »

Tout en semant son code génétique du bassin Sambre et Meuse à la Méditerranée, Galère se révèle être un précurseur. Cet homme, aussi inventif que sensible, se révèle plus dégourdi que la plupart de ses pairs quand il s’agit de trouver des solutions aux problèmes les plus courants. Son sens du pragmatisme l’amènera à inventer l’agriculture et la gestion de groupe. L’amour du beau le poussera à réaliser des fresques, quelques statues, ainsi qu’à améliorer la décoration de son intérieur lorsqu’il se sédentarise.

Eva Kavian est une auteure qui touche à tous les genres, écrit pour tous les âges et anime des ateliers d’écriture. Dans ce roman où la lecture au premier degré est absolument impossible, elle s’essaie à la comédie post-période glaciaire. On la devine s’être beaucoup amusée à imaginer l’aube de l’humanité, l’origine de notre organisation sociétale et de notre relation avec nos meilleurs amis, les chiens.

Voilà un livre résolument décalé, construit sur une constante mise en parallèle avec les inventions les plus modernes qui font notre vie. Le résultat est d’une drôlerie contagieuse. Un roman qui ravira les amateurs de chasse et de pêche, et les amoureux des chiens (Galère se liant au cours de son existence avec d’attachants canidés) et ceux que les scènes les plus crues n’effraieront pas.

Fanny Deschamps

Eva Kavian lit un extrait de Les hommes que les chiens aimaient sur Sonalitté