Axel CORNIL, Jean Jean, Lansman Éditeur, 2016, 44 p., 10€ ISBN : 978-2-8071-0119-7
Prénom : Jean. Nom : Jean… (non, ce n’est pas une blague). Âge : adolescent. Profession : élève du secondaire. Statut : célibataire. Traits particuliers : n’attire que l’indifférence.
Jean Jean mène une vie bien morne où l’ennui est roi. Personne ne le regarde, personne ne le remarque, même ses professeurs. Pour tenter d’attirer l’attention des autres, il change de vêtements à chaque récréation, mais rien n’y fait : il reste totalement transparent, si ce n’est auprès de Claire, la fille la plus énervée de l’école, avec qui il passe une partie de ses récréations, et Arthur, le-mec-le-plus-cool-de-l’école, en outre son voisin avec qui il fait le trajet retour chaque jour. Jean Jean rêve d’une vie plus trépidante, à l’image d’un scénario de film hollywoodien. Il aimerait que ses parents soient moins conciliants, qu’il y ait des cris et des larmes comme chez ses amis. Arthur vit seul avec sa mère depuis que son Grec de père a foutu le temps, ce qui lui vaut de manger de la moussaka tous les soirs. Claire vit avec son père qui ramène trop souvent à son goût de nouvelles copines. Quant à la mère de celle-ci, on apprend qu’elle avait la main lourde. Résultat des courses : sont-ils réellement plus heureux ? Jean Jean ne se rend pas compte que son existence n’est pas aussi pourrie qu’il le dit et qu’il lui suffirait peut-être d’être un peu moins centré sur sa propre personne. Pour devenir populaire et un mec « cool » – mot qui, soit dit en passant, est devenu totalement has been -, le jeune homme profite de l’absence de ses parents et organise une fête, « THE JEAN JEAN’S PARTY ». Parviendra-t-il enfin à obtenir la reconnaissance qu’il convoite ?
Cette pièce d’Axel Cornil nous plonge dans les affres de l’adolescence, cette période, bien souvent ingrate, au cours de laquelle on essaie de devenir quelqu’un, d’exister à travers le regard des autres. Axel Cornil a mis sa plume au service de la jeune compagnie Trou de Ver. Le texte est issu d’ateliers sur le mythe de Narcisse menés au sein d’une école secondaire. Le résultat s’éloigne du mythe et touche davantage au questionnement identitaire. L’écriture est très rythmée, à l’image des lieux qui défilent, et reflète cet esprit adolescent, vif et intrépide.
Émilie Gäbele